En établissant le premier chrono de l’histoire sur la 0-3000, un triathlon menant plusieurs centaines de concurrents du lagon de Saint-Pierre au sommet du Piton des Neiges, Olivier Lamarque vient d’établir un temps de référence qui pourrait bien s’inscrire dans la durée.

 

4 heures, 31 minutes et 30 secondes. C’est le temps qu’a mis Olivier Lamarque pour atteindre le toit de l’île en s’élançant du battant des lames. Et cet exploit, le Saint-Leusien ne l’a pas accompli en mobylette, ni en téléphérique, mais bien à l’aide de ses deux jambes, de ses deux bras, d’un cardio admirable, mais aussi de sa tête. Car pour venir à bout du défi inédit que proposait le Club Triathlon à des centaines de gazés de la verticalité, ce samedi, il fallait aussi en avoir dans la tronche.

Imaginez un peu le délire. Sur cette 0-3000 originelle, le menu proposé était assez copieux, limite indigeste. Avec en entrée, une mise en bouche iodée à souhait. 1500 m de natation (1800 en réalité) dans un lagon de Saint-Pierre, façon bouillon, pris d’assaut par des centaines de triathlètes encagoulés dès potron-minet. Puis, en plat de résistance, ou de consistance en l’occurrence, la montée de Cilaos à dos de selle (45 km) et ses quelque 400 virages à avaler d’un trait. Et enfin, en guise de dessert, la pièce montée de ce triathlon hors-norme, avec 10 bornes d’ascension jusqu’au Piton des Neiges (3070 m).

Un profil qui aurait de quoi en effrayer plus d’un. Mais Olivier Lamarque, pas vraiment. Hormis la partie natation, qu’il redoutait un peu, cette épreuve semblait taillée sur mesure pour l’ancien vététiste de niveau international, reconverti dans le trail depuis six ans. Et celui qui présente la particularité de n’avoir jamais perdu la moindre course en VTT X-Country depuis qu’il a posé ses valises à La Réunion, va en faire l’éclatante démonstration.

Sortant de l’eau en 58e position, le sportif de 43 ans entame alors une partie de Pac-Man dans les interminables lacets menant à Tsilaosa (1700 m d’altitude), la commune la plus perchée de l’île, laissant sur le carreau bon nombre de concurrents. 55 pour être plus exact. En effet, en posant son vélo au Stade de Cilaos, Lamarque, qui vient de signer le meilleur chrono sur le secteur à roulettes (1h52’44), émarge déjà en 3e position aux deux tiers de la course. Devant lui, deux purs triathlètes en les personnes de Clément Bach et Sébastien Macé se sont fait la malle à l’assaut du Piton.

Ils en rêvaient, François l’a fait

Mais la partie de Pac-Man n’est pas terminée. Macé en fait les frais assez rapidement. Et quand le lauréat du Mafate Trail Tour 2017 parvient au bloc, point de départ de l’ascension véritable, on lui annonce un retard de six minutes sur le leader provisoire, qui ne résistera pas bien longtemps lui non plus à la cavalcade effrénée du cabri agenais. Au moment où il sent son souffle chaud sur sa nuque, Bach interroge le revenant : « C’est toi Olivier Lamarque ? ». « Oui », lui répond le principal intéressé. Une affirmation qui sonne comme un coup de grâce pour lui. Se sachant incapable de rivaliser avec un tel dénivelé, le meilleur nageur de ce premier opus laisse filer son bourreau vers un sacre annoncé.

Pour parachever l’œuvre qu’il écrit note par note depuis le niveau zéro, le maestro du CCSL se permet même de déposer, quelques mètres avant l’arrivée, le meilleur duathlète de cette première édition, Aurélien Jacoutot, qui n’avait, lui, pas goûté aux eaux turquoises du lagon saint-pierrois en apéritif. Se classant donc 1er au scratch de la 0-3000, Lamarque fait carton plein sur le toit des Mascareignes. Et c’est tout sauf immérité. « Remporter une épreuve mythique comme celle-là, j’en rêvais », jubile le finisher de la dernière Diagonale des Fous, qui, en termes de démence, a sans doute trouvé chaussure à son pied avec cette folle course-poursuite vers les cîmes sortie tout droit de l’imagination du non moins timbré François Pierré.

« J’espère qu’en tant que passionné et homme volontaire, vous réalisez la quantité de sportifs qui attendaient dans un coin de leur tête la concrétisation d’un tel défi ! Vous l’avez fait. Et pour cela, un sincère et grand bravo à vous »,adressait d’ailleurs le champion toutes catégories au président du Club Triathlon à l’issue de la manifestation. Parmi les 300 finishers de la déjà cultissime 0-3000, personne n’osera le contredire. Pas certaine de remettre le couvert, le jour même de l’épreuve, l’organisation avait déjà atténué son discours une poignée d’heures de sommeil plus tard. Un de ces lendemains qui chantent, laissant clairement entrevoir la lueur d’un espoir de voir cet incroyable rendez-vous vertical s’inscrire dans le temps. Pourvu que ça dure…

Texte : Etienne GRONDIN
Photos : CC1 Jimmy / 2e RPIMa.

TRIATHLON 0-3000
(1500 m/45 km/10 km)

PODIUM HOMMES
1 Olivier Lamarque 4h31’30
2 Clément Bach 4h47’50
3 Loïc Mousselet 4h51’50

PODIUM FEMMES
1 Laura Guerdin 5h43’30
2 Pauline Aigon 5h52’11
3 Géraldine Boudart 5h57’00

225 finishers

DUATHLON 0-3000
(5 km/45 km/10 km)

PODIUM HOMMES
1 Aurélien Jacoutot 4h32’15
2 Geoffroy Grondin 4h36’00
3 Geoffrey Prunier 4h37’30

PODIUM FEMMES
1 Estelle Perrière 5h27’25
2 Sabine Staal 5h31’30
3 Julia Brulin 5h54’50

 

71 finishers

   Envoyer l'article en PDF   

LAISSER UNE RÉPONSE

S'il vous plaît entrer votre commentaire!
Veuillez entrez votre nom ici