Souvent à l’ombre des valides, les handisportifs forcent leur destin.

Tout de suite la question qui fâche.  Ne se donne-t-on pas bonne conscience un peu facilement en s’extasiant tous les quatre ans devant les Jeux Paralympiques ? Dopés par des commentateurs télé en état de choc émotionnel permanent,  nous assistons, dans un état proche de la béatitude, aux exploits d’athlètes dont nous ne ne connaissons pourtant ni les noms, ni les histoires. Et que nous oublions pour la très grande majorité d’entre eux dès la fin des épreuves, trop affairés que nous sommes à replonger dans les univers impitoyables de la Formule 1, de l’ATP Tour ou de la désormais richissime Ligue 1. Bienvenue chez les valides.

« On ne peut pas reprocher aux médias d’en faire trop sur les Jeux paralympiques. Lorsqu’il s’agit de parler de nous, on n’en fait jamais trop». Pragmatique, Annie Amacouty,  préfère ne pas enfoncer une porte déjà grande ouverte. La CTR handisport de La Réunion sait que cette courte quinzaine exclusivement consacrée à sa discipline est à prendre telle quelle, sans réserve, ni états d’âme boudeurs. Malgré sa notoriété croissante, le petit monde handisportif n’a pas encore les épaules assez larges pour snober cette déferlante éphémère. Il en a besoin. Tout simplement. « En temps normal, la presse parle assez peu de nous. Durant et après les Jeux, c’est différent.  Les gens viennent nous voir car ils ont envie de reproduire ce qu’ils ont vu à la télé. C’est une période de recrutement ».

356 licenciés

Avec Environ 1500 pratiquants dont 356 licenciés répartis dans une vingtaine de clubs, le Comité régional handisport de La Réunion combat quotidiennement pour la reconnaissance des siens. Hier impensable, la mixité avec le sport valide est une réalité enfin palpable. Même si elle reste un sujet hyper sensible, la délégation handisport accordée à quatorze fédérations sportives en est une preuve irréfutable. Tout comme, hors JO, la multiplication des rendez-vous sportifs accueillant athlètes valides et en situation de handicap.  Dont les Jeux des Iles de l’océan Indien qui pratiquent cette fameuse mixité depuis bientôt 20 ans.

Programmée en 2019 à Maurice, la compétition-vitrine régionale permet à La Réunion de se confronter, et aussi de se comparer, à ses voisins. « Nous sommes mieux lotis à La Réunion, c’est indiscutable ». Chargée de développer le handisport dans la zone, Annie Amacouty sait que son île natale bénéficie d’une organisation, de structures et de moyens sans commune mesure avec ses cousines malgaches et mauriciennes.

Cette comparaison, toute à l’avantage de la Réunion, la CTR l’a toujours dans la ligne de mire de son intervention globale. Elle n’oublie pas un instant que le sport, quelque soit l’endroit où il est pratiqué, reste un outil fondamental d’insertion dans la société pour les personnes en situation de handicap. Elvina Vidot (athlé)  et Gaël Rivière (cécifoot), les deux locomotives réunionnaises installées en métropole, en sont l’illustration la plus probante.  Et un exemple à suivre pour toutes celles et ceux qui ont envie, quoiqu’il arrive, de croquer la vie avec gourmandise.

Texte: Etienne Grondin
Photos: Pierre Marchal

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