C’était une figure du football réunionnais pendant plus de 10 ans. Sydney Laverdure, d’origine mauricienne n’est plus. Il avait joué pour la Saint-Louisienne et la Patriote en tant que gardien de but dans les années 60 et 70 et avait fait les grandes heures du ballon rond. Considéré à son époque comme l’un des meilleurs gardiens de but de l’océan Indien, il avait d’ailleurs joué contre Michel Platini ou le Portugais Eusébio lorsqu’ils étaient jeunes.

Le Mauricien Sydney Laverdure reste l’un des plus grands gardiens que le football ait connu à La Réunion. Les anciens, se souviennent de ses exploits dans les buts de la Saint-Louisienne ou de la Patriote à la fin des années 60 et dans les années 70.
Sydney Laverdure, c’est un football d’une autre époque, presque d’une autre civilisation ! C’est le football des années 60, 70. A l’époque, en créole, on aurait presque pu remplacer le mot gardien de but par « Laverdure ». Si la Russie avait alors Lev Yachine et l’Angleterre Gordon Banks, récemment décédé, La Réunion avait son Laverdure.
Sydney Laverdure était arrivé à la Saint-Louisienne en 1963. Plus de cinquante ans après, il n’avait rien perdu de son accent mauricien. Et personne ne lui donnait ses 80 ans. Il était resté la force de la nature que sa grande silhouette imposait dans les cages des stades de l’île. Un peu moins gaillard. Mais en grande forme.
Le plus réunionnais des sportifs mauriciens a été l’un des premiers à sauter la mer pour venir exercer ses talents à La Réunion. C’était le temps des Fire brigade et autres Dodo club chez nos voisins. Lorsque les dirigeants de Saint-Louis viennent le chercher comme un professionnel, c’était l’époque où la rivalité entre les iles sœurs n’avait d’égal que leurs confrontations musclées sur les terrains de football.

Sydney avait la nostalgie de son époque. Guy Leblond l’avait rencontré pour le site Lotrinfo il y a plus d’un an dans le cadre d’un portrait. Sydney déclarait alors que l’ambiance était sans nulle autre pareille : « Avant, on portait vraiment les couleurs d’un club, d’une ville. Il y avait de l’ambiance. » Lorsqu’il arrive à Saint-Louis à l’âge de 23 ans, c’est pour signer un bail de sept ans et remporter presqu’autant de titres de champion de La Réunion. Son départ avait fait sensation dans le monde du football local, quand il décida de rejoindre les Coqs de la Patriote à Saint-Denis. Il y finira sa carrière avec encore des coupes à son palmarès ! Comme en témoignent les photos prises chez lui.
Sydney Laverdure ne se rendait plus dans les tribunes des stades. Le cœur n’y était plus. Acctroché à ses souvenirs, pour lui le monde du football avait trop changé. Il déclarait à l’époque ne pas reconnaître l’esprit d’antan, l’ambiance, la passion du maillot : « Il y a trop de moyens dans le football et les gens n’ont plus la même passion pour leur club, le club de leur ville. Je n’arrive plus à accrocher avec une équipe. C’est vrai qu’il y a la télévision et beaucoup d’autres possibilités de loisirs que nous n’avions pas à l’époque. Si j’avais quelque chose à dire aux jeunes aujourd’hui, je leur dirai « jouez avec le cœur » comme nous nous le faisions. Nous nous étions vert et blanc, rouge et noir, bleu et rouge ou mauves, mais ces couleurs, c’étaient quelque chose…» Dans la vie de tous les jours, Sydney s’appuyait sur des valeurs qu’il regrettait de ne plus toujours retrouver : « Celles du respect entre les générations ».

Nostalgique, Sydney l’était assurémment. « Les grands champions de mon époque m’ont toujours inspiré. C’était un autre football, un autre monde… Mon modèle, c’était Lev Yachine le grand gardien de l’équipe de Russie. J’ai eu aussi la chance de jouer contre le grand Eusebio avec la sélection mauricienne contre le Portugal. Je m’en souviens, il m’a mis deux buts. J’ai aussi rencontré Michel Platini et bien d’autres grands noms du football de ma génération des années 70 et de celle de juste après… »

Ce sera sa dernière interview réalisée par Guy Leblond.

Photos : Pierre Marchal

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