Christian Dafreville a une nouvelle fois réussi son pari : remporter une rencontre à enjeu tout en étant en infériorité numérique. Réduits à dix après l’expulsion de Joe Damour à la 90ième minute, Saint-Pierre est parvenue à tenir, puis à décrocher sa qualification face à l’Entente Sportive Thaonnaise. Une victoire aux tirs au but après un match nul (1-1) à l’issue des 120 minutes de jeu. Entretien

Gadiamb : Christian, quel exploit ! On a presque l’impression que plus votre équipe est en difficulté, plus elle se transcende… Et cela s’est vérifié lors de ce 8ième tour de Coupe de France.
Christian Dafreville : “C’est le travail, l’expérience, l’accumulation des matchs. Mes joueurs sont arrivés à un niveau mental d’une grande solidité. C’est très gratifiant pour nous, car on ne nous a pas fait de cadeau depuis 4 ans. Aujourd’hui, on récolte les fruits de nos efforts. Je félicite tous les membres du club, du président aux dirigeants. Cette victoire est celle de tout le monde.
Cette saison est magnifique, mais nous avions aussi une obligation de résultats aux vues des gros investissements. Toutes les équipes n’ont pas nos moyens, et sachant cela, nous devons faire honneur au football réunionnais.

Après l’égalisation Thaonnaise, et à la fin des 90 premières minutes, on vous a vu réunir vos joueurs sur le terrain. Que leur avez-vous dit ?
On venait de vivre un moment difficile. Je leur ai tout simplement dit de se réveiller et de prendre conscience qu’ils étaient à la veille d’un 32ième de finale de Coupe de France.

A ce moment-là, vous avez douté ?
Franchement non. Non, pas un seul instant. Nous étions à 10 contre 11, et nous nous sommes souvenus du match de la Jeanne (NDLR : Demi-finale de Coupe Régionale remportée à 9 contre 11), et nous savions que la Coupe de France est une compétition magique remplie de signes qui ne trompent pas. Ces signes peuvent nous donner des raisons d’espérer dans les moments difficiles. Il faut s’en servir.

Vous êtes superstitieux…
Oui, très superstitieux. Je sais que la Coupe de France fait rêver, et c’est aussi pour cela.

Lorsque vous avez débuté la prolongation en infériorité numérique, vous avez choisi de ne jouer qu’à 3 défenseurs. C’était un pari risqué car beaucoup, à votre place, auraient décidé de jouer la défense…
Oui, je suis un fanatique du jeu offensif. Quitte à mourir avec mes idées, je mourrai avec mes idées. Quand ça marche tant mieux, mais cela peut aussi se retourner contre nous. C’était un coup de poker. Ce dimanche, cela a fonctionné donc tout le monde est content. Mais si l’inverse s’était produit, on m’aurait désigné comme le principal fautif. C’est le football !

Quel regard portez-vous sur la prestation de vos adversaires ?
Vous savez, c’est très bien pour notre île quand des équipes métropolitaines viennent découvrir la Réunion. Sauf que nous, quand on va en métropole, on n’a pas le temps de faire du tourisme. On s’entraîne, tout simplement. Les joueurs thaonnais concilient peut-être le travail et le tourisme, pas nous.
Quand on vient jouer quelque part, il faut mettre tous les atouts de votre côté… A mon avis, ce n’est pas ce qu’ont fait les joueurs de Thaon, sinon ils auraient été meilleurs et nous auraient peut-être battus. Ils ont beaucoup de qualités, notamment devant. Ils n’avaient pas assez de jus tout simplement. Je pense qu’ils ont laissé du jus ailleurs ! »

Interview : Kevin Payet
Photos : Pierre Marchal

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