Chloé Isambert, 17 ans fin avril, 10e au championnat de France de duo libre 2018, est l’une des têtes d’affiche du club de natation synchronisée des Aquanautes. La lycéenne se confie sur sa passion, une discipline complète qui conjugue grâce, souplesse et force…

Le port de tête est altier. Les visages se figent dans des sourires étincelants. Juliette, Aline, Marie, Lou-Anna, Noëlie, Maéva, Zoé et Chloé pénètrent en deux vagues successives dans le bassin de la piscine de Plateau Caillou. Le ballet des Aquanautes déroule une chorégraphie maintenant bien rodée. Quatre minutes de pur régal pour les yeux où les figures s’enchaînent : voilier, poussées barracuda ou rétro, « ballet leg », tonneaux, vrilles 360…

Au milieu de ses camarades – ou plutôt à leur tête – Chloé Isambert se distingue par sa frêle silhouette, sa presque fragilité. Elle affiche pourtant fièrement ses 16 ans – bientôt 17 – , fréquente la Terminale S du lycée Evariste de Parny à Saint-Paul. « C’est vrai, je ne suis pas très grande pour mon âge. J’en tire avantage au milieu de mes camarades car je suis légère et assez souple, de sorte que je suis souvent sollicitée lors des portées alors que je ne suis pas très à l’aise sur les saltos. »

Cela fait plus de douze ans que Chloé Isambert et la natation synchronisée ne font qu’un. Née à Saint-Paul peu après que ses parents se sont installés dans l’île, elle débute la « synchro » au Port pendant un an, rejoint les Aquanautes à l’Hermitage en même temps que la famille déménage de La Possession vers le lagon saint-paulois. « J’habite à deux minutes à pied du club. C’est pratique pour les entraînements. »

« Je préfère rester à La Réunion »

A raison de trois ou quatre rendez-vous hebdomadaires, les progrès, sous la houlette d’Elodie Pignal et Marie Tavenard, sont fulgurants. Les titres locaux s’enfilent comme des perles sous le soleil de l’Hermitage. A la dizaine de trophées régionaux s’ajoutent les lauriers nationaux : vice-championne de France Nationale 2 en ballet par équipes en 2015, 3e l’année suivante en Nationale 1, toujours en ballet, Chloé est championne de France N2 en 2017, à la fois en ballet combiné et en duo avec sa copine Manon Heredia. L’an passé, lors du championnat de France junior N2 et Elite à Chartres, le duo décroche l’or en N2 et la 10e place nationale et où le ballet libre et le ballet combiné des Aquanautes rentrent dans le Top 5 de l’élite française. « On termine juste derrière les Pôles Espoirs de Nantes, Sète ou de l’Insep qui s’entraînent deux fois plus que nous et dont les nageuses bénéficient d’horaires aménagés », souligne Chloé, précisant que le nombre de compétitions auxquelles elle a participé à Chartres – neuf au total – lui interdisait de s’aligner en solo, ce qui aurait fait « grimper la note » physique à treize ou quatorze passages. L’overdose…

La référence aux Pôles Espoirs de métropole n’est pas anodine. Chloé a eu l’opportunité de rejoindre le Club Léo-Lagrange Nantes en septembre 2017. Sa grande sœur Marion était présente à l’époque. « La décision a été très dure à prendre, rappelle-t-elle. J’ai pesé le pour et le contre, consulté ma sœur, profité de son vécu à Nantes. Au fond de moi, je n’avais pas envie à 100 % d’y aller. Je suis restée, je prends du plaisir à nager à l’Hermitage et je ne pense pas rejoindre un jour un Pôle Espoirs. » C’est dit… Parce que l’adolescente s’épanouit à La Réunion et dans son club. Individuellement et collectivement.

« J’aime le solo mais cela ne peut être une finalité. La natation synchronisée, cela veut aussi dire nager avec l’esprit d’équipe et être synchro avec cette équipe. Partager les émotions avec les copines, c’est important. » Et dépendre l’une de l’autre. « Ma souplesse, par exemple lors des grands écarts, me conduit presque naturellement à des portées un peu risquées. Je sais que j’engage la suite du ballet si je rate une portée. Et vis-à-vis de mes camarades, cela m’oblige à rester concentrée. »

Une affaire de famille

Au niveau d’excellence qui est le sien, la Saint-Pauloise sait que tous les détails comptent. Et que rien ne remplace la compétition. Les entraînements et les stages quasi-quotidiens pendant les vacances scolaires débouchent inévitablement sur des absences en cours. Quatre semaines de cours ratés par année scolaire. « Si on s’organise. C’était un peu dur en début de trimestre de terminale mais ça va », glisse Chloé. D’autant qu’Hélène Baubry est venue prêter main forte à Marie Tavenard durant six mois.

L’avenir se conjuguant toujours avec les Aquanautes, Chloé Isambert aimerait y apporter de plus en plus sa touche personnelle. Car si elle a choisit la « synchro » plutôt que la natation traditionnelle, c’est parce qu’elle trouvait cette spécialité moins roborative, plus inventive. « Avec Marie [Tavenard], on bâtit les chorégraphies. J’essaie de dénicher quelques improvisations qu’on glisse dans le ballet. J’aime bien regarder les vidéos des plus grandes à l’occasion de grands événements, comme l’Open de France et on s’inspire pas mal des nouveautés qui y sont introduites. »

La « synchro », c’est une affaire de famille. Papa organise les compétitions locales, maman se joint aux autres mères pour embellir leur progéniture à grand renfort de paillettes rutilantes ou chignons impeccables. Et Marion, la grande sœur, suit tout cela de son pays nantais d’adoption. « Marion poursuit des études supérieures et a arrêté la synchro mais on est toujours très proche pour se booster mutuellement. »

Ne jamais montrer sa fatigue

Discipline complète, la natation synchronisée demande des qualités de souplesse, d’endurance et de force mêlées. Sans oublier un sens artistique aigu. « On est noté sur la difficulté des figures, par exemple, le temps passé sous l’eau – on peut y rester de 20 à 30 secondes –, l’exécution de ces figures et leur qualité artistique. Je ne sais pas si on peut comparer avec d’autres sports mais le cardio est énormément sollicité et la fatigue ne doit jamais transparaître sur nos visages. Croyez-moi, ce n’est pas évident… »

Cette année, Chloé a changé de partenaire, Manon ayant stoppé la synchro. Mais a vite retrouvé une partenaire en la personne de Noëlie Aquevillo. « On était toutes deux sans partenaires. On se connaît très bien parce qu’on est ensemble depuis longtemps dans le ballet par équipes. » Le championnat de France à Angers arrive très vite, début avril. Au programme duo technique avec Noëlie, solo libre et ballet technique avec toute la formation des Aquanautes. Avec l’ambition de porter haut les couleurs saint-pauloises en Anjou…

Texte: Jean Baptiste Cadet
Photos: Pierre Marchal
16 ans, club des Aquanautes, 10e junior française en duo libre 2018

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