L’étiquette « exotique » jadis accolée à l’escrime 974 fait aujourd’hui partie du passé. A l’instant T, ils sont une grosse dizaine de jeunes tireurs péi à peupler les rangs des différentes structures d’élite éparpillées aux six coins de l’Hexagone. Parmi eux, Grégory Bon, El Habib Abdou, ou encore Kelly Lusinier font partie des espoirs les plus prometteurs.
Originaire de Mayotte et débarqué dans le chef-lieu dans ses plus jeunes années, El Habib Abdou a croisé le chemin de la providence à l’âge de 10 ans. Alors qu’il chaussait plutôt les crampons à l’époque, c’est en passant devant la salle d’armes du Cercle de la Buse, dans le Bas-de-la-Rivière, que le « frelon maoré » a vu la lumière. « Je m’y suis tout de suite senti comme chez moi », confesse l’élève de Richard Thomarat, que son Maître dépeint comme un « guerrier », doté d’un sens inné pour la touche.
Après avoir tout gagné, ou presque, des minimes jusqu’aux cadets, El Habib Abdou garde toujours en mémoire le premier Graal national du reste de sa vie, quand les trois « Busards » dionysiens avaient marché sur les plus grandes ligues de l’Hexagone, avant d’aller chercher la consécration suprême à la Fête des Jeunes, dans une Halle Carpentier noire de monde. Dans la foulée, celui peuple désormais les rangs du Crefed de Douai (Nord), a marché sur l’eau aux championnats de France cadets en raflant deux médailles d’or (individuelle et par équipes) en un week-end. « Ce jour-là, c’est comme si toutes mes actions pouvaient passer », se remémore l’épéiste surdoué.
La principale difficulté pour le Douaisien d’adoption sera désormais de confirmer tous les espoirs placés en lui dans la cour des grands. Pour ce faire, le junior s’inspire notamment du footballeur portugais, Cristiano Rolnaldo, incarnation vivante selon lui du credo « le travail paie toujours ». La concrétisation du rêve olympique, auquel il aspire depuis tout petit, passe forcément par là. El Habib en est pleinement conscient. Et le travail ne lui fait pas peur.
Texte: Etienne Grondin
Photo: Pierre Marchal