Elle ne compte que l’or : trois en 2011 aux Seychelles, huit en 2015 à La Réunion (carton plein) et sept à Maurice en juillet dernier. Alizée Morel, 24 ans, a tourné la page des Jeux des îles de la meilleure manière qui soit et se projette désormais sur Tokyo et les JO.

Photos : Pierre Marchal

Les premiers lacets lancinants de la Ravine à Malheur; la béate quiétude d’un havre d’altitude ouvert sur le port de la Pointe des Galets ; l’attitude débonnaire d’un cerbère nommé Hazia, carlin femelle, exact pendant de Franck dans Men in Black. Tout dans le décor de vacances d’Alizée Morel incite au farniente, bien loin des vivats mauriciens des derniers Jeux des îles qu’elle vient d’éclabousser de sa classe, collectionnant sept médailles d’or et une d’argent.

A 24 ans, la blonde Possessionnaise n’est pas rassasiée de trophées. Sur les trois derniers Jeux des îles, elle empile dix-huit médailles d’or – elle ne comptabilise pas les autres métaux – qui complète une collection enrichie au fil de ses huit années vécues en métropole, sur la Côte d’Azur tout d’abord, où elle intègre à l’âge de 16 ans le Pôle France de Fabrice Pellegrin à l’Olympique Nice Natation et où elle côtoie Yannick Agnel, Camille Muffat ou Charlotte Bonnet. Cette dernière est sa meilleure copine de l’époque, la camarade de classe avec laquelle elle obtient son bac S et la confidente de ligne d’eau.

Nice, Toulouse avant Antibes

Bac en poche, Alizée intègre l’Edhec de Nice. Grâce à la filière sport de haut niveau, elle peut se permettre de faire durer le plaisir des études de commerce au rythme des quatre partiels annuels et de la plate-forme préenregistrée qui lui fournit les cours. Désormais, elle entre dans la dernière ligne droite du Master avec l’objectif de devenir trader, la féminisation des noms communs n’ayant pas encore coulé le franglais. Une scolarité qui s’effectue désormais à Toulouse, parallèlement aux entraînements biquotidiens dans les bassins des piscines Nakache et Castex de l’île Ramier.

Un décor idyllique dont Alizée se séparera à la rentrée pour bifurquer vers Antibes. « J’ai intégré les Dauphins du TOEC en 2016, explique-t-elle. J’avais besoin de connaître autre chose. J’ai découvert un club historique qui réunit une grande famille et un esprit d’équipe formidables. Au contact des entraîneurs Nicolas Castel et Walter Monbergé, je pense que j’ai affiné ma technique de nage et progressé en endurance. On nage 35 heures et 80 km par semaine en moyenne. » La Réunionnaise s’affirme dans ses distances de prédilection, le 200, 400 libre, fait partie intégrante du relais 4×200 nage libre avec Charlotte Bonnet, Margaux Fabre, Marie Wattel et Assia Touati, récompensé l’année dernière d’une quatrième place au championnat d’Europe de Glasgow avec un chrono en finale de 7’53’’86. « Tokyo, c’est quasiment demain, poursuit-elle. J’entame la saison hivernale petit bassin dans quelques semaines pour me focaliser ensuite sur les minima olympiques. »

Focalisée sur Tokyo 2020

Tout occupée à cette préparation, la championne de France 2017 du 400 libre n’est pas certaine d’effectuer le long crochet habituel de décembre et zappera très certainement le meeting de l’océan Indien. Elle est également sur le plot de départ pour un retour sur la Côte d’Azur, à Antibes, avec son compagnon, le nageur d’origine martiniquaise Lorys Bourelly. « On rejoint le CN Antibes, confirme-t-elle. J’aurai comme entraîneurs Franck Esposito et Denis Auguin. On avait envie de changer. C’est aussi ma dernière année d’études avant Tokyo. »

Que de chemin parcouru depuis ses premières coulées dans les piscines de La Possession et du Port, sous les ordres de Fredo Delmotte, Guillaume Bachmann puis Maxime Cornillet. Alizée nageait alors dans le sillage de ses parents, son père, Jean-Yves, en particulier, qui fut quintuple médaillé d’or aux premiers Jeux des îles de 1979. « Je suis partie à l’âge de 16 ans, se rappelle-t-elle. La carrière d’une nageuse est courte. Je pense que ce sera difficile de se projeter sur Paris 2024. L’important, pour l’heure, c’est Tokyo 2020. » Et le programme des compétitions est déjà établi avec, en octobre, les septièmes Jeux mondiaux militaires à Wuhan (Chine) où elle retrouvera Charlotte Bonnet, Ménalie Henique ou Jérémy Stravius au sein de l’équipe de France.

Dans quelques jours, lorsque les entraînements auront repris à la piscine antiboise Jean-Bunoz, les clameurs du bassin mauricien de Côte d’Or se seront définitivement tues. Mais elles demeureront à jamais inscrites dans son livre d’or, évidemment : « C’était des jeux extraordinaires, on a été accueillis comme jamais, on a vécu des moments forts, non seulement entre nous, mais avec toutes les délégations et le public qui a été formidable. Même en métropole ou à l’international, j’ai rarement connu une telle ambiance. » Même la fraîcheur de l’hiver austral n’a pas eu de prise sur la classe de la recordwoman absolue de médailles… d’or !

Textes : Jean Baptiste Cadet

Photos : Pierre Marchal
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