Julio, un talentueux traileur et un illustre sauveteur du PGHM, que La Réunion n’oublie pas… Il y a un an, disparaissait dans l’exercice de sa passion en montagne, alpiniste chevronné, un grand sauveteur du PGHM, Alain Iglésis, alias Julio ; il a été en poste sur notre île où il figura avec brio dans nos trails les plus exigeants (Trans-Dimitile, Diagonale). Les traileurs ainsi que beaucoup de réunionnais ne l’oublient pas, et nous adressons à son fils Quentin, ainsi qu’à son frère Henri Iglésis, un artiste sculpteur bien connu, tout notre soutien.
Départ, le 25 octobre 2009, depuis le cap Méchant à Saint-Philippe, de la Diagonale des Fous, sous une pluie battante. Nous courons, vagues de traileurs à contre-courant des vagues d’eau sur la piste forestière avant d’attaquer la longue et très rude monotrace remontant les flancs du volcan. Julio n’est pas impressionné, qui terminera la traversée de ces montagnes tropicales en bonne place…
Départ, le 19 mai 2021, de Julio, emporté par une perfide avalanche d’une montagne qui lui était si familière…
Mon post FB du 23 mai 2021 :
« Julio », le plus grand sauveteur en montagne du PGHM, et ayant exercé ses talents à La Réunion, vient d’être emporté mortellement par une avalanche…
D’origine pyrénéenne, ce chamoniard d’adoption, féru des hauteurs enneigées, est néanmoins venu en poste quelques années dans nos montagnes tropicales de La Réunion.
Outre par sa mission de Gendarme de Haute Montagne, il s’y est illustré en tant que sportif accompli aux avant-postes des Transdimitiles 2007 et 2008, ainsi qu’à la Diagonale 2009, celle que nous commençâmes sous une pluie torrentielle, depuis Saint Philippe, et qu’il terminera en un honorable temps de 33 heures.
Mais avant de s’improviser traileur, il est un illustre alpiniste ; son palmarès est comparable à celui d’Armand Charlet (1900-1975), l’une des figures les plus marquantes de l’alpinisme de l’entre-deux guerres… Ils ont fait chacun 100 fois, par diverses voies, la fameuse « Verte » (du nom de la célèbre et exigeante aiguille)… Le 29 juin 1865, c’est l’alpiniste anglais Edward Whimper – nom donné au couloir de la voie normale – et ses deux guides suisses Christian Almer et Franz Biner, qui réalisent la première ascension de cette aiguille, alors trop difficile pour les guides Chamoniards…
Comme c’est arrivé pour beaucoup de très grands alpiniste (Louis Lachenal, Lionel Terray…), le chevronné Alain Iglésis s’est fait surprendre un an jour pour jour après sa dernière ascension de l’aiguille verte, par une perfide avalanche dans un petit couloir sur l’arrête des Cosmiques, une vacherie sur un terrain qui n’était pour eux que de « la montagne à vaches »… Elle a tué le guide et un jeune chamoniard de 23 ans qui l’accompagnait.
Julio, qui avait exactement mon âge, a connu comme moi aussi, à la vingtaine d’années, un accident sérieux de montagne dont il avait été sauvé. A son tour, il a par la suite sauvé d’innombrables vies durant ses trente années de carrière au PGHM ; il est probablement l’homme qui a réalisé le plus de secours au monde…
Réaction de son fils : “À toutes ces centaines de vies que tu as sauvées là-haut au péril de la tienne. Hier la montagne t’a gardé près d’elle, je n’aurais pu espérer un meilleur papa, tu m’as tout appris. Mon héro”. L’île de La Réunion le remercie chaleureusement pour tous ses sauvetages locaux avec autant d’humilité que de courage, et ne l’oubliera pas.
Texte et photos : Daniel Guyot et Quentin Iglesis
