Pascale Bibaut, ex-entraîneure de l’équipe de France féminine, a encadré durant deux semaines les sélections de La Réunion de tennis de table pour les Jeux des îles. Si elle reconnaît que la tâche ne sera pas aisée, elle a entière confiance dans les capacités du groupe Réunion à se surpasser.
Pascale Bibaut était encore en charge de l’équipe de France féminine de tennis de table jusqu’à novembre dernier. Désormais rattachée à la fédération en tant que responsable des relations internationales, elle a remplacé au pied levé le cadre fédéral qui était pressenti pour dispenser aux entraîneurs péi une formation d’initiateur et d’animateur et surtout pour venir encadrer, au travers de stages bloqués, les sélections masculine et féminine qui participent dans quelques jours aux Xe Jeux des îles de l’océan Indien.
- Pascale Bibaut, quel bilan pouvez-vous faire des deux semaines de stage avec les sélectionnés réunionnais pour les Jeux ?
- Je les ai trouvés à l’écoute, motivés et présents tout au long de ces stages bloqués, avec une montée en puissance qui me rend confiante dans leur capacités à défier leurs adversaires à l’île Maurice. Ils sont prêts à en découdre.
- Les connaissiez-vous avant votre venue dans l’île ?
- Non, mis à part Audrey (Picard) qui était venue à l’âge de 15 ans en métropole pour deux ans de sport-études et que j’avais côtoyée en Ile-de-France. Cette sélection est jeune, elle me paraît plus armée chez les hommes que chez les filles (1) qui ne sont pas moins enthousiastes. Après, il est difficile de comparer leur niveau par rapport à une autre région de métropole, parce que l’environnement est complètement différent et que les Réunionnais ont très peu l’occasion de se confronter avec des athlètes de métropole.
« Il ne faut pas se référer au seul classement »
- Peut-elle damer le pion à des sélections plus fortes sur le papier, comme Madagascar avec Jonathan Nativel, ou la formation mauricienne ?
- Il ne faut pas se référer au seul classement. Il est vrai que Jonathan Nativel a joué avec le groupe France lorsqu’il était cadet et que c’est un bon joueur. Mais sur une compétition, la motivation, le contexte, l’esprit d’équipe peuvent balayer le classement théorique. Tout est possible. Certains Malgaches, les Mauriciennes d’une manière générale peuvent paraître supérieurs. Mais le jour de la compétition, les cartes sont rebattues. L’exemple de l’équipe de France féminine au dernier championnat d’Europe (ndlr : en 2017, les filles terminent 10e alors que la mieux classée n’est que 118e mondiale) en est l’exemple. Les athlètes peuvent se transcender le jour J, c’est ce qu’on attend d’eux. Chez les Réunionnais, même si les garçons paraissent plus homogènes avec trois joueurs de niveau proche, les filles peuvent tirer leur épingle du jeu.
- D’une manière générale, que faudrait-il au tennis de table réunionnais pour grandir ?
- La première étape, à mon sens, passe par une professionnalisation de l’encadrement. J’en ai pris pleinement conscience lors de mon stage à destination des entraîneurs locaux, qui ont une soif d’apprendre mais qui se trouvent également confrontés à des problèmes de créneaux horaires, à l’absence de salle spécifique pour la discipline. Former les entraîneurs, c’est améliorer la qualité technique des compétiteurs, produire une dynamique qui pousse tout le monde vers le haut. La seconde étape, c’est que les pongistes réunionnais aient plus l’occasion de venir disputer des tournois, effectuer des stages en métropole puis participer à des championnats. Mais avant toute chose, c’est par la formation de l’encadrement que le tennis de table réunionnais va progresser.
Textes: Jean Baptiste Cadet
Photos: Pierre Marchal
(1) On apprenait vendredi par la bouche d’Isabelle Alliot-Michoux, la présidente de la ligue réunionnaise de tennis de table, que l’une des meilleures joueuses de la sélection, Colyne Folio, licenciée à Nice et installée au Creps de Boulouris, était forfait pour les Jeux en raison d’une blessure. Une sérieuse chance de médaille qui s’envole pour le Club Réunion.