Aujourd’hui entraîneur à Saint-Leu, l’ancien champion de France du 400 m nage libre veut toujours croire en son destin.

Calé derrière un soda sur une terrasse pieds dans l’eau, Benoît Debast pose un regard proche du désabusement sur la plage déserte de Boucan Canot. Pas un chat sur le sable ni dans l’eau malgré une météo au beau fixe. « Il y a encore quatre-cinq ans, j’y serai allé. Là, je ne préfère pas prendre le risque ». Fan accompli de bodyboard, le maître nageur de la piscine flambant neuve de Saint-Leu n’a jamais tourné le dos à la mer. « J’adore l’océan. Cette crise requin, c’est très frustrant ».

Revenu s’y installer courant 2016, l’ancien champion de France du 400 nage libre entend jouir en totale impunité des atouts géographiques les plus sensuels de son île natale. «Marmaille, j’étais tout le temps dans l’eau. Nous habitions juste en face de la plage à La Saline ». Jusqu’au jour ou son entraîneur de père ne lui fasse découvrir les joies de la natation en milieu chloré et en maillot de bain serré.  Direction la piscine de La Possession. « Il était MNS et s’occupait de l’école de natation. Je n’ai pas beaucoup nagé avec lui ».

Sauter la mer

Le petit Debast tape illico dans l’oeil de ses entraîneurs qui, après une tentative impayable en brasse, l’orientent sur 200, 400 et 800 m nage libre. « Cette nage et ces distances me convenaient. Il y a un aspect tactique que j’aime toujours ». Premiers couronnements à  La Réunion, premières sélections nationales, première décision majeure à prendre. Doit-il  sauter la mer pour  tenter d’embrasser une destinée planétaire ?

La réponse est oui. Cap sur Antibes et son pôle France. Il s’y entraîne au côté d’Alain Bernard et commence à croiser en meeting celle qui est en train de construire sa légende. « J’étais là quand elle a battu son record du monde pendant les championnats de France. C’est une chance d’avoir vu ça ». Laure Manaudou, c’est d’elle dont il s’agit, finira par tutoyer les étoiles. Benoît Debast lui, malgré ses finales et podiums  à répétition, ne parvient pas à entr’ouvrir durablement la porte capitonnée de l’équipe de France masculine.

Que lui manque-t-il ? Pas grand chose. Peut-être un mental de tueur qui ne correspond pas à sa disposition d’esprit. A  Antibes, puis à Saint-Raphaël où il retrouve Guillaume Bachman, son coach de cœur, Debast continue son combat de forcené des longueurs crawlées.  « J’aime m’entrainer, j’aime me faire mal, j’aime cette vie ». Il finit par exploser ses chronos personnels fin 2011-début 2012 et  plonge la tête la première dans son rêve olympique. Pour finalement cauchemarder comme jamais. « Je passe de la 3ème à la 40ème place française. J’avais bossé avec un entraîneur de sprinters. Ce n’était pas pour moi ». Bye bye London.

L’effondrement moral est à la hauteur du naufrage sportif. Debast s’apprête à prendre un aller simple pour la Réunion lorsqu’il reçoit un coup de fil. Celui de Philippe Lucas. « C’est quelqu’un de bien. A partir du moment où tu bosses, il te donne ta chance ». Retour au plot de départ. A Narbonne cette fois avec une licence signée à Sarcelles. « Ca s’est bien passé en 2013 puis ça a stagné pendant trois ans ».

A nouveau privé de Jeux en 2016, Benoît Debast, à moins de 30 ans,  rejoint Eric Paulin à la piscine de Saint-Leu dans son pari d’y relancer la natation locale. Sa détermination à devenir entraîneur est entière. Ici ou ailleurs. Philippe Lucas garde son dossier en bonne place.

Texte: Arthur Fontaine
Photo: Pierre Marchal

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