Grande favorite de ces Jeux Olympiques de Tokyo, la surfeuse Réunionnaise et numéro deux mondiale Johanne Defay a été éliminée dès les huitièmes de finale, ce lundi, par la Portugaise Yolanda Hopkins. Son rêve olympique s’envole.

« Je suis déçue de ma performance, déçue des vagues, j’ai l’impression de ne pas avoir pu tout donner. Les conditions aléatoires comme celles d’aujourd’hui ne me gênent pas, au contraire. Mais là, les vagues étaient vraiment difficiles et le plan d’eau compliqué à lire. Avec le vent, les vagues pouvaient être correctes ou s’écraser totalement. C’était beaucoup plus complexe que lors de l’échauffement de ce matin quand il n’y avait pas encore de vent sur le spot.

J’ai débuté ma série avec 2-3 vagues moins bien qu’elle. La série s’est construite là-dessus. Elle a eu de bonnes vagues d’entrée et a pris la tête. Il m’a pourtant semblé être patiente mais, à chaque vague que je prenais, ce n’était pas ouf. Je n’ai pas pu m’exprimer. C’est frustrant. Je me suis demandé si je n’aurais pas pu avoir un score un peu plus élevé sur ma meilleure vague (5,83 pts) même si elle était moins grosse que sa meilleure à elle (6,17 pts). Il m’en fallait un score moyen pour me qualifier (5,02, ndlr), mais je n’ai pas eu une seule vague avec du potentiel pour m’exprimer. Ça faisait des trous d’eau quand je partais dessus… J’y ai cru jusqu’à la fin bien sûr. Dans les 5 dernières minutes, j’avais besoin de 5 points, j’y croyais. Mais peut-être, étais-je mal placée. C’était complexe de comprendre le plan d’eau en étant dedans. Je pensais qu’en restant là où j’étais, j’aurais fini par avoir une bonne vague dans les 5 dernières minutes. Mais non.

Surfer contre quelqu’un qui n’est pas sur le tour pro ? Ce n’est pas une question de tout donner ou pas contre une adversaire moins bien classée. Je l’ai souvent dit, je ne prends pas mes résultats pour acquis face à d’autres surfeuses présumées moins fortes. Dans ma carrière, c’est ce qui m’a fait avancer. Sur le tour pro, je réalise des perfs plus souvent qu’avant et désormais contre des filles qui sont à mon niveau. C’est pour ça que je suis devant elles aujourd’hui au classement mondial. Je suis à 300% sur toutes les étapes et les séries du world tour. J’ai regardé Yolanda (Hopkins, ndlr) hier, et elle a très bien surfé contre Popo (Pauline Ado, ndlr). Je savais très bien que c’était une fille avec du potentiel. Elle n’avait rien à perdre. Pour elle, être aux Jeux est du bonus. Mais bon, elle n’a pas fait deux vagues à 8 points non plus. Ce n’était pas ouf. Mais moi non plus. Je suis vraiment frustrée.

Les JO ? C’est compliqué d’avoir les mots justes à chaud. On nous en parle depuis si longtemps mais avec la situation sanitaire, ce n’est pas ce à quoi je m’attendais. J’aurais voulu vivre des Jeux avec du public, de l’ambiance, rencontrer d’autres athlètes. C’est forcément très différent. Je suis un peu déçue de ne pas avoir vécu des Jeux comme ça. Le bénéfice que j’en tire, est que l’on va pouvoir commencer à avoir des objectifs sur le long terme. Comme les autres athlètes, les autres sports olympiques. Cela va améliorer notre approche du temps olympique. Sur le circuit professionnel, il y a toujours une compétition à suivre. Tu peux rebondir très vite après une contre-performance. Moi en tout cas, je joue sur ma consistance dans la saison et ça a toujours payé. Une compétition d’un jour comme les JO, c’est différent. C’est compliqué pour nous d’avoir des compétitions d’un jour quand on dépend totalement des conditions météos, comme c’est le cas aujourd’hui. Mais voilà, c’était une expérience en tout cas. Je vois le côté négatif pour le moment car je sors à peine de l’eau mais je vais trouver des choses positives de ces Jeux, c’est sûr.

Il va falloir attendre 3 ans pour les prochains Jeux qui auront lieu à Tahiti, Teahupo’o est une vague qui ne nivellera pas le niveau comme ici au Japon. Ce sera à l’opposé de ce qu’on a pour nos premiers Jeux.

Je vais devoir me remobiliser. Je suis une compétitrice et je ne peux pas dire que cette défaite ne m’affecte pas. Je ne peux pas dire que le plus important est le tour mondial. Je me suis beaucoup investie dans cette aventure olympique. Mon coach Simon Paillard s’est lui aussi beaucoup investi à mes côtés. Néanmoins, je le redis, mon métier c’est le tour pro, c’est ce qui me fait vivre. Je vais digérer ces Jeux. Je venais ici pour prendre de l’expérience et voir comment se déroulaient les Jeux Olympiques. J’ai vu pas mal de choses différentes de ce que l’on a l’habitude depuis tant d’années. »

Texte FFS
Photo : ISA/Pablo Jimenez

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