Ex-président du Caposs, Christopher Camachetty va pouvoir se recentrer pleinement sur sa carrière d’athlète. À 30 ans tout rond, le deuxième cabri péi du Grand Raid 2017 pense que seule une union sacrée pourrait permettre au trail 974 de retrouver les sommets sur « sa » Diagonale. « Ici, on reste trop dans nos montagnes », estime-t-il. Entrevue.

  • Christopher Camachetty, quels souvenirs gardez-vous de votre meilleure Diag, en 2017, que vous terminez à la 13e place au scratch ?
  • Au départ, j’avais un peu de pression après mon abandon en 2016. L’objectif premier était donc de finir. À partir du Maïdo, on m’annonce que je suis 20e et comme j’étais encore frais, j’ai tout donné sur la dernière partie. J’ai fini fort et j’ai ainsi pu grignoter quelques places jusqu’à la Redoute. J’aurais voulu faire la descente du Colorado avec Mickaël Chamand (3e Réunionnais) mais je voyais des petites lumières arriver derrière et je tenais à ma place. Surtout que deux virages devant, je voyais aussi les 10e et 11e qui n’étaient pas si loin que ça…
  • Vous établissez votre meilleur chrono en 27h04. Pensez-vous qu’il soit possible de faire encore mieux ?
  • On peut toujours faire mieux. Aller chercher un Top 10 un jour, pourquoi pas ? Je pense avoir un peu de marge de progression mais ça passe par le travail. Pour l’instant par exemple, je ne fais pas trop attention à mon alimentation. Je ne varie pas suffisamment mes entraînements non plus. Or, aujourd’hui, dans le trail mondial, c’est comme ça. Moi je m’entraîne quatre fois par semaine mais à ce niveau-là, il faudrait s’entraîner pratiquement tous les jours.
  • Pensez-vous qu’un Réunionnais puisse de nouveau gagner le Grand Raid un jour, plus de dix ans après le dernier sacre en date (Parny, 2008) ?
  • C’est possible à mon avis mais il faut qu’une solidarité se mette en place. Ce que je pense c’est qu’il faudrait créer une Team Réunion. Prendre les meilleurs locaux, accompagnés par quelques entreprises réunionnaises pour leur donner les moyens de voyager et d’aller se confronter aux meilleurs mondiaux. Avec un vrai coach. Et un vrai suivi. Ça passe par là selon moi. Aujourd’hui, si on veut gagner le Grand Raid, la préparation n’est plus du tout la même. Ici, on reste trop dans nos montagnes.
  • Votre partenaire de la Team Prudence Créole, Gilberte Libel, pourrait y parvenir peut-être ?
  • C’est vrai que pour le moment, elle a toujours fait 4e. Mais cette année, le plateau n’est pas si impressionnant que ça chez les femmes. Donc si elle est bien placée et que ça pète devant, son heure pourrait bien sonner, oui.

« L’UTMB, ce serait mon rêve »

  • De votre côté, avec seulement deux courses en deux ans, vous avez préféré vous inscrire sur le Trail de Bourbon ?
  • Ça va sans doute être un peu rapide pour moi, mais le but est de regagner un peu de confiance avant de repasser sur le long. Le TdB, je l’ai déjà fait il y a longtemps (abandon en 2014) mais sur ce format-là, ce sera la première fois. Cette année, j’ai juste participé à un cent kilomètres en Martinique au mois de mai (Tchimbé Raid). Je fais 5e mais il y avait un beau plateau quand même (Julien Chorier, Sangé Sherpa). Je pense pouvoir finir le Bourbon mais je ne pars pas du tout dans l’optique de faire un temps ou un classement. Surtout qu’il y a du beau monde (Jeannick Séry, Jean-Eddy Lauret…) En tout cas j’ai eu souvent la chance de faire des courses avec des grosses pointures. Et de manière générale, j’aime me confronter aux meilleurs.
  • Il faut dire que ces dernières années, votre fonction de président du Caposs était assez chronophage…
  • Au départ, je ne voulais pas être président. Je l’ai fait par sacrifice et par amour pour mon club de toujours. C’était une année difficile mais il y a eu de belles choses de faites et quelques beaux projets sont en cours. L’an prochain, le Trail de Minuit devrait servir de support au championnat régional par exemple. Je suis récemment redevenu vice-président mais le travail n’est pas fini même si je ne prends plus les grandes décisions et que je ne gère plus l’humain.
  • Si vous aviez encore des rêves à réaliser en course à pied, lesquels seraient-ils ?
  • J’aimerais faire une belle course à l’extérieur. L’UTMB, ce serait mon rêve. Mais pour l’instant, je n’ai pas suffisamment de points pour le faire. Si je finis le TdB, je pourrais au moins faire la TdS l’an prochain. Sinon, mon autre rêve serait de participer à un grand marathon. Comme le marathon de New York par exemple.
  • Marcelle Puy, la grande sœur

Christopher Camachetty entretient depuis longtemps une relation fusionnelle avec Marcelle Puy. Après l’obtention de son bac, le Possessionnais est parti faire des études hôtelières en Allemagne. « Je me suis un peu laissé aller là-bas et j’ai pris du poids. Je pesais 75 kilos à mon retour », avoue-t-il. Alors, quand il recroise celle qu’il considère comme sa grande sœur à l’entraînement, le Capossien a droit à un recadrage dans les règles. « Ce n’est plus le bébé que j’ai connu », lui adresse la quintuple lauréate du Grand Raid. Un discours qui lui sert d’électro-choc.

  • « C’est grâce à elle que j’ai eu le déclic pour me lancer dans le trail », confesse Camachetty. « Marcelle m’a pris sous son aile et j’ai commencé à perdre du poids ». En 2015, le marmaille hérite d’une belle 26e place au scratch sur la Diagonale. « Mais là, elle m’a poussé encore et je fais 13e en 2017. Elle a été si importante pour moi… » L’année même où la Reine Marcelle décroche un podium pour son dernier Grand Raid, Camachetty signe sa meilleure performance sur le GRR. « On a tout connu ensemble. Les déceptions, comme les joies », conclut le petit frère des sentiers.

Entretien : Etienne GRONDIN
Photo Pierre Marchal

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