Grondin roule sur l’or

En devenant champion du monde juniors de l’omnium, en août dernier en Suisse, Donavan Grondin a signé le plus grand exploit de l’histoire du vélo 974. Une performance en or qui pourrait bien emmener le Saint-Leusien jusqu’aux JO.

Il y a encore une dizaine d’années de cela, c’est lové dans son canapé, au domicile familial de l’Etang Saint-Leu, que le jeune Donavan assouvissait sa passion pour le vélo au travers d’un écran de télévision. « J’aimais regarder les coupes du monde de VTT avec Julien Absalon et Nino Schurter, toujours à la bagarre. Et je me suis dit que je voulais faire pareil, même si dans la famille personne ne pratiquait », se remémore le fils de Marie-Paule et Fridolin Grondin. À cette époque-là, le marmaille était cependant sûrement loin de se douter que, dix ans plus tard, il joindrait le geste à la parole en rejoignant le grand Absalon dans le cercle très fermé des possesseurs du maillot arc-en-ciel.
Confessant avoir appris à marcher grâce à l’appui providentiel d’un quadricycle lui servant de béquille – « j’ai enlevé les petites roues à 3 ans », glisse-t-il – le petit dernier de la fratrie est un coureur né. En signant sa première licence en janvier 2009 au TBS Team Bike Sangarin, localisé à Grand-Fond, « Dino », de son ti nom gaté, prend sans doute l’une des meilleures décisions de sa vie. La machine est lancée et au fil des années il s’avérera de plus en plus compliqué de l’arrêter.
Du Réunion Cycle Extrême (RCX) de la Chaloupe, au Sprinteurs Club Saint-Andréen (SCSA), où il apprend le métier sous les conseils de Sébastien Henriette, en passant par le Club Cycliste Saint-Louisien (CCSL), l’adolescent se révèle un stakhanoviste de la route. Capable d’endurer de gros volumes de travail, jusqu’aux cadets, il éclabousse de sa puissance et de sa classe chaque course à laquelle il prend part sur le caillou. Jusqu’à devenir champion de France de la catégorie en 2015. Le titre qui lui ouvre les portes du pôle de Bourges. La structure d’élite française qui le placera en orbite planétaire deux années plus tard.

« Il a fait honneur au maillot »

Si un classement des meilleurs sportifs réunionnais de l’année 2018 devait être édité, Donavan Grondin trônerait probablement tout en haut de l’échelle. Et pour cause. En août dernier, le gamin aux jambes d’or et de feu, a signé un exploit retentissant sur le sublime anneau du Centre mondial du cyclisme, à Aigle (Suisse), théâtre des Mondiaux juniors sur piste. Après s’être couvert d’argent, la veille lors de la poursuite par équipes, l’international tricolore s’est hissé sur le toit du monde en remportant l’épreuve de l’omnium, qui représente pourtant un sacré morceau de bravoure.
L’omnium pourrait être comparé au décathlon en athlétisme. Sur une journée de compétition, les coureurs enchaînent quatre travaux successifs (scratch, tempo, élimination, course aux points). « Finir premier de l’omnium, ce n’est pas facile en général », livrait d’ailleurs le principal intéressé en toute modestie, quelques instants après avoir épinglé le premier maillot arc-en-ciel de l’histoire du cyclisme 974. En tête au général, juste avant la course aux points, juge de paix de cette finale pour tout l’or du monde, l’adolescent a été solide comme un roc pour conserver sa place au sommet de la hiérarchie mondiale. Attaqué de toutes parts tout au long des cent tours que comptait l’épreuve, la pépite saint-leusienne a affiché la force et le mental d’un grand devant les yeux ébahis de ses entraîneurs.
« C’est LE Donavan qu’on attendait de voir depuis deux ans. Il a fait honneur au maillot. Il a été bluffant, vraiment », s’extasiait ainsi le coordonnateur du pôle France de Bourges, Samuel Monnerais, après avoir assisté à sa démonstration en direct depuis le bord de la piste. « Il a montré une grosse force de caractère et s’est de surcroît révélé un très bon stratège. Sur l’omnium, on peut dire qu’il a littéralement survolé les débats », appuyait encore le spécialiste, quelques instants après que son poulain, encore mineur à l’époque (17 ans), soit allé revêtir la mythique tunique multicolore de l’UCI sur le podium.
Quelques jours à peine après cette journée de rêve, pourtant usé par les efforts à répétition fournis sur la piste aux étoiles helvète, Donavan Grondin se rend dans le « phare ouest » breton pour participer à ses derniers championnats de France dans la peau d’un junior. Engagé sur le chrono individuel, il se couvre d’abord de bronze à Plougastel (Finistère), derrière son partenaire chez les Bleus, Kevin Vauquelin. Et deux jours plus tard, il frappe de nouveau un grand coup en s’imposant au panache sur la course en ligne, raflant ainsi les deux tuniques les plus convoitées de l’Hexagone en l’espace d’une semaine.

Le rêve olympique n’en est plus un

Pour le gros moteur saint-leusien, la parenthèse enchantée ne fait a priori que commencer. Particulièrement convoité après ce mois d’août au-delà de ses propres espérances, « Dino » a fait le choix du Vendée U (DN1) pour poursuivre son escalade vers les cimes de la discipline. C’est donc paré de rouge et blanc qu’il donnera de la pédale en 2019. Un choix judicieux pour le pistard-routier dans une formation qui place la piste au centre de ses priorités, ambitionnant clairement d’être représentée aux Jeux Olympiques.
Une perspective qui pourrait bien se rapprocher plus vite que prévu pour Donavan Grondin. Les entraîneurs de l’équipe de France l’ayant convoqué fin 2018 pour prendre part à sa première Coupe du monde Elite, à Londres, le diamant brut des Mascareignes est semble-t-il déjà dans le viseur des décideurs nationaux. Quand on interroge de nouveau Samuel Monnerais sur l’éventualité d’être présent dès 2020 aux Jeux de Tokyo, celui-ci y oppose d’ailleurs une réponse ouverte. « Tokyo, c’est loin et proche à la fois. On a déjà vu des pistards faire les Jeux dès l’âge de 19-20 ans. Donc voir Donavan prendre part à ses premiers JO au Japon, ce n’est pas impossible… »
Et il s’avérait encore un peu vert pour faire partie du convoi bleu-blanc-rouge au pays du Levant, la probabilité de le voir défendre les couleurs de la France, quatre ans plus tard aux Jeux de Paris 2024, est aujourd’hui plus qu’élevée. Le rêve olympique n’en est plus vraiment un pour Donavan Grondin.

Texte: Etienne Grondin
Photos: Pierre Marchal
Eric GERVAIS

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