Le Grand-Raid 2019 est terminé. Avec ses joies, ses médailles, ses souffrances et ses abandons. Une course hors norme, où les anonymes côtoient des champions. Parmi ceux qui courent pour le plaisir de se dépasser et non pour la gloire, un homme, vétéran 3 qui a déjà couru 25 Grand-Raid. Daniel Guyot, un coureur hors du commun, dont la modestie n’a d’égal que sa sensibilité.

Il n’est jamais monté sur un podium du Grand-Raid. Si ce n’est hier soir où Daniel Guyot a reçu un prix spécial de la part des organisateurs de la Diagonale avec un tirage photo offert par Gadiamb. Très ému, Daniel avait du mal à cacher son émotion. Cet habitué des podiums, (il en totalise déjà 35 depuis janvier cette année en 36 trails) considère le Grand-Raid comme une course à part. « J’ai couru mon premier Grand-Raid en 1989. Je fête aujourd’hui mes longues années de participation pour en avoir couru 25 au total. Je les ai tous terminé. Une date clé puisque je viens de fêter mes 60 ans il y a quelques jours ».

Daniel à qui il arrive de faire deux courses par week-end ne court pas après une quelconque reconnaissance. Pour lui, courir est un mode de vie, un besoin vital. « Le Grand-Raid est pour moi un rituel, c’est mon contrôle technique qui me permet de savoir où j’en suis physiquement. Mon objectif cette année était d’arriver dans de bonnes conditions sans forcer sur la machine et sans me mettre trop de pression. J’ai voulu doser. Avec tempérance. Pour moi, c’est vraiment une course à part. Et je ne veux en aucun me faire mal en forçant trop. Je tiens à me préserver. Je ne recherche pas la performance à tout prix. Le but n’est pas de trop donner pour me fracasser. Comme dans le livre d’Axel Gauvin,  il me plaît de reprendre cette expression créole ‘’tomb pa dan fo trin’’, confie Daniel l’œil un brin malicieux.

Daniel Guyot a bouclé son 25ème Grand-Raid en 46h22 et s’octroie la 727ème place. Pas mal quand on sait qu’il a tenu à profiter des paysages splendides par une météo plus que favorable. «Ce qui m’amuse, c’est de me dire qu’à soixante balais, je suis encore capable de le faire. C’est une forme de satisfaction personnelle. Je le vois comme un beau cadeau d’anniversaire. C’est symbolique, mais ça ne va pas changer grand-chose dans le fond. Ce que je veux surtout, c’est rester fidèle à certaines valeurs de liberté, de rapport à la nature… Des valeurs que le trail mondial a tendance à absorber parfois. Je veux me dire que je resterai une bête jusqu’au bout… Cela a aussi été l’occasion de faire des bouts de chemin en compagnie de coureurs que je ne connaissais pas. C’est convivial. C’est aussi cela l’esprit Grand-Raid. C’est une grande famille. Je ne voulais pas forcer. J’ai joué la sécurité pour me préserver pour les autres courses dans l’année. Car même en vacances en Bretagne je cours les week-end et participe à des courses. Mon objectif sur le Grand-Raid était de finir samedi avant 20h00. J’avais un apéro. Et je n’aime pas être en retard. Je voulais finir en bon état. Car le week-end prochain je dois faire la course de l’ail, la plus ancienne de l’île. Je ne la raterais pour rien au monde »

Mais quand s’arrêtera t’il de courir ?

Texte et photo: Pierre Marchal

 

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Pierre Marchal
Installé à la Réunion depuis 28 ans. Après avoir exercé onze ans comme journaliste au Quotidien de la Réunion, puis fondateur d’une agence photographique MozaikImages regroupant 95 auteurs dans l’océan Indien mais aussi au Japon et en Australie, Pierre Marchal a opté en 2005 pour une activité free lance lui permettant de se consacrer à son sujet de prédilection : l’être humain.

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