Après avoir vécu son baptême olympique à Rio, Loan His, la perle du SDGR, est déjà passée à l’heure nippone avec les JO de Tokyo en ligne de mire. À un an de l’échéance, rien ne pourra détourner l’experte ès-barres asymétriques de l’objectif qu’elle s’est fixé : rafler la médaille au pays du Soleil Levant.

Prendre part aux JO dès l’âge de 17 ans n’est pas chose commune. Même dans un sport à maturité précoce comme la gymnastique artistique. Loan His fait partie de ces rares athlètes à avoir obtenu leur passeport olympique avant même leur majorité. Ce simple postulat en fait déjà une sportive hors du commun. En y regardant de plus près, la Nantaise d’origine l’est à bien des égards.

Elle l’est en premier lieu dans l’Hexagone après s’être forgée un palmarès que beaucoup doivent lui envier. « Je crois que c’est la seule à avoir remporté le titre de championne de France dans toutes les catégories », glisse ainsi Eric Boucharin, le nouveau conseiller technique de la gym 974, qui s’est occupé de Loan durant six ans au pôle de Toulon avant que celui-ci ne ferme ses portes. La moisson victorieuse a débuté à l’âge de 10 ans quand miss His décroche sa première gerbe d’or en Nationale A. Elle collectionnera ensuite tous les titres : avenir, espoirs, juniors et enfin seniors, la catégorie-reine, où elle sera sacrée dès sa première participation.

Il y a quelques semaines, Loan His est revenue humer le parfum des praticables dans son île de cœur. Dans la salle du Saint-Denis Gym Réunion (SDGR), à Champ-Fleuri, où elle a passé des heures infinies à dérouler ses gammes sous le regard aiguisé de maître Bajard, la spécialiste des barres a pris un pied immense à retrouver sa famille gymnique dionysienne. Et même si elle traînait un peu la patte en raison d’une cheville convalescente, la joie des retrouvailles était plus forte que la douleur. « La famille s’est agrandie et le club s’est développé mais le lien est toujours là. Ça faisait longtemps que je n’étais pas venue », réalise l’adolescente, sans cesse sollicitée ça et là par des fans pas plus hautes que trois pommes voulant lui soutirer selfies et coups de crayon.

La jeune fille qui vénérait jadis Emilie Le Pennec – seule et unique championne olympique dans l’histoire de la gym tricolore – au travers d’un écran de télévision, est passée de l’autre côté du miroir. Après avoir exposé sa souriante frimousse aux yeux du monde à Rio, aujourd’hui, c’est elle qu’on adule, qu’on félicite, qu’on embrasse… Et la jeunesse réunionnaise n’a d’yeux que pour elle. Ses récents passages à Saint-Pierre et au Port, deux autres écoles réputées sur le caillou, n’ont fait que confirmer sa popularité. Une chance pour toutes ces admiratrices en culottes courtes qui, à l’inverse de Loan quand elle avait leur âge, ont l’insigne privilège de pouvoir toucher leur idole.

« Des fourmis dans les jambes »

Mais pour parvenir à rejoindre son inspiratrice majeure – médaillée d’or aux barres asymétriques à Athènes en 2004 – au Panthéon de la gloire, la pensionnaire de l’Insep est pleinement consciente du chemin qui lui reste encore à parcourir. Elle a déjà pu en mesurer une bonne partie lors des récents Jeux de Rio où une chute aux barres en qualifications a ruiné ses chances de figurer en finale, l’objectif pour lequel elle avait sué sang et eau durant toutes ces années. « J’ai appris de tout ça et ça me servira si j’ai la chance d’être présente à Tokyo dans trois ans, ça c’est sûr », réalise-t-elle une dizaine de mois plus tard, évoquant cette fameuse « pression », si particulière, flottant sur le concours olympique. Le « Graal » de tout gymnaste, tel qu’elle le définit.

La grande interrogation qui la taraude et qui met sa patience à rude épreuve depuis de longs mois est l’état de sa cheville. Quelques mois avant ces JO au pays de la samba, une fracture de fatigue au niveau de l’os naviculaire, sur le dessus du pied, est venue perturber sa feuille de route. La douleur étant trop forte pour être compétitive sur les agrès dits « de jambes » (poutre, sol, saut), Loan s’est concentrée à 100% sur sa spécialité, réputée la plus technique, les barres asymétriques. Mais depuis sa sortie de scène sur la piste aux anneaux, elle a passé plus de temps entourée de blouses blanches que de justaucorps. Et n’a toujours pas pu assouvir sa passion numéro un depuis la fin des Jeux. Ce qui commence à faire long… « La reprise, je n’attends que ça. Je bout d’impatience, lance-t-elle. J’ai commencé la gym à l’âge de 4 ans et c’est l’interruption la plus longue que j’ai vécue. J’ai des fourmis dans les jambes. La reprise va être dure, je le sais, mais j’y suis préparée. Et je suis déterminée. »

Texte : Etienne Grondin
Photos : Luc Ollivier

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