Spécialiste des moyennes distances et de la Mascareignes, Hortense Bègue se lançait cette année sur l’Ultra avec le Trail de Bourbon dans la mire. Hélas, une récente chute l’oblige à changer ses plans. Mais toujours dans la bonne humeur…

Affirmer qu’Hortense Bègue a un emploi du temps serré est un doux euphémisme. La quadragénaire – elle émarge désormais dans la catégorie Master 1 – nous donne d’ailleurs rendez-vous non loin de son lieu de travail, à quelques encablures des portiques du port de la Pointe des Galets où elle jongle avec « trois huit » (devenus « trois sept ») en tant que gestionnaire import-export des containers. « Disons plus simplement que ma journée-type s’apparente à un marathon », sourit-elle. Ce qui, venant d’une traileuse, ressemble à une jolie pirouette.

Résumons-nous : lever 4 heures du matin, entraînement à la lampe pour la Possessionnaise jusqu’au littoral portois pour une séance de fractionné. Ni vue, ni connue, retour à la case pour le lever des deux jumeaux – un garçon, une fille – sans qu’ils soupçonnent que leur mère est levée bien avant potron-minet. Dépose-minute à l’école. Boulot. Récupération des bambins chez la sœur ou la mamie au gré des horaires de bureau. Sans oublier le rituel des leçons à 17h30. « Ce sont des jours pleins, admet la native de Trois-Bassins. Mais c’est un réel plaisir. Je fais également du vélo une à deux fois par semaine. Je m’entraîne avec le club, si possible deux fois par semaine et je pars sur les sentiers pendant le week-end. »Ouf…

Une chute dans l’Arc-en-Ciel

Résultat des courses : Hortense Bègue collectionne les podiums sur des formats relativement courts, symbolisés par sa première place sur la Mascareignes 2018, après deux deuxièmes places et deux troisièmes places dans la « petite » course du Grand Raid. L’année 2017 avait été prolifique avec des victoires sur le D-Tour, le Trail de Minuit, le Trail de la Rivière des Galets, le Trail Tuit-Tuit, le Mahoraid et la Kalla pour ne citer que les plus importantes. Pas mal pour une athlète venue sur le tard à la discipline, sans antécédent marquant, et qui s’est signalée d’entrée, ou presque, par une 6e place chez les féminines lors de la Diagonale des Fous 2012 et une victoire sur le D-Tour 2013. « Je suis arrivée à la course à pied un peu par hasard, livre-t-elle. J’ai d’abord pris une licence à l’AC Trois-Bassins puis à Ouest Trail avant de rejoindre le Caposs en 2016. »

Cette année, Hortense Bègue avait coché le Trail de Bourbon, ses 111 km de souffrance, et entendait défier l’épreuve intermédiaire du Grand Raid. Elle avait idéalement débuté l’année en terminant derrière Juliette Blanchet, 1re féminine, sur le Tchimbé Raid en Martinique, son premier ultra (103 km) qui reste « une formidable expérience dans un environnement qui n’a rien à voir avec La Réunion ». Cette 10e place au scratch d’une épreuve qui a souvent souri aux Réunionnais (Didier Mussard, Christopher Camachetty, Alexandra Clain ou Marcelle Puy…) l’avait confortée dans ses certitudes que le Trail de Bourbon était dans ses cordes. Las, une chute dans une descente du Grand Bénare, lors du Trail de l’Arc-en-Ciel en juin dernier, ruine ses projets. Verdict : déchirure partielle des ligaments de la cheville. Seul remède : le repos. « Je n’ai pas pu courir le Raid 974, poursuit Hortense Bègue. J’ai repris doucement et, suivant les conseils de mon kiné, je pense que je vais me rabattre sur la Mascareignes. Je prendrai une décision mi-septembre. »

Toujours optimiste, mais sans se départir du bon sens inhérent à tout compétiteur, la Possessionnaise n’hésite pas à prendre conseil auprès de ses camarades de club et coreligionnaires de la Prudence Créole, Marcelle Puy, Gilberte Libel, Christopher Camachetty, Jean-Pierre Grondin, Sébastien Parmentier ou Gilsey Félicité. « C’est vrai que je n’ai pas une grosse expérience de course, à peine une dizaine d’années, mais je pense me connaître suffisamment. La Mascareignes est bien sûr plus accessible que le Trail de Bourbon. J’aurai encore du temps pour m’attaquer régulièrement aux ultras. » Et toujours sans se départir de son magnifique sourire…

Textes: Jean Baptiste Cadet
Photo: Pierre Marchal

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