L’art de la Victoire

Il est sur tous les fronts, tous les terrains de course, arpente les sentiers, par monts et par vaux, bravant les intempéries, le cuir tanné par le soleil, l’œil aux aguets prêt à dégainer. Connu et reconnu par les tous les sportifs, boîtier à portée de main prêt à déclencher, Gil Victoire a fait de sa passion de la photo de sport un art de vivre.

Etudiant au Creps, Gil Victoire voulait devenir Prof de sport. Mais la vie en a décidé autrement. Ce sportif qui a usé les terrains de handball et de foot, ainsi que les pistes d’athlétisme, prendra une toute autre direction sur le plan professionnel. Après une carrière dans le médical, c’est vers l’agriculture et la gestion de l’eau que ses compétences professionnelles vont le conduire où il exerce comme technicien d’analyse à l’Office de l’eau.

Un métier qui le mènera sur les sentiers de la Réunion, dans les ravines, passant ses journées dans les forêts, crapahutant sans cesse. « J’ai toujours été très impliqué dans tout ce qui touche à l’environnement, la biodiversité et la protection de la nature. En cela mon métier me permet d’assouvir l’une de mes passions, celle d’être sur le terrain. Ce qui explique mon penchant pour le trail et l’ultra trail qui conjuguent le dépassement de soi dans un sport dans des environnements naturels exceptionnels » confie Gil Victoire.
S’il n’est pas tombé dans les cuves de développement dès son plus jeune âge, Gil Victoire a fourbi ses premières armes photographiques à la MJC de Saint-Benoît où il découvre l’argentique, la magie du labo, les émulsions, et développe une vraie passion à l’époque pour le paysage. Ce n’est que bien plus tard qu’il consacrera tout son temps libre à la photo de sport.

« Grâce à ma fille »

« C’est ma fille Véronique qui travaille pour Ilop qui m’a transmis le virus. Et donc tout naturellement, j’ai combiné mon engouement pour le trail et la nature pour en faire aujourd’hui un véritable sacerdoce. J’aime le contact avec les sportifs, cette notion de partage de 17 à 77 ans, ces moments intenses de convivialité et d’échanges qu’on ne retrouve dans aucune autre discipline sportive. Voir ces hommes et ces femmes se surpasser, de différentes conditions physiques, aller au bout de leur réserve dans des triathlons, des duathlons et des trails, cela me dépasse. J’aime capturer cette magie de l’instant » avoue le photographe.

 

Mais que recherche alors celui que tout le monde reconnaît chaque week-end à chaque départ de course et aux abords des chemins. « Ce qui me motive, c’est cette communion avec la nature, qui me permet de marcher, de respirer l’air pur, l’envie de réaliser quelque chose, au contacts des sportifs. Et d’assouvir par la même occasion ma passion pour la photographie. Heureusement ma femme est très compréhensive et me soutient dans ma démarche », confie tout sourire le sexagénaire à deux ans de la retraite.

Alors, comment cet inconditionnel des courses voit il l’avenir du trail à la Réunion ? « Vaste question, mais qui à mon sens va dans la bonne voie. Les sportifs veulent faire moins de course mais de meilleures qualités. On ne peut pas dire qu’il y ait une saturation même si ces dernières années on a vu le nombre de courses croître de manière exponentielle. Il y a plus de coureurs. C’est un phénomène d’émulation, beaucoup de réunionnais commencent à s’exporter et vont courir sur d’autres terrains de jeux en France et ailleurs. Cela permet aussi une vraie prise de conscience à la protection de l’environnement, une vraie sensibilisation que les organisateurs ont à cœur de pérenniser à travers des gestes simples comme ne pas jeter ses déchets, la mise en place de gobelets individuels ; autant de mesures qui font que le Parc national s’en portera mieux. Il faut rester vigilant » conclue le passionné Gil Victoire.

Texte et photo: Pierre Marchal

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