Le nom de Belus est associé au rallye depuis de longues années à la Réunion. Ces derniers temps, c’est Loïc le plus jeune frère qui assume la présence familiale dans les paddocks et sur les spéciales. Pourtant c’est bien son grand frère Patrick qui a porté en premier au plus haut ce patronyme. « Je me souviens parfaitement de mon premier rallye » se rappelle Patrick. « C’est à l’occasion du Rallye de Saint Paul un premier Avril que j’ai affronté ma première spéciale en 2006 : c’était Bellemène et j’étais au volant de la plus modeste des voitures possible s: une AX engagée en N1 ».

De bons souvenirs pour cette première course puisque le jeune pilote signait la classe de cylindrée au drapeau à damiers. « L’année suivante je faisais l’acquisition d’une Saxo N2 dans le cadre du challenge Citroën Sport Réunion, mais compte tenu de mes maigres ressources, je choisissais la moins chère ». Des abandons successifs pour pannes mécaniques ne permettaient pas au pilote de s’exprimer à plein. « J’en ai eu pour mon argent ! » s’amuse t’il aujourd’hui. « C’était une voiture en fin de vie et fatalement la moins chère ne pouvait pas être la plus fiable et la plus performante ».
Bien décidé à rebondir, il prenait l’option l’année suivante de tout refaire en profondeur sur sa voiture. Sacré budget consommé. Choix payant pour le pilote puisque 2009 était une année pleine pour lui. « C’est sans doute ma meilleure saison en rallye ! Il y avait de sacrés concurrents dans cette formule dont Damien Dorseuil par exemple. Se prendre 5 secondes à l’arrivée d’une spéciale signifiait qu’avec la même voiture, les mêmes pneus, le même boîtier un autre pilote faisait mieux. Sacré école pour progresser et surtout remettre en question en permanence ce que l’on pensait acquis » Au terme d’une magnifique saison, Patrick gagne ce challenge Saxo N2 avec en ligne de mire une saison en C2R2 Max alors nouvelle génération. Las ses espoirs s’effondraient et l’organisateur du challenge ne pouvait que l’accompagner plus modestement au volant d’une Saxo. « C’est vrai que l’année suivante j’étais démotivé. S’être tant battu pour ne pas pouvoir aboutir était d’autant plus rageant que je ne pouvais rien y faire » Les années suivantes, Patrick choisissait de se concentrer sur d’autres objectifs personnels tout en gardant un pied dans le rallye en accompagnant dans l’intervalle son jeune frère Loïc, qui se mettait en lumière.
C’est en 2015 que le vainqueur du CSR 2009 revenait aux affaires sur une Peugeot 206 F2000 engagée en classe 14 (ex Giovanni Payet). Lors du Tour Auto 2015, Patrick attirait les lumières sans crier gare : « Quel souvenir! » évoquait-il. « Mon premier temps scratch dans Cambourg puis Radiers. J’étais sur le podium provisoire de la deuxième étape avec devant moi Maxime Dupuy et Stéphane SCF en WRC ! » Bien décidé à tenir sa position malgré les assauts de Law Long à moins de 10 secondes, il creusait encore l’écart sur Thierry dans la première boucle.
« Malheureusement dans l’avant dernière spéciale de Trois Bassins je crois, on rencontre des soucis de pompe à huile et on en reste là! Ce podium était vraiment à portée de gants » Heureux d’avoir pu se battre mais déçu de ne pas avoir pu concrétiser cette magnifique performance, le pilote avait clairement le moral en berne et optait d’accompagner Loïc dans sa montée en puissance.
« Depuis 2015, je travaille surtout pour aider Loïc qui va vraiment très vite » confirmait Patrick. « Ces derniers temps, Gregory Laravine m’a demandé de l’aider à progresser également. C’est avec beaucoup de plaisir que je lui ai transmis ce que j’avais appris en terme de prises de notes, pilotage etc… bref tout ce que j’avais pu accumuler comme expérience. Et là surprise, il y a quelques semaines, il me dit qu’une Fiesta RC4 est programmée d’arriver à la Réunion, qu’il souhaite m’aider à son tour. Il m’a clairement remis le pied à l’étrier et m’a poussé à reprendre. Je ne peux que le remercier énormément » expliquait Patrick Belus.
Ce sera donc au volant d’une Ford Fiesta engagée en RC4 que Patrick revient aux affaires après 6 ans d’absence. « C’est clair que ça fait un moment » souriait le pilote. « Mais honnêtement j’ai eu l’occasion de remonter dans un baquet. A vrai dire je ne pense pas avoir perdu mes automatismes. Ca va revenir très vite ! »
Patrick fait partie de ce qu’on appelle des bons clients : sans jamais se montrer arrogant, il ne joue pas non plus la mélodie de la fausse modestie. « Pour ce Rallye de Saint Joseph, il va falloir être très vite en action. La référence est Nazim Bangui et honnêtement on ne roule pas pour se prendre des seringues. 1 s au kil n’est pas une option ! On va clairement voir quel est l’écart avec Nazim dès les premières et ensuite on avisera avec comme objectif de se rapprocher le plus possible » annonçait Patrick.

« Le budget est bouclé pour ce premier rallye pour nous et je vais pouvoir, pour la première fois bénéficier d’un encadrement technique au top avec un ingé dédié qui m’aidera à configurer cette nouvelle voiture à la Réunion à ma main. Je serais donc dans la même écurie que Damien Dorseuil, de sacrés retrouvailles après nos bagarres en N2 » souriait le pilote.

Au-delà des objectifs sportifs lors de ce Rallye de Saint Joseph, le retour à la fête en Fiesta de Patrick est une vision à moyen terme. « On travaille déjà d’arrache-pied en vue de la dernière de cette saison début Décembre aux 1000km. Pour la première fois je vais pouvoir rouler dans des conditions semi-pro et franchement j’ai hâte d’être au départ à Saint Joseph et même ensuite ! »
Pour ce Rallye de Saint Joseph, Patrick sera copiloté par son cadet Loïc : « Même s’il va très vite, il me respecte suffisamment pour ne pas me moukater à la moindre erreur » s’amusait Patrick. « Je suis son aîné quand même. Plus sérieusement Loïc a énormément progressé ces dernières années. Moins fougueux, il est plus posé et sera essentiel à mes côtés ».

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