Les Français Vahine Fierro et Joan Duru se sont qualifiés pour les 8es de finale lors du premier tour non éliminatoire de l’épreuve de surf des Jeux Olympiques de Paris 2024, disputées dans de très belles vagues de 1m50 à 2m, ce samedi à Teahupo’o. Kauli Vaast et Johanne Defay (2e de leur série) sont, eux, versés en repêchages qui doivent se disputer dimanche à Tahiti dans des vagues sensiblement égales.
Deux mois après sa victoire éclatante sur le Tahiti Pro, 6e manche du circuit mondial, Vahine Fierro a continué à surfer dans les mêmes standards sur « sa » vague de Teahupo’o. Dans une série largement à sa portée, la Française a rapidement pris les devants avec un joli tube (6,17 pts), avant de conclure ses 30 minutes par une deuxième vague à la moyenne (5 pts). Jamais inquiétée, elle s’impose avec un total de 11,17 pts sur la Péruvienne Sol Aguirre (4,30) et l’Espagnole Janire Gonzalez Etxabarri (2,43) et file logiquement en 8es de finale.
De son côté, Joan Duru a retourné dans la dernière minute une situation qui l’envoyait en repêchages. Alors que l’Australien Jack Robinson, n.3 mondial et vainqueur du Tahiti Pro 2022, semblait avoir le contrôle de la situation après deux bonnes vagues en tout début de série, Joan Duru est allé trouver une très belle vague dans les dernières secondes. La technique du Français a impressionné les juges qui lui ont accordé la note de 7,67 pts alors qu’il recherchait un 7,21 pts pour se qualifier directement en 8es de finale. Avec 13,84 pts de total, Duru s’adjuge la première place de très peu devant Robinson (13,36 pts) et termine loin devant le Sud-Africain Mat McGillivray (5,26 pts).
Ce dernier sera l’adversaire de Kauli Vaast au tour de repêchages. Le Tahitien a manqué le début de sa série, prenant un très long tube mais chutant à la sortie. A contre-temps, il a vu l’Américain Griffin Colapinto trouver les meilleures vagues. Vaast a eu une belle vague en toute fin de série (7,80 pts) mais trop tard pour revenir sur Colapinto, lequel s’impose avec le deuxième meilleur total de points du jour (17,03 pts) sur le Français (13,63 pts) et le Péruvien Lucca Mesinas (11,10 pts).
Defay prend tous les risques
En toute fin de journée, Johanne Defay a marqué les esprits en prenant tous les risques alors que la houle grossissait sur le spot de la presqu’île. Sur sa première vague, elle a lourdement chuté et s’est ouvert le front. Après avoir enfilé un casque de protection, elle est retourné au charbon mais a pris deux nouvelles grosses boites coup sur coup. Pendant ce temps, la Costaricienne Brisa Hennessy, finaliste du Tahiti Pro en mai, a enfilé les tubes et pris le large avec 15,56 pts de total. Timide en début de série puis totalement relâchée, la Nicaraguayenne Candelaria Resano avait pris la deuxième place de la série avec 9,43 pts de total avant que Defay ne la double d’un rien après une dernière vague pour un total de 9,50 pts. En repêchages, ce dimanche, la n.1 française affrontera l’Australienne Molly Picklum dans ce qui est assurément la série la plus relevée de ce tour à élimination directe. Finaliste à Pipeline, vainqueur à Sunset Beach et quarts de finaliste à Teahupo’o en mai dernier sur le tour mondial, Picklum est un gros morceau sur la route des 8es.
RÉSULTATS
Tour 1 messieurs
Série 2 : 1. Joan Duru (France) 13,84 pts, 2. Jack Robinson (Australie) 13,36 pts ; 3. Matthew McGillivray (Afrique du Sud) 5,26 pts
Série 7 : 1. Griffin Colapinto (Etats-Unis) 17,03 pts, 2. Kauli Vaast (France) 13,63 pts, 3. Lucca Mesinas (Pérou) 11,10 pts
Tour 1 dames
Série 2 : 1. Vahine Fierro (France) 11,17 pts, 2. Sol Aguirre (Pérou) 4,30 pts, 3. Janire Gonzalez Etxabarri (Espagne) 2,43 pts
Série 5 : 1. Brisa Hennessy (Costa Rica) 15,56 pts, 2. Candelaria Resano (Nicaragua) 9,43 pts, 3. Johanne Defay (France) 9,50 pts
RÉACTIONS
Joan Duru, qualifié pour les 8es de finale : « C’est un super début (de compétition) ! J’étais un peu dedans dans les premières minutes, j’ai laissé passer la première vague, j’aurais peut-être pu l’avoir, et c’est Jack (Robinson) qui l’a prise. Ça m’a mis un peu à contretemps. Je savais qu’il n’y avait pas beaucoup de rythme ce matin, et je m’en suis voulu. En plus, Jérémy (Florès, le manager) m’avait dit d’être un peu plus en bas parce que les vagues d’ouest arrivent un peu en dessous à cette taille. Je me suis reconcentré, je me suis dit « il va sûrement y avoir deux vagues », je suis resté dedans. A la fin, j’étais 3e priorité, il ne restait pas beaucoup de temps. Je me suis dit : « ne lâche pas, ne lâche pas ! Va dedans ! » Cette vague est arrivée, un peu petite mais vu que j’étais dedans et bien profond dans le tube j’ai eu le score ! C’était une série super dure. Jack (Robinson, vainqueur en 2023 du Tahiti Pro) est le meilleur ici. McGillivray a fait un 10 il y a deux ans. C’était une série très dure mais je n’ai pas voulu regarder les noms. J’avais mon plan. Quand je suis sorti du tube sur ma dernière vague, je savais que ça allait être très serré. Le tube était profond mais la vague petite. Je me suis dit « bon, on rentre se reposer, et on se prépare pour les repêchages… » Et quand le score est tombé : « waouh ! Incroyable ! »
Vahine Fierro, qualifiée pour les 8es de finale : « J’ai eu deux bonnes vagues et je me sentais à l’aise sur ma planche. Je suis contente de ma performance. C’était un peu lent pendant ces 30 minutes. Parfois, il y avait plusieurs séries de vagues, parfois un peu moins, pareil avec le vent. En surf, il faut s’adapter constamment et c’était un peu le thème aujourd’hui. Donc voilà, j’ai pu trouver mes deux bonnes et ça a suffi. J’aime toutes les conditions, quand c’est petit, quand c’est gros. Pas trop gros non plus (rires). Aux JO, il y a les meilleurs surfeurs au monde, il faut savoir surfer dans toutes sortes de conditions. Teahupo’o est vraiment une vague qui m’a fait grandir dans tous les sens du terme : mentalement, physiquement, émotionnellement, dans la vie de tous les jours. J’y ai passé les meilleurs moments de ma vie comme les pires.
Je suis passé juste après Kauli (Vaast). On s’entraîne tous les jours ensemble et on est comme frère et sœur, on se motive, on se pousse, on s’entraide et il y a une bonne énergie entre nous deux. J’ai vu qu’il avait fait deuxième et qu’il était donc en repêchages. Il va se qualifier pour les 8es, j’en suis sûre.
Je ne sais pas quand je vais avoir mon 8es de finale. Peut-être en fin de semaine prochaine ? Je vais me reposer, bien dormir, bien manger. On a la chance aussi d’avoir notre famille ici, je vais essayer de les voir un peu. Et je vais attendre pour avoir de bonnes conditions. »
Kauli Vaast, versé en repêchages : « Je suis juste super content et fier d’avoir pu mettre ce lycra avec les anneaux olympiques, d’avoir pu aller à l’eau dans des vagues parfaites. La première série est souvent la plus dure. Elle a été compliquée surtout au niveau de l’émotion. C’est quand même incroyable ce qui se passe. Surtout pour moi, qui a la chance de pouvoir faire les Jeux à la maison. Je me suis senti très bien à l’eau, bien mentalement, j’étais calme et je ne pense pas avoir fait beaucoup d’erreurs. Mais voilà ce n’est pas passé. Ça fait un peu ch… mais je vais être encore plus énervé pour les repêchages. Cette série marquait le résultat de tous les entraînements, tous les sacrifices, tout le stress, tout le travail pour arriver à ce jour-là. J’ai une bonne vague sur la fin (7,80 pts). Clairement si j’étais tombé, j’aurais été fou. Mais là je suis réussi à sortir, il fallait un gros score pour revenir sur Colapinto et c’était compliqué. Mais le fait de sortir cette vague-là m’a rendu vraiment content. J’ai même poussé un petit cri de joie parce que j’avais besoin de lâcher. Et de me dire : ça y est ! C’est parti. Les plus grosses vagues ne tubaient pas bien ce matin et j’ai préféré partir sur la première (à 10 minutes de la fin). Et comme par hasard, celle juste après la mienne a tubé ! … C’est comme ça. Je savais qu’il y avait une série derrière, mais je me suis dit que la première allait être meilleure. »