Photos : Pierre Marchal

Jérémy Hubert a planté sa perche au firmament des Jeux des îles le mois dernier à l’île Maurice, trente-quatre ans après l’argent de son père. Pour le Dionysien désormais installé à Clermont-Ferrand, le grand saut, du piton de la Fournaise aux monts d’Auvergne, a été brillamment réussi.

Les marmailles du club de gym attenant au stade de Champ-Fleuri égrènent les tours de piste en soufflant fort. La reprise est difficile… Elle n’a pas encore sonné pour Jérémy Hubert, le perchiste réunionnais consacré aux Jeux des îles. Le Dionysien profite de ses derniers jours de vacances avant de rejoindre Clermont-Ferrand. Romane, sa compagne, le suivra également en Auvergne. « On débute la préparation hivernale le 2 septembre », indique celui qui va fêter son vingt et unième anniversaire dans quelques jours. Deux mois pour être fin prêt avant le championnat de France espoirs, une catégorie qu’il entame pour la troisième et dernière fois.

La carrière d’un perchiste est jalonnée de hauts et de bas, celle, naissante, de Jérémy, petit frère de Robin, et fils de Gilles, ex-président de la ligue, ne fait pas exception. Arrivé au Clermont Athlétisme Auvergne en septembre 2015, dans la foulée de sa médaille d’argent remportée derrière Ruben Gado aux Jeux des îles, le sociétaire du RC Saint-Denis rejoint non seulement son frère mais intègre l’école de perche qui fait référence à l’époque, sous la direction de Joël Bailly. Renaud Lavillenie est à son zénith, Jérémy, qui le côtoie régulièrement, sait profiter de ses rares mais précieux conseils.

Coach sportif en devenir

Malheureusement, une fracture du calcanéum l’oblige à interrompre son initiation. Grâce à un suivi médical de pointe, le Réunionnais parvient à porter son record personnel dès l’été 2016 à 4,75 m. « J’étais aux anges. Pour ma compétition de reprise, c’était énorme. » L’hiver suivant, il atteint 5,06 m et la deuxième place du championnat de France junior et honore une première cape en équipe de France. Un an plus tard, grâce à un gros travail foncier, il enfourche une gamme de perches plus grandes qui lui permet de porter son record outdoor à 5,10 m.

L’apprentissage de son futur métier de coach sportif et la préparation du diplôme BPJeps perturbent quelque peu sa reprise de l’automne 2018. « C’est devenu compliqué d’associer le travail en journée et les entraînements le soir. On a toujours la hantise de la blessure. Je n’ai jamais été trop épargné de ce côté-là mais j’arrive mieux désormais trouver un équilibre après une saison moyenne. »

Le père encore plus heureux que le fils

C’est dans cet état d’esprit que le néo-Clermontois – en fait Jérémy vit à Aubière, petite ville accolée à Clermont – arrive à l’île Maurice en juillet dernier. « Je n’avais pas de repère. C’est sûr, vu mon classement, j’étais le favori. Mais à la perche, tout peut aller très vite, dans un sens comme dans l’autre. » Alors quand ses concurrents baissent pavillon à 4,30 m, Jérémy vie un moment intense, partagé dans les tribunes par son père. « Papa avait remporté l’argent en 1985 à l’île Maurice justement. Alors que j’étais certain de remporter l’or, je l’ai vu les bras écartés, un grand sourire. » La suite du concours n’est qu’anecdotique. La victoire finale à 4,80 m, les essais ratés à 5 m. « J’étais attendu. C’était une vraie délivrance », ajoute-t-il.

Photos : Pierre Marchal

Jérémy Hubert repart de plus belle à l’assaut des sommets. Il aimerait rentrer dans le Top 6 des France espoirs, les 8 et 9 février prochains à Saint-Brieuc. « Mais la concurrence sera rude, explique-t-il. Le meilleur performer est à 5,60 m, ils sont trois à 5,40 m. » Celui qui a grandi avec une perche dans les bras – « je ne me souviens plus à quel âge mon père m’a emmené sur un sautoir » – s’est affirmé une saison au contact d’Alain Caristan, affirme que l’essentiel est « d’aimer sauter ». Le reste, l’absence de peur, le côté casse-cou et son caractère « tête dure », complètent un tableau qui s’affirme et progresse. « J’ai désormais un rythme de vie qui m’incite à penser que je vais être plus régulier dans mes performances. » L’or mauricien lui a donné des ailes…

Textes : Jean Baptiste Cadet
Photos : Pierre Marchal

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