Quarante ans après la création des JIOI, le beach volley a vécu son grand baptême du feu aux Jeux des Îles. Un instant émouvant.

Avec toutes les îles paradisiaques qui la composent dans l’océan Indien, on s’étonnerait presque que le beach volley n’ait pas eu sa place bien plus tôt aux JIOI. Discipline olympique depuis les JO d’Atlanta 96, elle a attendu plus de vingt ans avant de faire son apparition au programme. Et l’écrin de Mont-Choisy a été le théâtre d’un magnifique baptême, samedi dans une Beach Arena où l’on a pu avoir un aperçu plus précis du niveau pratiqué dans la zone. Avec de belles surprises à l’arrivée…

Mis à part les Seychellois, qui semblent plus prompts à utiliser leurs plages pour des gueuletons en famille que pour s’adonner au sport de Karch Kiraly, les quatre autres nations réunies pratiquent un beach de qualité. Avec de belles oppositions de style. Lors de cette matinée inaugurale, sur la côte nord de l’île Maurice, le public est encore limité à sa portion congrue. Une maigre affluence somme toute assez logique, les beacheurs mauriciens ne faisant leur apparition que dans l’après-midi. Mais sur les deux terrains centraux, on assiste aux premiers échanges de l’histoire.

Le match opposant les Maldives aux Comores, étiquette ô combien exotique sur le papier, est un régal pour les pupilles. Assez tranchants à la chauffe, les deux piments maldiviens, pourtant pas épais, impressionnent par leur temps de suspension dans les airs. Possédant visiblement une vraie culture beach, dont une technique du « cobra » parfaitement maîtrisée, ils partent avec la faveur des pronostics avant que l’affrontement ne démarre. Mais face à eux, les Comoriens ne lâchent rien. Karim et son pote, qui habitent le seul village de l’archipel disposant d’un filet permanent sur la plage, ne sont pas venus à Maurice juste pour compter les points. Et ils le prouvent avec brio en finissant pas empocher la mise au tie-break. À l’énergie.

« Alé Moris »

Sur le terrain d’à côté, La Réunion, avec son jeu à l’européenne, affiche d’emblée ses ambitions. Face à des Seychellois multipliant les fautes, Axel Fierval, Simon Frangeul et les frères Guermeur montrent eux aussi qu’ils n’ont pas fait le déplacement pour rien. Côté réunionnais, les gestes sont appliqués et le « side out » est de mise. Dans un sport aussi exigeant techniquement que peut l’être le beach volley, les « Coulet Boys » démontrent que les heures de préparation infinies pour parvenir jusqu’au jour J portent leurs fruits. Propres et appliqués, les beacheurs 974 ne font qu’une bouchée des Seychellois, expédiés aussi rapidement qu’un dholl puri à dix roupies.

Vient alors le moment que tout un peuple attend avec l’entrée en scène des deux doublettes mauriciennes. Les gradins sont méconnaissables. Du désert des Tartares, on vient de passer en un éclair à Calcutta un jour de marché. Les drapeaux quadricolores ont envahi les lieux en quelques minutes à peine et une foule compacte s’est massée aux abords du central pour soutenir ses héros. Dès le premier point du match face à des Comoriens un peu émoussés, suite au duel au couteau livré en matinée, on comprend tout de suite ce que ferveur nationale veut dire. La première mine d’Eric Louise est suivie d’un vacarme étourdissant. Les « Alé Moris » ne s’arrêteront pas un seul instant jusqu’au terme des deux rencontres qui s’enchaînent dans ce tournoi par équipes. À l’arrivée, Maurice l’emporte quatre sets à zéro. Gilbert Alfred, pierre angulaire du volley mauricien depuis des décennies, en profite pour prendre un premier bain de foule qui en appelle certainement d’autres.

Le beach est né, et bien né, sur la côte nord mauricienne. La Réunion et l’île Maurice se sont déjà donné rendez-vous pour une finale qui s’annonce épicée à souhait. Que les meilleurs gagnent…

Ravanne LEGENTIL
Photos: Tonio Baracchini

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