Depuis dix ans maintenant, le Saint-Leusien Maxence Lambert promène son sabre de par le monde. Une lame baladeuse qui rêve de faire escale dans deux ans au pays du Soleil Levant…

Depuis qu’il a quitté son île natale, voilà dix ans de cela, Maxence Lambert a tellement pris l’avion qu’il a dû faire dix fois le tour de la Terre. Des contrées serbes aux bas quartiers de Dakar, en passant par la péninsule coréenne, ou bien encore par les pistes promises de Jérusalem, le calendrier du jeune sabreur international ressemble plus à une brochure d’agence de voyages qu’à l’agenda du sportif moyen. Mais rien ne pourrait remplacer son « home sweet home » saint-leusien.
« La Réunion, c’est ma terre. Le seul endroit au monde où je me sens chez moi. Et pourtant, j’ai vu beaucoup de pays », réalise aujourd’hui l’ex-îlé de Saint-Leu, en ressongeant à cette enfance « paradisiaque », telle qu’il la dépeint lui-même, dans la cité des Pêcheurs. À deux pas du grand bleu. En tant que quatrième et petit dernier de la fratrie, afin de « trouver sa voie », comme il dit, dès l’âge de 8 ans, le marmay de la côte ouest a fait le choix des armes. Seul, comme un grand. Déjà.
« J’ai commencé à regarder les sports possibles dans le coin et j’ai trouvé l’un des seuls que mes frères et sœur n’avaient pas essayés : l’escrime. J’ai donc appelé moi-même le maître d’armes du Masque de Fer, Jean-Baptiste Voute. Et dès la première séance, ça m’a plu tout de suite. Je voyais des gens en tenues bizarres, avec des épées, qui se tapaient dessus. Comme dans les films ! Il y avait une certaine combativité et en même temps une réelle maîtrise à avoir. Et ça, j’ai tout de suite adoré… »

Moelle « escrimière »

Une vocation est née. Durant ses six années d’apprentissage à l’école saint-leusienne, il sera chaque jour plus compliqué de déloger l’apprenti de la salle d’armes jouxtant la mairie, où il passe des heures infinies. « Je voulais toujours rester plus longtemps pour regarder, apprendre et m’entraîner plus », se remémore l’enfant de Saint-Leu, déjà doté de cette moelle « escrimière », dont sont généralement forgées les plus fines lames du premier sport olympique français.
Entre son cocon mascarin et la place qu’il occupe aujourd’hui, au sein du carré majeur des sabreurs tricolores, à l’Institut du Sport, de l’Expertise et de la Performance (Insep), le tireur d’élite a déjà amassé bon nombre de lauriers internationaux. Mais sa soif de conquête est loin d’être étanchée. Possèdant la même particularité que la référence nationale au sabre, Damien Touya, qui, vingt ans avant lui, avait été promu précocément dans la cour des grands, connaissant sa première cape chez les seniors dès la catégorie juniors, l’aspirant Lambert aimerait marcher dans les pas de l’inspirant Touya, qui a croqué de tous les métaux aux JO.
Ayant raté le premier convoi vers Rio, dans des circonstances peu favorisantes, alors que le sabre par équipes était absent du programme olympique en 2016, le spadassin de 24 ans a déjà Tokyo 2020 dans le viseur. Lucide quant à ses chances d’être du voyage au Japon, Maxence Lambert livre une projection réaliste. « En individuel, la qualification va être très compliquée. Je suis jeune et je ne figure pas encore parmi les favoris mondiaux, dit-il. Par contre, on a une vraie chance de pouvoir qualifier la France par équipes. C’est notre principal objectif. Pour le moment, une hiérarchie est établie et nous sommes huitièmes. À nous d’arriver à la bousculer. »
Le chemin est encore long mais le rêve olympique à ce prix. D’ici là, chaque assaut, chaque fente, chaque touche, que le multiple médaillé européen effectuera, tireront dans la même direction. Celle de ce sommet nippon tant attendu qui pourrait bien constituer le plus vibrant des baptêmes pour notre ambassadeur de Bourbon.

PALMARÈS EXPRESS

2011
3e Euro cadets par équipes
2014
3e Euro juniors individuel
1er Euro juniors par équipes
1re sélection en équipe de France seniors
2015
1er Mondiaux universitaires par équipes
2017
2e Euro U23 individuel
3e Euro U23 par équipes
2014-2018
Membre de l’équipe de France seniors

Texte: Etienne GRONDIN
Photo: Pierre Marchal

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