Les cinq Réunionnais ont tous triomphé de leurs adversaires thaïs, samedi soir au Moufia, avec plus ou moins de panache.
« La nuit du muay thaï », samedi soir au gymnase du Moufia à Saint-Denis, s’est achevée au milieu d’une soirée entièrement parée des couleurs réunionnaises puisque le Réunion – Thaïlande annoncé a tourné au triomphe local. 5-0 : au-delà du chiffre brut et cruel pour les visiteurs, c’est à l’aune du comportement des cinq « nakmuays péi » qu’il convient d’analyser un gala spectaculaire de bout en bout.
Alexis Armand a eu l’honneur d’essuyer les plâtres. Formaté depuis plusieurs semaines au K1 – le jeune Dionysien est revenu en bronze du championnat d’Europe en juillet, puis d’un stage avec l’équipe de France, avant de mettre le cap sur les Mondiaux de Sarajevo en octobre –, le protégé de Jean-Luc Robert était opposé à un sacré client en la personne de Backjoe. Un bon balayage initial, quelques séries des deux poings n’ont pas suffi à mettre à distance le Thaï, impressionnant en coups de genou et en corps à corps. Aux front kicks du Dionysien, Backjoe répliquait de la même manière en y ajoutant des clinchs dévastateurs. Le Thaïlandais maintenait une pression énorme dans le deuxième round, dont Alexis avait du mal à se défaire avant de revenir fort dans l’ultime reprise, poussé par un public connaisseur qui appréciait le duel. A la surprise des puristes, Alexis Armand, dont le mérite a été énorme de pouvoir contenir un adversaire peut-être trop sûr de lui, était donné vainqueur, deux juges à un.
Naxos, un pur « thaï »
Cette bonne entame donnait confiance à Josué Absalon, très bien préparé par son équipe à affronter Krungpitchit, issu du même camp que ses compatriotes, le Fonjang Pumphanmuong Gym à Chunburi, à quelque 80 km de Bangkok et 30 km de Pattaya, où le grand Saiyok a fait ses gammes. Ce camp appartient au colonel Pumphanmuong, un des promoteurs du stadium Lumpinee. Ce pedigree prestigieux n’a pas empêché le moins de 60 kg de subir la loi du Dionysien qui a pris l’ascendant d’entrée, combinant bien des deux poings mais n’hésitant pas également à accepter le corps à corps. Ce travail de sape devait payer dans l’ultime reprise où un coup de genou au corps faisait plier pour le compte le Thaïlandais.
Après cette très belle entrée en matière, il revenait à Vincent Naxos, dont la boxe, très « thaïe », est une seconde nature, à donner le point de la victoire au camp local. Le protégé de la Team Robert profitait de son allonge et de ses longs segments pour bâtir son succès face à Rungravee. Il était conforté par ses projections efficaces qui marquaient les esprits et son adversaire, impuissant devant la panoplie de coups qui s’abattait sur lui. Incapable de déstabiliser le Réunionnais, Rungravee pouvait s’estimer heureux de terminer le combat, tant Naxos paraissait intouchable.
3-0, la messe était dite. Ne restait plus qu’à parachever le succès en triomphe. C’est ce à quoi s’employait Olivier Yasser Lagarrigue qui avançait sur Rungthiwa sans oublier de se déplacer en variant les coups, larges crochets, uppercuts et fouettés jambe gauche, sa spécialité, dont Rungthiwa se méfiait énormément. Très « K1 » dans son attitude, le protégé de Patrick Payet s’oubliait dans le deuxième round. Et son adversaire, qui ne bronchait pas face aux coups qui pleuvaient, distribuait des coups de genou qui ébranlaient le Sudiste, un moment sonné. Heureusement, dans l’ultime reprise, Lagarrigue parvenait à retrouver sa boxe plus mobile et emportait la décision des juges d’un souffle.
Vianney Sépéroumal, toujours invaincu depuis une bonne dizaine de combats, se devait de ne pas perdre la face, opposé au solide Apidej, à la flatteuse réputation. Il en faut plus en effet pour impressionner le placide Dionysien qui trouve entre les cordes du ring un terrain d’expression idéal. A l’issue d’un féroce premier round, avec de nombreux corps à corps, Sépéroumal faisait tomber par deux fois son adversaire dans la deuxième reprise, prenant un net avantage. Mais le Thaïlandais exprimait toute sa hargne et sa volonté dans l’ultime round en pliant en deux le Réunionnais qui peinait à reprendre le combat. Porté par son public, courageux en diable, le Dionysien parvenait à garder un avantage sur son adversaire et parachevait le travail collectif.
5-0 : face à une opposition tout à fait cohérente menée par le bouillant « Doudou », peu de spécialistes auraient mis une pièce sur ce score, peut-être flatteur, mais qui en dit long sur les progrès des « nakmuays péi ».
Les résulats
K1 Classe B : Florent Testan (Bois de Nèfles) bat Mickaël Cerveaux (Kibio BC)
K1 Classe B : Jérémy Rivière (Baobab Tampon) bat Mathieu Parassouramain
Thaï Classe A : Loïc Singama (Bois de Bèfles) bat Pierre Constantini (Jet Boxing)
K1 Classe A : Mickaël Virin (UBCD La Source) – Jérôme Filaumart (Vincendo)
K1 Classe A : Ulrich Zémia (Bois de Nèfles) bat Fabien Manouere (ASCE Vincendo)
Réunion – Thaïlande 5-0
-54 kg : Alexis Armand (Bois de Nèfles) bat Pumphanmuong Backjoe (Thaïlande)
-60 kg : Josué Absalon (Bas de la Rivière) bat Pumphanmuong Krungpitchit (Thaïlande)
-66 kg : Vincent Naxos (Bois de Nèfles) bat Pumphanmuong Rungravee (Thaïlande)
-65 kg: Olivier Yasser Laguarrigue (ASCE Vincendo) bat Pumphanmuong Rungthiwa (Thaïlande)
-75 kg: Vianney Sépéroumal (UBCD La Source) bat Pumphanmuong Apidej (Thaïlande)
Textes : Jean Baptiste Cadet
Photos : Pierre Marchal