Abdoul Karim Combo, 24 ans, a remporté sa première grande victoire sur la scène nationale du karaté kyokushin en février dernier à l’occasion de la coupe de France, catégorie moins de 70 kilos. Par un KO expéditif et spectaculaire en finale.

Lorsqu’il a découvert La Réunion, à l’âge de 2 ans, en provenance de Mayotte, Abdoul Karim Combo, 24 ans, ne pensait sans doute pas devenir un karatéka émérite. « Je découvrais un autre univers. Ça me changeait de Mayotte. Mais le véritable changement, c’est quand on revient en vacances sur son île natale. Là, on sent véritablement le décalage. »

Le jeune Mahorais installé au Port avec ses parents, Zac 2 Emile Zola, sait qu’il doit pratiquer un sport mais hésite un peu. « J’ai commencé avec Noël Grondin la boxe anglaise. Ça me plaisait beaucoup mais il n’y avait pas assez de compétitions. » Il troque les gants de boxe pour ceux du karaté et trouve sa voie auprès de Thierry Berfroi, coach au DPKD (Dalons Portois Karaté-Do) en 2012. Il fait supposer qu’il existe une sorte de filiation entre l’anglaise et le kyokushinkaï qui a séduit d’emblée ce Portois d’adoption.

« Il est sérieux et assidu »

En 2013, le désormais junior participe à l’Open Championship Shinkyokushin en Suisse et s’adjuge le bronze, coaché pour l’occasion par Patrice Sautron avec lequel Karim partage occasionnellement sa préparation. Combattant assidu et exemplaire, il est un élément moteur du club de Sergianne Lagrange, comme le confirme son entraîneur Thierry Berfroi : « Karim est attentif à ce qu’on peut lui dire. Il est sérieux et assidu. Et il n’hésite pas à se documenter, à visionner des combats pour enrichir son karaté. »

Les résultats ne se sont pas fait attendre. Le 15 février dernier, au gymnase Pierre-de-Coubertin à Paris, théâtre de la coupe de France kyokushinkaï seniors et vétérans, Karim Combo était opposé à dix-huit autres combattants dans la catégorie des moins de 70 kilos. Et en quatre combats et autant de victoires, il s’est hissé sur la plus haute marche du podium. « Les deux premiers combats, je les remporte sur décision. En demi finale, je porte un coup de pied au foie de mon adversaire et le combat est stoppé. Enfin, en finale, je gagne par un coup de pied tête qui met KO mon adversaire [Matthias Guérin, de Paris]. J’étais très bien préparé et bien coaché à Paris. »

Juste à côté du tatami, c’est ni plus ni moins que Willman Malonga, Congolais et champion international shotokan, double participation au challenge annuel Dalons Martial Heart International au Port, qui officiait. Et il s’est dit impressionné, comme tous les techniciens présents, par la technique déployée par le Portois. « J’ai appliqué les consignes de A à Z. C’était réellement une super victoire. »

Continuer à progresser

Karim Combo ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « J’ai participé par le passé à La Réunion à l’Iron Man Fight ou à la coupe AMSL. Egalement une coupe d’Europe à Lorca en Espagne où j’ai perdu au 1er tour. Avec cette victoire en coupe de France, j’espère participer à d’autres compétitions sur le continent européen et tenter de m’y distinguer. » Le ramadan terminé il y a quelques jours, le karatéka a entamé une préparation qui, espère-t-il, le préparera au plus haut niveau, tout en préservant son avenir professionnel. « Je viens de terminer un CDD à Jumbo Le Port en tant que contrat pro en BTS manager univers marchand, termine-t-il. J’ai un projet personnel sur lequel je travaille actuellement. »

Son entraîneur ne doute pas de sa réussite, tant sportive que professionnelle. « J’ai un élève un peu à mon image. Discret, sachant écouter, tout entier dévoué à son sport. Dans ma pratique [Thierry, d’abord adepte du shotokan avec la famille Chan Liat, s’est tourné en 1996 vers le kyokushinkaï] je pense que Karim est sur la bonne voie. » Professeur depuis sept ans au DPKD après avoir été président du Timing Club, le « chercheur permanent », comme il se définit lui-même, espère mener un de ses élèves jusqu’au firmament. Karim ou un autre. « A Paris, bien sûr, Karim a ramené tous les projecteurs sur lui. Mais Mathias [Layemard], 20 ans, dont c’était la première compétition nationale, n’a pas démérité [éliminé 1er tour]. » Samuel Técher, du Scorpo Kan Dojo de Patrice Sautron, s’est également incliné au 1er tour.

Texte : Jean Baptiste Cadet
Photos : Pierre Marchal

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