Jean Gustavo, président de Foot Run 974 et bien connu sur les stades de foot réunionnais revient sur le parcours et son enfance avec Hosman Gangate. Adolescents, ils ont tapé la balle ensemble. Une époque pas toujours facile où les deux dalons ont connu ensemble des réussites et des échecs, toujours unis autour de cette passion commune pour le ballon rond. Souvenirs footballistiques d’un fort en gueule au grand cœur. Jean Gustavo se souvient.
Depuis sa nomination le week-end dernier au poste de DTR, la grande majorité des médias retracent le parcours de Hosman Gangate depuis son enfance jusqu’à aujourd’hui. On vient d’une génération où il fallait se battre pour y arriver; le plus dur, c’est à l’âge de l’adolescence. C’est à cette période qu’on délimite nos rêves sans avoir nos parents sur le dos, on ment ou on reste droit, nos premiers baisers, les premières histoires d’amour, l’influence.
Je le connaissais petit à l’époque où son père Goulam Gangate était entraîneur de la JS Saint-Pierroise, on tapait la balle ensemble près des anciens vestiaires à l’ombre des filaos du Stade Cayenne pendant la rencontre des Juniors. Il n’était pas le fils de “Gola” pour rien. “C’est pas comme ça qu’on fait une passe, un extérieur !” A force on croyait entendre “Gola” pendant la causerie (Rires..). Après on a choisi des voies différentes mais le foot est toujours resté ancré en nous.
On peut être le fils d’une personnalité du milieu ou pas, avoir les moyens ou pas, ce n’est pas cela qui fera de nous des hommes. Oui ça peut aider, avoir un petit coup de pouce par ici ou par là. Mais notre chemin on le prend seul, généralement avec difficulté mais si on est forgé on affronte tout.
Le reste après c’est le destin qui s’en charge. Une maman dit toujours….”ma fait mon zenfan mais ma pa fait son cœur.” Cette phrase a toute son importance venant d’une maman, Hosman n’était pas fabriqué pour être DTR, c’est juste son parcours qui l’a amené là. Transmettre ce qu’il a appris après de nombreuses années de galères, tel que son grand-père émigré, qui a du se battre pour se faire une place sur ce petit caillou, et avant lui encore, son père “Gola”. Souvent incompris ou critiqué à tort ou à raison, il n’a pas abandonné cette feuille de route, qui lui a souvent servi à atteindre un objectif, comme par exemple cette génération de 2004 Féminine partie aux interligues; où il se disait que ça aller être la galère; où il a dû remuer ciel et terre pour intégrer une fille au pôle de Bordeaux; ou encore cette année avec le Covid ou il a dû revoir tous ses plans… On a passé des heures au téléphone pour trouver des solutions pour que des filles soient intégrées en pôles en métropole, le soutenir et le convaincre qu’il y arriverait coûte que coûte. Là où tous les autres auraient abandonné pour cause de crise sanitaire; lui il a eu cette force morale, comme un volcan qui explose.
Cette réalité nous a amené à la rencontre de son maître de l’époque, la période collège, là où tout a commencé…..
On est dans les années 87/88, il existait à la Réunion deux structures, le premier au lycée Roland Garros pour les élèves de seconde, première et terminale et l’autre la classe de football du premier cycle du collège Montgaillard pour les élèves de 3eme et 4ème.
Les deux structures étaient en étroite collaboration avec la direction régionale des sports, le relais fut pris ensuite par le rectorat, la fédération Française de football et la ligue réunionnaise de football, en accord bien sûr avec le proviseur du lycée Rolland Garros, le principal du collège de Montgaillard et bien évidemment avec le proviseur du lycée Leconte de l’Isle puisque les élèves de Montgaillard étaient à l’internat à Leconte de l’isle.
Ces structures pédagogiques étaient sous la houlette de l’ancien CTR Axel Royé et de la commission d’enseignement dont faisaient partis plusieurs professeursd’EPS et Brevetés d’état de football dont Goulam Gangate.
Ces structures étaient sous l’autorité de monsieur Gilbert Annette puis de son successeur monsieur Yves Etheve, président de la LRF.
Monsieur Robert Ardon était principal du collège Montgaillard, président du CROS dont la maison des sports porte son nom aujourd’hui, il y avait aussi Yves Dupuis en qualité de responsable technique et Jack Rasamoela puis Axel Fasy.
Ce dernier garde un bon souvenir « Je ne suis pas surpris de son parcours. Au départ c’était un élève très motivé, avec une petite expérience de footballeur en minimes de 13/14ans. J’ai pu également déceler chez lui que c’était un gagneur, il avait déjà une forte personnalité. Par la suite, son volume de jeu a augmenté ainsi que sa masse musculaire et sa puissance. Mentalement il était plus réfléchi et moins naïf qu’au début. »
Hosman faisait parti des meilleurs élèves que ce soit scolaire ou sportivement. Ce qui lui a permis de poursuivre dans la même voie au lycée Rolland Garros.
Pour monsieur Fasy, Hosman n’avait pas de privilège, pour lui, tous les élèves étaient logés à la même enseigne.
Les élèves de cette classe faisaient 6 h de football par semaine plus 2h d’EPS sur le complexe sportif de Montgaillard; et je travaillais avec les deux classes de 4eme et 3eme dont 22 élèves et 8 internes.
Le collège avait mis un bus à disposition des internes chaque matin pour les ramener du lycée Leconte de L’Isle au collège Montgaillard. D’ailleurs de nombreux élèves du collège ont fait une pige en métropole dont Franck Chow Yuen sous l’ère Yves Dupuis, William Vimbouly et Didier Agathe qui comme Hosman Gangate avait fait un parcours remarquable.
Dès le collège, j’avais décelé chez lui qu’il pouvait poursuivre une carrière de joueur professionnel, mais malheureusement j’ai su par la suite, qu’il avait dû tout stopper suite à une blessure ” se rappelle t-il.
Aujourd’hui, plus de 30 ans après, les deux hommes travaillent toujours ensemble dans les commissions techniques de la ligue. Monsieur Fasy pense que c’est une suite logique de son travail et qu’il avait les compétences requises pour ce poste.
Et oui, le groupe “Oussanousava ” avait chanter “l’oder mon peï” avec ce passage……”la di kréol lé noir lé vilain y gaine mém pas koz fransé, en plis li boir lalkol li fim zamal li sen mové, sakin na son défo mét pas kréol pli ba k’la tér”…..
Mais non avec le temps et en s’appropriant l’histoire de notre île, La Réunion porte bien son nom, … multiculturel. On peut réussir en se donnant les moyens, en se battant pour se faire reconnaître, ce temps révolu où on portait encore ce lourd fardeau est derrière nous, mais on n’oublie pas. Avec le soutien du président de la ligue réunionnaise de football, monsieur Yves Etheve, adepte de la formation ainsi que le développement des jeunes, tant de défis t’attendent au tournant. On dit souvent que l’élève dépasse le maître, et tu le sais aussi comme moi, que le maître on ne le dépasse pas… il nous accompagne dans les durs combats de la vie quotidienne. La force vient de là.
Texte Jean Gustavo
Photo Pierre Marchal