Les Olympiques ont bouclé le bal des confinés le 23 juillet. Les Paralympiques leur ont emboîté le pas un mois plus tard, le 24 août. Dix porte-drapeaux de la « réunionnité » pour les premiers, quatre étendards – Ronan Pallier, Dimitri Pavadé, Laurent Chardard, Gaël Rivière – de ce même apanage îlien ont rythmé les six semaines d’une compétition placée sous le signe de la confidentialité nippone et de l’universalité médiatique.

Au final, la journée du samedi 7 août est à marquer d’une pierre blanche. Deux médailles d’or – le volleyeur Stephen Boyer, le handballeur Melvyn Richardson –, une de bronze – celle de Donavan Grondin dans la « madison » – ont alourdi la récolte des kréopolitains Guillaume Chaine – or par équipes en judo –, Fanny Horta et Caroline Drouin – argent en rugby à 7 – quand bien même ces derniers n’ont fait qu’un simple crochet par l’île ou sont sportifs-péi par ascendance.

Malgré les échecs – relatifs – de la gymnaste Marine Boyer, des surfeurs Johanne Defay et Jérémy Florès, de l’athlète Ludovic Oucéni, le cru 2021 a été exceptionnel. Ce que son père Jackson n’a jamais pu glaner, le fils Melvyn l’a conquis. L’or olympique si convoité. Même utilisé avec parcimonie, l’ex-arrière montpelliérain et néo-barcelonais prend date pour Paris 2024. Tout comme le pistard saint-leusien Donavan Grondin, joyau poli sur l’anneau par Sébastien Henriette. Que dire enfin de Stephen Boyer, entré dans la squad Tillie avant les Jeux de Rio, révélé à Chaumont, exilé à Vérone avant le Qatar ( !) avant de rejoindre cette saison le sud de la Pologne. L’enfant de Saint-François est le symbole de l’abnégation et de l’ambition qui doivent animer les sportifs de haut niveau.

Oui mais voilà. La pandémie s’est tout autant invitée au festin olympique qu’aux agapes locales. Si les sports individuels peuvent passer entre les gouttes du couvre-feu et des « semi-confinements », les disciplines collectives pâtissent des « stop and go » à répétition. Fuite des licenciés, lassitude des bénévoles… Comment reconstruire un sport péi déconfit et bâtir sur le moyen et long terme – Jeux des îles, Paris 2024 ou Los Angeles 2028 –, si vos jeunes se font la malle buissonnière et « vavanguent » vers des loisirs moins énergivores et plus attractifs ? Certes le breakdance effectuera une entrée tonitruante dans trois ans aux Jeux parisiens. Mais le marketing ne pourra se substituer éternellement à l’esprit olympique. Et « sortir » de nouveaux Stephen Boyer ou Donavan Grondin relèvera de la mission impossible…

Texte Jean Baptiste Cadet
Photo Pierre Marchal

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