La présidente du comité régional olympique et sportif Monique Cathala n’est pas surprise par la 3e place de La Réunion aux Jeux des îles à Maurice, eu égard aux moyens très limités mis en œuvre. Interview…

Avec 45 médailles d’or pour un total de 171 médailles, La Réunion, pour la première fois de l’histoire des Jeux des îles, n’a pointé qu’en troisième position au tableau final, derrière Maurice (92 or et 221 total) et Madagascar (48 or et 127 total). Cruelle déconvenue qui s’explique à la fois par le degré de préparation des athlètes de l’île Sœur et, à l’inverse, par les nombreux « trous d’air » réunionnais dans bon nombre de disciplines. Retour en détail (sans détour) et perspectives d’avenir (assez sombres) avec Monique Cathala, présidente du comité régional olympique et sportif, qui remettra son mandat en jeu quelques semaines avant Tokyo 2020.

Monique Cathala, quelle est votre analyse de la performance globale des athlètes réunionnais lors de ces Xes Jeux des îles ?

Evidemment, on peut se montrer déçu au vu des résultats mais ce n’était pas la douche froide. Etant donné le retard pris dans notre préparation et l’implication incroyable des Mauriciens, on ne pouvait pas s’attendre à beaucoup plus…

Discipline par discipline, est-on en droit de se dire qu’on pouvait réellement faire mieux, au moins dépasser Madagascar ?

Il nous a manqué quelques athlètes dans les épreuves d’athlétisme. Il est logique qu’ils privilégient des championnats d’Europe, par exemple, plutôt que les Jeux des îles. Ensuite, la bascule s’est faite sur l’haltérophilie où on se contente de l’argent et du bronze alors que Madagascar remporte beaucoup de médailles d’or. Le reste, on le savait plus ou moins. Enfin, la médaille d’or du football restera à jamais gravée dans la mémoire de ceux qui l’ont vécue, dans des conditions incroyables, sur et hors du terrain. D’ailleurs les Mauriciens ont été fair-play à l’issue de cette finale, ils ont su relativiser.

Comment s’est opéré le choix des Maldives, pays organisateur en 2023 ?

Des représentants du Cij (conseil international des Jeux des îles) se sont déplacés aux Comores et aux Maldives, la demande de Madagascar étant arrivée quinze jours avant le début des Jeux, un délai trop court malgré le fait que cette demande ait été portée par le président de la République malgache. Les Comores manquent cruellement d’infrastructures. Les Maldives les ont et le projet gouvernemental tient la route avec, comme aux Seychelles en 2011, la construction d’un village des Jeux qui sera pérennisé en logements sociaux. Concernant le village des Jeux, c’est le seul bémol qu’ont peut apporter aux derniers Jeux des îles à Maurice, qui ont été une totale réussite par ailleurs. Pour résumer, les Maldives seront prêtes dans quatre ans, je n’en doute pas.

La Réunion ira-t-elle aux Maldives ?

Est-ce que La Réunion y sera, alors qu’elle a failli ne pas aller à l’île Maurice ?

On se doit de bien peser le pour et contre. Il est hors de question d’y aller dans les mêmes conditions de cette année. Nous avions une enveloppe de 600 000 euros, à parts égales entre la Région, le Département et l’Etat, pour l’organisation et la logistique. Nous en sommes encore à quémander 50 000 euros non réglés par l’Etat. Les ligues et comités se sont débrouillés tout seuls pour préparer leurs athlètes. A titre de comparaison, Mayotte a reçu une enveloppe de 1,4 million d’euros du Département qu’elle n’a même pas pu utiliser en totalité. Et je n’imagine même pas les sommes injectées par les Mauriciens pour leurs Jeux. Nos budgets sont de plus en plus serrés, on doit faire avec… ou sans !

Comment trouver d’autres sources de financement si les subventions traditionnelles manquent ?

Nous aurons très bientôt un débriefing général avec les ligues et comités. Nous pensons, depuis un certains temps déjà, nous diriger vers l’AcnoA (association des comités nationaux olympiques d’Afrique), qui est affilié au CNOSF, pour leur demander de devenir membre associé. Membre associé conjointement avec Mayotte, c’est à étudier. Si notre demande est acceptée, nous pourrions bénéficier d’aides. Pour cela, il faut que les Jeux des îles soient reconnus, au même titre que les Jeux du Pacifique le sont par le comité international olympique (CIO). Ce qui n’est pas notre cas.

Propos recueillis par: Jean Baptiste Cadet
Photos: Pierre Marchal

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