Quatrième au sortir des quatre premières étapes du nouveau tour mondial de l’International Bodyboarding Corporation, le Français Maxime Castillo occupe la quatrième place du classement provisoire. Il revient dans cette longue interview, sur ses performances au Chili et au Brésil, sur celles des autres Français en cette première moitié de saison, décrypte le renouveau du tour mondial et parle de ses ambitions. 

Peux-tu nous expliquer fonctionne le nouveau tour mondial IBC ?
Ce ne sont pas les mêmes structures qu’avant. Avant, c’était l’APB, le siège était en Australie. L’IBC est aujourd’hui basée au Chili et ce sont les promoteurs de chaque gros événement qui sont derrière l’IBC. Il y a le promoteur des compétitions au Chili, celui au Brésil, celui des Canaries, etc… Ils se sont associés pour faire un circuit un peu plus « carré » qu’avant.

Qu’est-ce qui change avec cette nouvelle entité ?
Ils n’ont pas eu de chance car ils ont repris le tour mondial juste avant le Covid. C’était compliqué pour eux. On part donc cette année sur une première saison. C’est plutôt pas mal, assez bien organisé. Ils ont une belle vision du tour et du bodyboard. Ils ont fait un beau tour pour les juniors, ce qui n’existait pas vraiment avant. Il y a aussi pas mal d’étapes pour les filles et notamment pour les juniors filles, ce qui est une première pour le bodyboard. On voit qu’ils misent sur la nouvelle génération. Et enfin, il y a de belles choses sur le papier pour l’an prochain, avec des destinations qui font rêver. C’est bon signe.

Tu nous fais saliver. Peux-tu en dire davantage ?
Il va y avoir une étape aux Maldives cet été, une en Afrique du Sud fin août et après il y aura les deux gros événements de la saison à Sintra (Portugal) et au Fronton (Canaries) pour conclure l’année. Pour l’an prochain, ils parlent d’ajouter de nouvelles étapes, et de revenir au Mexique. Et d’autres destinations exotiques aussi. On verra si ça va se réaliser. 

On te sent emballé par ce changement à la tête du tour mondial…
Depuis 2015, j’ai vu pas mal de choses. Avant, ils testaient des nouveaux formats, ils essayaient de trouver de nouvelles choses. Là, et pour la première fois, j’ai vraiment l’impression que les promoteurs ont vraiment une bonne vision. Qu’ils savent où ils vont et je pense que c’est assez bien parti. J’ai eu une longue discussion avec les gens de l’IBC lors de la dernière étape au Brésil, et je les ai sentis très motivés. Bon, le bodyboard ce n’est pas la WSL avec quelqu’un derrière qui investit des millions et qui permet au surf d’avoir son tour mondial. Mais je pense qu’ils ont une belle vision et ils entreprennent pas mal de choses. 

L’IBC qui est au Chili, c’est aussi la planète bodyboard qui change de continent. 
Quand j’ai commencé, c’était l’Australie ou rien. Il fallait aussi aller faire les saisons à Hawaii. Aujourd’hui, le pays incontournable pour le Bodyboard c’est le Chili. Il y a aussi les Canaries. C’est de là où émerge la nouvelle génération d’un sport populaire, qui génère un vrai engouement. Quelque part, ce n’est pas plus mal que ce soient les Chiliens qui gèrent le tour mondial aujourd’hui. Même s’il faut faire attention à ce que ça ne devienne pas non plus un « tour mondial sud-américain ». On pourrait se retrouver avec un champion du monde chilien qui ne serait pas sorti de son continent… C’est un World Tour, il faut quand même faire des étapes sur plusieurs continents. 

Et la France ?…
On rêve tous d’une compétition pro en France ! Il y en a une cet été pour les Juniors à la Salie (23-25 septembre, ndlr). J’y serai et je vais aider l’organisation, peut-être gérer la communication pour Nico Padois, qui organise l’évènement. Je ne sais pas quel est le plan d’évolution de la Salie et si elle peut devenir une étape du world tour Open. Mais c’est certain qu’une compétition en France nous ferait un bien fou. Il y a des endroits de dingues, je pense évidemment à Hossegor où les vagues sont graves pour le bodyboard. 
La France et l’Europe ont des spots de qualité. J’espère d’ailleurs qu’on aura davantage de compets en Europe car on n’a plus que Sintra sur le continent. Franchement, ça serait cool d’avoir des étapes en France, Espagne, Portugal et aux Canaries. Ça serait cool de pouvoir concourir en étant proche de la maison car les déplacements à l’autre bout de la planète coutent cher. 

Parlons de la saison sportive. Comment analyse-tu cette première partie ? 
Il y a quand même une grosse course au titre mondial. Je pense qu’on va vivre une belle fin d’année. Et c’est très prometteur pour les prochaines saisons. Cette année, il y a huit étapes et les quatre meilleurs résultats sont retenus. On vient de passer les quatre premières au Chili et au Brésil. Il nous reste l’Océan Indien avec les Maldives et l’Afrique du Sud, et l’Europe avec Sintra et Fronton pour terminer.

On a entendu dire que tu pourrais ne pas aller aux Maldives et en Afrique du Sud…
Personnellement, je ne pense aller faire les Maldives et l’Afrique du Sud parce que j’ai déjà fait des bons résultats sur des étapes qui valaient plus de points. Pour améliorer mon total de points, il faudrait que je fasse minimum une 5e place, voire un podium. C’est possible mais c’est prendre des risques et dépenser beaucoup d’argent. De l’autre côté, j’ai besoin de bosser aussi l’été. Je t’avoue que si j’étais « blindé » et que je n’avais que ça à faire, j’irai bien sûr aux Maldives et en Afrique du Sud, mais ce n’est pas le cas (rires). 

Comment vis-tu l’arrivée de nouveaux Français sur le circuit qui viennent renforcer le « french crew » ?
Ça fait huit ans que je suis sur le circuit et j’ai toujours été seul avec Pierre-Louis (Costes) et Amaury (Lavernhe). On faisait nos compèts tous les trois. Quelque fois, il y avait un Français qui venait faire une étape, comme Julien Miremont. Ou alors quelques-uns qui nous rejoignaient au Portugal ou aux Canaries. C’est la première année que nous sommes autant ! On a été rejoints par Yann Salaün, Yon Aimar, Ethan Capdeville, Fabien Thazard ! C’est la vraie première fois où il y a d’autres Français qui sont motivés à faire le circuit en entier avec le but se qualifier pour le Top 24. Ça me motive en tout cas de voir des gars qui se rapprochent plus de mon âge, qui surfent super bien, qui sont motivés et puis c’est cool de pouvoir triper tous ensemble. Avec Amaury et Pierre-Louis, on essaye de les aider un peu avec l’expérience qu’on a sur le circuit. Ils ont dû commencer toutes les compétitions depuis les trials et on était là pour les aider. 

« Je monte sur le podium et Amaury gagne la compétition, c’était dingue ! »


Une bonne ambiance et une entraide qui a immédiatement payé avec de très bons résultats puisque pour la première étape, à Arica (Chili), 5 Français entrent dans le Top 10 !
C’était dingue ! Je pense que les gens ont bien aimé voir d’autres Français. Finalement, oui, Yann (Salaün) et PLC font 9es, Yon (Aimar) termine 5
e, je monte sur le podium et Amaury gagne la compétition ! C’était vraiment dingue. Arica, c’est un peu le rêve, c’est l’étape la plus prestigieuse du circuit. Pour moi, faire un podium là-bas sur la première compet de la saison… Bah, c’était un truc de malade. Surtout que j’avais une partie de tableau très compliquée. Je me prends Pierre-Louis en 8e de finale, puis Jeff Hubbard, et je me retrouve en demis contre Amaury. C’était dingue, un parcours de fou. 

Amaury (Lavernhe) était-il vraiment imprenable à Arica ?
Ce jour-là oui. Déjà qu’il n’est quand même pas beaucoup « prenable » à Arica (rires). C’est quand même un monstre. Ce jour-là, c’est simple, il a fait des 10/10 en première vague à toutes les séries depuis les 8es de finale. Contre moi, il a refait un 10 d’entrée. C’était vraiment fou de vivre ça. Perso, j’étais trop content de mon résultat, je me suis senti vraiment bien. C’était vraiment le meilleur départ possible sur le circuit. J’avoue que j’étais un peu stressé parce qu’il n’y avait pas eu de circuit pendant deux ans avec le Covid. C’était la reprise pour tout le monde, et personne ne savait à quoi trop s’attendre avec plein de nouvelles têtes. Moi, finalement, ces deux ans d’arrêt m’ont fait du bien. Ça m’a permis de m’entrainer à fond au Portugal, sur des grosses vagues où j’ai vraiment beaucoup progressé. Ça payé à Arica avec ce résultat. 

Dans la foulée, vous enchaînez tous à Iquique, toujours au Chili…
Avec Ethan (Capdeville) et Fabien (Thazard) qui nous ont rejoints. C’était cool d’avoir deux autres gars en plus dans le groupe. La vague à Iquique est très compliquée, elle est vraiment parfaite quand tu la regardes en vidéo mais assez dur à surfer. Déjà, il n’y a pas d’eau, c’est assez dangereux, et elle bouge beaucoup avec les marées. Iquique ne s’est pas bien passé pour le clan français. Les trialistes ont tous perdu au premier tour. Avec Pierre-Louis, on a réussi à faire 9e tous les deux. Lui était un peu bleu parce que c’est une vague où il aurait vraiment pu gagner, et moi j’étais quand même content de mon résultat parce que je sortais d’une grosse perf, et j’avais réussi à enchaîner. Franchement, c’était dur de se remettre dans le bain et de se reconcentrer en si peu de temps. 

La troisième étape à Antofagasta, toujours au Chili, est marquée par des résultats en dents de scie…
La plupart des gars ont perdu dans les trials. Il n’y a que Fabien (Thazard) et Yon (Aimar) qui sont entrés dans le tour principal. C’est l’étape où je suis le moins content de mon résultat parce que j’avais déjà fait un podium là-bas, en 2019. C’est une vague qui me correspond bien et que je connais. Sur laquelle je sais que je peux bien gazer. J’étais arrivé avec de bons résultats sur les deux premières étapes et j’étais vraiment motivé et confiant. Pour finir, je fais 17e après avoir perdu dans une série bizarre contre Tristan Roberts (AfSud) et Dave Hubbard (Hawaii). Il s’en est fallu de peu, mais j’ai perdu. Yon fait lui aussi 17e. Heureusement Pierre-Louis et Fabien ont bien ridé. Fab’ prend la 5e place et Pierre-Louis monte sur le podium.

Après le Chili, vous vous envolez tous pour le Brésil et la quatrième étape sur un des slabs les plus violents de la planète bodyboard. Un bon souvenir alors que, pourtant, tout a étrangement commencé à Itacoatiara…
On a attendu très longtemps le début de la compétition. Finalement, Ils ont plié la compet en trois journées. Ils ont lancé dans du très gros le premier jour. Je m’en sors plutôt bien avec une vague sortie de nulle part sur laquelle je prends un 9.75 pts. C’était très gros, très agité, ça m’a fait penser à Nazaré. Le deuxième jour, ce n’était pas trop mal et pour le jour final, c’était carrément bien. Pierre-louis (Costes) et Amaury (Lavernhe) n’étaient pas là. C’est dommage pour Yann (Salaün) et Ethan (Capdeville), qui ont perdu direct. Yon (Aimar) est encore allé jusqu’à la 17e place. De mon côté, je fais un quart de finale et je termine donc 5e. Je suis très content parce que c’est encore une grosse perf, c’est une compet où il y a beaucoup de niveau et j’ai fait de bonnes séries. 

On confirme ! En plus de tes gros scores, tu fais tomber des têtes de série avant de t’incliner sur une marge infime…
Je tombe notamment contre Uri Valadao en 8es de finale. Champion du monde, chez lui au Brésil… J’étais assez stressé mais je le bats finalement et en plus dans des vagues incroyables et avec un 9 pts sur ma première vague. Je passe en quarts où je prends Alan Munoz. Je perds pour 1 dixième de points. Je l’avais un peu travers parce que c’était une série « pourrie » où on n’a pas pu s’exprimer. Mais c’était son jour, puisqu’il est finalement allé jusqu’au bout et a gagné la compétition. J’espère juste que le mien viendra bientôt (rires) ! 

« Je regarde plutôt derrière que devant au classement car il y a du monde »

Au sortir du Brésil et de cette première moitié de saison, tu es donc quatrième du classement. De quoi te donner beaucoup d’ambitions où préfères-tu regarder dans le rétroviseur ?
Le fait d’avoir fait 4 bons résultats sur 4 compets me permet effectivement d’accéder au Top 4. C’est un rêve le Top 4. En être là, c’est un rêve de gosse. Mon objectif début d’année était de finir dans le Top 10. Avec ces résultats, je vais essayer de faire un peu mieux. Devant, Tristan Roberts (AfSud) et Tanner McDaniel (Hawaii) sont très forts, ils ont pris une autoroute au niveau du classement. Ça va être très dur d’aller les chercher, ils ont pris une grande longueur d’avance. Du coup, oui, je regarde plutôt derrière car il y a du monde. Je sais que jusqu’au Fronton (la dernière étape) ça va être un peu la course. C’est compliqué de calculer tous les points, mais ce qui est sûr, c’est qu’on se tire tous la bourre. Je me répète mais il va vraiment falloir attendre Fronton et le dernier résultat de chacun car tout peut changer là-bas. 

Te voici de retour en France. Quel va être ton programme ces prochaines semaines ?
Je reste ici tout l’été pour bosser. Je travaille avec mon club d’Ocean Roots pour donner des cours particuliers de surf et de bodyboard avec des prestations haut de gamme. Je vais faire la saison à la maison. Je verrai les résultats de la compétition des Maldives (29 juillet-7 août) et je prendrai une décision sur l’éventualité d’un déplacement à Walker Bay, en Afrique du Sud (19-28 août). Je pèserai bien le pour et le contre et l’utilité comptable d’y aller en fonction de l’évolution du classement général. 


Sa Bio : https://www.surfingfrance.com/champions/maxime-castillo.html

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