Le traileur Antoine Guillon, habitué du Grand Raid dont il a remporté l’épreuve de 2015 et vainqueur de l’Ultra Trail World 2015 regrette le manque de compétitions au sortir du confinement. Celui qui a battu le record du tour de l’île de la Réunion par la route en juin 2019, s’exprime sur sa page facebbook et livre ses réflexions sur la reprise de l’entraînement.

Les derniers mois vécus tellement différemment, puis l’annulation des épreuves associées aux restrictions de rassemblements peuvent fortement influencer notre capital motivation.
Or, sans motivation réelle, il devient compliqué de maintenir une activité régulière. De la même façon que lors d’une épreuve longue, un dialogue intérieur se met en place, traitant du peu d’intérêt de s’infliger toutes ces difficultés pour pas grand-chose. « Autant remettre au lendemain », « me reposer ne fera pas de mal », « le repos fait partie de l’entraînement », « ça fait une heure, c’est déjà bien pour aujourd’hui », « je ferai un meilleur mois de juillet, ou d’août »…

Dans les faits, s’entraîner un peu moins n’est pas préjudiciable, je pense même que cela peut être profitable si cela s’inscrit dans une démarche volontaire, programmée, associée à des activités douces, en se recentrant, en se ressourçant. Dans ce cas, il est utile de se donner une date limite afin de ne pas basculer dans le laisser-aller, et que chaque jour de « repos relatif » ait un sens. Psychologiquement, on ressent une grande différence entre nous promener ou errer.

Certes, il n’y a plus de compétition à se mettre sous la semelle, et organiser un off est juridiquement aussi dangereux qu’organiser une compétition sans dossier, donc, mis à part se lancer seul ou avec quelques amis sans en parler à quiconque, il faudra attendre longtemps avant d’avoir un bel objectif sûr inscrit sur le calendrier.

Alors il est temps de se bouger. Il faut réévaluer le plaisir simple de courir seul dans les sentiers, ressentir cette énergie qui est en nous et qui nous permet de sillonner si longtemps la nature. Le bonheur vient quand on ne consulte plus sa montre, lorsque notre place est là, à avancer librement, avec ce goût de l’effort maîtrisé. Tout naturellement, notre attachement à relever des défis reviendra au galop.
Pas plus tard qu’hier, après une semaine plus light, j’ai décidé que d’ici dimanche je totaliserai 10 000m+ en trail. Je sais qu’il va pleuvoir deux jours, que je n’ai pas de compétition avant la Diag (si tant est qu’elle ait lieu), mais j’en ai simplement envie, et je sais aussi que cela me sera utile pour la suite, à commencer par maintenir en moi le curseur motivation très haut. Et puis rien n’empêche de se lancer des défis : une grande boucle en vélo, avec par exemple à mi-parcours acheter quelque victuaille locale à ramener pour le repas du soir et en profiter en famille ; ou encore remplacer la voiture pour le trajet boulot en courant ou en vélo.
Les idées ne manquent pas, mais pour en avoir, il faut sortir du contexte négatif, stressant et incertain du moment. Coupez la télé, rangez-la dans un carton, ou jetez-la, donnez-la ! Vous respirerez enfin la vraie vie, la vôtre !

Photo Pierre Marchal

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