Le champion olympique Kauli Vaast est devenu ce dimanche vice-champion du monde ISA à Surf City (Salvador), lors de la neuvième et dernière journée des World Surfing Games. Dans des vagues puissantes de 2,50 m, le Tahitien décroche l’argent. Jorgann Couzinet, lui, prend la 6e place de la compétition. La France termine à une solide 4e place par nations derrière l’Australie, le Pérou et l’Espagne.

En grande finale, Kauli Vaast a sorti sa meilleure prestation de la compétition avec un total de 17,57 points. Mais c’est l’Australien Dane Henry qui s’impose avec 18,17 pts, grâce notamment à un 9,50 jugé généreux qui a fait basculer la série. Longtemps quatrième à dix minutes de la fin, Vaast a renversé la situation en claquant deux droites d’exception, notées 8,70 et 8,87, qui auraient sans doute mérité davantage. Il voit l’or lui échapper pour seulement 0,60 point.
« Je suis fier d’avoir disputé la finale avec cette équipe de France au top cette année. C’est pour ça que j’aime cette compétition : enchaîner les séries, vivre en groupe, supporter les autres et sentir leur soutien en retour, ça motive plus que tout », a réagi Vaast.
Cinquième en 2023, troisième en 2024 et désormais deuxième en 2025, le Tahitien se rapproche irrésistiblement de l’or. « J’ai fait l’une de mes meilleures séries, tant au niveau de la stratégie que du surf. J’ai tout donné. Je suis triste de ne pas gagner, mais en même temps impressionné par tout le monde : les jeunes, les filles, chacun a tout donné jusqu’au bout. L’an dernier j’ai terminé 3e, cette année 2e… j’espère que la prochaine fois ce sera la victoire », a-t-il ajouté.
Avec Henry, Vaast est le seul surfeur à avoir atteint la finale sans jamais passer par les repêchages, comme l’an dernier à Porto Rico. Une constance qui confirme son statut de leader de l’équipe de France.

Jorgann Couzinet manque le coche

Autre pilier de l’équipe, Jorgann Couzinet a semblé en retrait lors de cette dernière journée. En finale de tableau, le champion d’Europe a pris la quatrième place, subissant les aléas de la série sans jamais trouver le rythme. Reversé en finale de repêchages, il avait encore la possibilité de rejoindre la grande finale en terminant dans les deux premiers. Mais le Réunionnais a chuté à plusieurs reprises, multiplié les mauvais choix stratégiques et n’a pas réussi à s’exprimer pleinement. Il termine finalement 6e mondial, une place frustrante au regard de son niveau affiché tout au long de la semaine.
Pour sa deuxième sélection en Bleus, Couzinet confirme toutefois qu’il est un solide compétiteur, lui qui avait pris la 7e place en 2018 au Japon. Une performance d’autant plus remarquable qu’il devait aussi composer avec la perte d’un ami très proche survenue cette semaine, une épreuve qui l’a forcément affecté.

Une médaille de cuivre pour la France

Grâce à Vaast et Couzinet, mais aussi au courage de ses jeunes pousses, la France décroche la 4e place par nations. Devancée par l’Australie, le Pérou et l’Espagne – cette dernière portée par le sacre mondial de la Basque Janire Etxabarri – l’équipe tricolore se classe néanmoins devant des nations majeures comme le Brésil, le Japon ou le Portugal.
Cette médaille de cuivre récompense une équipe rajeunie, emmenée par Kauli Vaast, soutenue par l’expérience de Couzinet et l’énergie d’une nouvelle génération. La moyenne d’âge des filles était de 17 ans seulement, signe d’un avenir prometteur.

Un staff renouvelé et des ambitions claires

À la tête du collectif, Jérémy Florès dirigeait les Bleus pour la quatrième fois (Mondiaux 2023 et 2024, JO 2024, Mondiaux 2025). Entouré de deux nouveaux coachs, Joan Duru et Pauline Ado, il a su conduire cette équipe en reconstruction jusqu’au jour final.
« On savait qu’on venait avec une équipe jeune et incomplète. Certains cadres comme Tya Zebrowski, Marco Mignot ou Vahine Fierro ont choisi de souffler après une saison éprouvante. On s’en sort très bien, avec une moyenne d’âge de 17 ans chez les filles. L’ADN de l’équipe de France, c’est de ne rien lâcher, de tout donner, du premier au dernier jour. Le surf, c’est un apprentissage permanent : perdre, gagner, pleurer, se relever, recommencer. C’est comme ça qu’on construit des champions », souligne Florès.

Cap sur 2026 et les JO 2028

Ce résultat assure à la France un statut de tête de série pour les Mondiaux 2026, qui devraient attribuer les premiers quotas olympiques. Avec cette médaille de cuivre, l’émergence de jeunes talents et un staff déjà tourné vers l’avenir, les Bleus confirment qu’ils restent dans le cercle des grandes nations du surf, avec en ligne de mire les Jeux olympiques de Los Angeles 2028.

Jorgann Couzinet prend la 6e place de la compétition. (© ISA / Sean Evans)

RÉACTIONS
Kauli Vaast, vice-champion du monde
« Je suis fier d’avoir disputé la finale avec cette équipe de France au top cette année. C’est pour ça que j’aime cette compétition : enchaîner les séries, vivre en groupe, supporter les autres et sentir leur soutien en retour, ça motive plus que tout. Je suis bien sûr déçu, parce que j’ai trouvé certains jugements un peu bizarres. Mais ça ne sert à rien de râler. J’ai fait l’une de mes meilleures séries, tant au niveau de la stratégie que du surf. J’ai tout donné. Je suis triste de ne pas gagner, mais en même temps impressionné par tout le monde : les jeunes, les filles, chacun a tout donné jusqu’au bout.
Je veux remercier tous les coachs et tout le staff : le Doc (Thierry Durantel), Thibault (Paraillous) pour la physio, Hugo (datas), Pierre (logistique)… Sans eux, on n’aurait pas été aussi loin. Ils nous rappellent de penser à surfer notre meilleure vague, de s’amuser, et ça marche. Je suis super fier de cette équipe. La prochaine fois, on va gagner. Cette compétition me tient vraiment à cœur, je m’y sens bien. L’an dernier, j’ai terminé 3e ; cette année 2e. J’espère que la prochaine fois, ce sera la victoire ! »

Jorgann Couzinet, 6e mondial

« On n’a pas vu le Jorgann de la semaine… C’est comme si mon surf avait disparu d’un coup. Émotionnellement, j’étais lessivé. J’ai beaucoup pleuré ces derniers jours à cause de la perte de mon pote qui est décédé. La compétition a été super intense, mon dos me faisait mal, ma cheville commençait aussi à lâcher… J’ai cru que j’allais réussir à dépasser tout ça pour le représenter au maximum. Mais j’ai craqué. Malgré tout, ça me donne envie de m’entraîner encore plus fort. Finir 6e sur une compétition aussi longue, avec autant de monde, ça reste une belle perf. Il faut retenir ça. Mais en tant que compétiteur, c’est dur de perdre si près du podium. Je voulais absolument y monter et ça n’a pas été le cas cette fois-ci. L’année prochaine, je reviendrai pour tous les battre. Ce retour en équipe de France m’a fait beaucoup de bien. Ça faisait longtemps. J’ai retrouvé une ambiance particulière, une vraie cohésion : on se pousse les uns les autres, on est là les uns pour les autres. C’est excitant et ça me donne envie de revenir, de refaire péter ! Cette semaine a été très riche avec l’équipe, les conseils des coachs, le soutien médical. Je vais garder tout le positif. Dans 15 jours, je serai à Ericeira pour le Challenger Series, avec les crocs. Le fait d’avoir passé des séries et d’avoir su être solide quand il fallait va clairement me servir pour la suite. Mon objectif reste le CT. Je ne lâcherai rien. »

Photos Sean Evans

RÉSULTATS

Finale messieurs
1. Dane Henry (Australie) 18.17 pts
2. Kauli Vaast (France) 17.57 pts
3. Morgan Cibilic (Australie) 14.77 pts
4. Douglas Silva (Brésil) 13.60 pts

Finale dames
1. Janire Etxabarri (Espagne) 14.57 pts
2. Yolanda Sequeira (Portugal) 13.57 pts
3. Sally Fitzgibbons (Australie) 13.57 pts
4. Arena Rodriguez (Pérou) 8.53 pts

Finale de repêchages messieurs
1. Douglas Silva (Brésil) 15.66 pts
2. Morgan Cibilic (Australie) 13.14 pts
3. Teva Bouchgua (Maroc) 10.57 pts ** 5e place au général
4. Jorgann Couzinet (France) 7.47 pts ** 6e place au général

CLASSEMENT FINAL DES NATIONS
1. Australie 3935 pts
2. Pérou 3143 pts
3. Espagne 2943 pts
4. France 2743 pts
5. Brésil 2595 pts
6. États-Unis 2593 pts
7. Portugal 2545 pts
8. Argentine 2120 pts
9. Allemagne 1965 pts
10. Costa Rica 1918 pts
11. Pays-Bas 1800 pts
12. Équateur 1653 pts
13. Afrique du Sud 1560 pts
14. Japon 1551 pts
15. Chili 1476 pts
16. Porto Rico 1422 pts
17. Indonésie 1380 pts
18. Grande-Bretagne 1364 pts
19. Maroc 1346 pts
20. Nouvelle-Zélande 1240 pts
(61 pays classés)

LES RESULTATS DES FRANÇAIS
Kauli Vaast : vice-champion du monde
Jorgann Couzinet : 6e place
Kiara Goold : 17e au général
Clémence Schorsch : 21e au général
Aelan Vaast : 29e au général
Sam Piter : 61e au général

L’ÉQUIPE DE FRANCE
Kauli Vaast (23 ans, Vieux Boucau Surf Club)
Jorgann Couzinet (31 ans, St Leu Surf Club)
Sam Piter (22 ans, Hossegor Surf Club)
Kiara Goold (15 ans, Hossegor Surf Club)
Aelan Vaast (20 ans, Hossegor Surf Club)
Clémence Schorsch (16 ans, Hossegor Surf Club)

Jérémy Florès (manager)
Joan Duru (entraîneur)
Pauline Ado (entraîneur)
Cédric Leroy (DTN)
Pierre Loquet (logistique)
Hugo Palmarini (datas)
Thierry Durantel (médecin)
Thibaut Paraillous (kiné)

LES 10 DERNIERS CHAMPIONS DU MONDE
NATIONS
2025 : Australie (France 4e)
2024 : Brésil (France 2e)
2023 : Pérou (France 2e)
2022 : Etats-Unis (France 3e)
2021 : France
2019 : Brésil (France 13e)
2018 : Japon (France 6e)
2017 : France
2016 : Pérou (France 4e)
2015 : Costa Rica (France absente)

MESSIEURS
2025 : Dane Henry (Australie)
2024 : Gabriel Medina (Brésil)
2023 : Alan Cleland (Mexique)
2022 : Kanoa Igarashi (Japon)
2021 : Joan Duru (France)
2019 : Italo Ferreira (Brésil)
2018 : Santiago Muniz (Argentine)
2017 : Johny Corzo (Mexique)
2016 : Leandro Usina (Argentine)
2015 : Noe Mar McGonagle (Costa Rica)

DAMES
2025 : Janice Etxabarri (Espagne)
2024 : Sally Fitzgibbons (Australie)
2023 : Tatiana Weston-Webb (Brésil)
2022 : Kirra Pinkerton (Etats-Unis)
2021 : Sally Fitzgibbons (Australie)
2019 : Sofia Mulanovich (Pérou)
2018 : Sally Fitzgibbons (Australie)
2017 : Pauline Ado (France)
2016 : Tia Blanco (Etats-Unis)
2015 : Tia Blanco (Etats-Unis)

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Pierre Marchal
Installé à la Réunion depuis 28 ans. Après avoir exercé onze ans comme journaliste au Quotidien de la Réunion, puis fondateur d’une agence photographique MozaikImages regroupant 95 auteurs dans l’océan Indien mais aussi au Japon et en Australie, Pierre Marchal a opté en 2005 pour une activité free lance lui permettant de se consacrer à son sujet de prédilection : l’être humain.

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