Après la 5e journée (marathon) ce vendredi au Portugal, quatre Français dont les Réunionnais Fabien Thazar et Amaury Lavernhe, se sont hissés en quarts de finale du Sintra Pro, avant-dernière étape du tour mondial IBC de bodyboard.

Amaury Lavernhe participe cette semaine au Sintra Pro, avant-dernière étape du tour mondial de bodyboard IBC (5-11 septembre), dont il occupe la 2e place en drop knee et la 6e place en prone du classement général. A 37 ans, il est aussi un des chefs de file de l’imposante délégation tricolore d’une trentaine de compétiteurs au Portugal. L’occasion de discuter avec le triple champion du monde de la saison en cours et de sa carrière.

L’actualité d’Amaury Lavernhe, c’est cette compétition au Portugal où l’on se trouve cette semaine. Tu es au 8e tour et tu viens de te qualifier pour le 5e tour en drop knee. Une catégorie où tu peux viser le titre mondial…
Franchement, j’ai laissé de côté les possibilités de titres mondiaux. J’estime qu’il faut les préparer sérieusement, sur la durée. Ça reste mathématiquement possible en drop knee. Mais Dave Hubbard est bien mieux placé que moi. Il faudrait que je gagne et qu’il s’arrête en quarts. Et puis, je fais moins de drop knee qu’avant. Je n’en ai pas fait depuis ma finale aux Maldives il y a trois semaines (perdue contre… Hubbard).

Quels sont tes objectifs alors ?
Je suis 8e en prone, avec seulement trois compétitions alors que tout le top 16 a déjà fait au moins 4 compétitions. Donc, quoi qu’il en soit, j’améliore mon classement rien qu’en participant au Sintra Pro. J’ai cru comprendre que j’étais mathématiquement en course pour le titre en prone. Mais sincèrement, je n’y pense pas. Mon objectif est d’être dans le Top 16, puisqu’à partir de 2023, seul le Top 16 sera assuré de faire toutes les compétitions. Je suis pour le moment dans le Top 10 avec mes 3 compétitions. J’espère donc Top 5 en fin d’année. Et si je fais mieux que Top 5, ça sera un exploit !

Un exploit ?!
Oui parce que je fais moins de compétitions que les autres. Elle est loin la période où j’avais 25 ans, où je ne pensais qu’à moi. C’est la situation que vivent plein de jeunes qui font le tour mondial. L’équation de ma vie est aujourd’hui plus complexe : j’ai une maison, deux enfants, mon académie. Je finance le tour avec mon argent personnel. J’ai un autre objectif en venant ici : je suis en compétition contre moi même. Les autres sont tous très forts techniquement. Tanner McDaniels ou Tristan Roberts sont exceptionnels. A leur âge, je n’étais pas aussi bon techniquement. Moi, j’ai le mental et le physique. Mais techniquement, je me sens dépassé tant eux sont complets. Voilà pourquoi je parle d’exploit. C’est par rapport à ma vie et techniquement. Si je fais un Top 5 cette année, ce sera bel et bien un exploit car je n’aurais fait que la moitié des compétitions.

« J’ai un vécu qui me permet de faire la différence »

Tu t’es souvent mis en-dessous, en disant que les autres étaient meilleurs que toi. Mais tu as pourtant trois titres mondiaux, tu les as tous déjà battus, tu leur as même mis une leçon à Arica en début de saison avec un 20 en finale…
Ça prouve que beaucoup de facteurs entrent en jeu en compétition. Je suis surtout affûté physiquement. Arica, c’est dangereux, il faut être prêt. Le Fronton aussi. Ici, à Sintra, il y a la barre à passer. J’ai aussi une expérience de 25 ans de compétition, je sais quoi faire stratégiquement. On voit aujourd’hui des riders très bons mais, pour certains, il s’agit de leurs premières compétitions, de leur première saison. J’ai derrière moi des années de compétitions à la Réunion, des championnats de France, les équipes de France, le tour mondial, etc… J’ai un vécu qui me permet de faire la différence. J’ai gagné mon premier titre mondial en ne surfant que des gauches. Les Canaries m’ont permis de m’équilibrer sur les droites. C’est pour ça que je me sens toujours un peu derrière techniquement. Mais je compense.

On parle des Français, qui sont de plus en plus sur les compétitions IBC, et il y en a une grosse trentaine à Sintra…
On est la plus grosse délégation. On est même plus nombreux que les Portugais qui sont pourtant chez eux. Avec Pierre-Louis (Costes) on en parlait : on n’a jamais vu autant de Français sur une compétition. Et il y a tous les profils : juniors, filles, garçons, prone, drop knee. Ça prouve que le bodyboard français est toujours présent. Nous, avec PLC, on continue à les inspirer. Malgré la réalité du bodyboard qui est très dure. Je m’en aperçois en voyant des gens comme Yann Salaün qui fait des sacrifices pour être ici.

Ça fait quoi de te dire que certains des kids qui sont au Pro Juniors de Sintra cette semaine n’était pas nés quand tu as gagné ton premier titre mondial en 2010 ?
Je sens leur regard (rire). Je ne sais pas comment définir cette sensation. Je l’ai eu à Hawaii quand je suis arrivé tout jeune en regardant Mike Stewart et les autres. Je regarde encore Jeff Hubbard, qui a 10 ans de plus que moi, avec ces mêmes yeux. Si je suis considéré comme un top bodyboardeur, j’ai toujours un regard humble sur les anciens. C’est formidable pour nous de voir ces jeunes nous regarder, nous questionner. Nicolas Padois arrive à canaliser toute cette passion et travaille avec beaucoup de jeunes. Ce qu’il fait est top. On est sur une bonne remontée du niveau du bodyboard français, tant sur la qualité que sur la quantité.

« J’adore transmettre ma passion »

Quelle est ta vision du renouveau du tour mondial de bodyboard qui est passé de l’APB à l’IBC ?
Le bodyboard avait besoin de ça, besoin de l’IBC. L’APB s’était essoufflée. C’était une structure privée australienne, avec seulement deux personnes aux commandes. L’IBC vient du public, et il y a beaucoup de transparence. Et plus de monde qui travaille aussi. Je suis représentant des athlètes au sein de l’IBC et je fais partie du groupe de travail pour le développement de la structure et du tour mondial. J’apprécie vraiment leur vision sur le long terme. Les Chiliens sont à l’origine de l’IBC, ils sont très bons dans ce qu’ils font. Les promoteurs de chaque évènement participent au tour mondial. On est sur une bonne base, avec de la passion, pour relancer le tour mondial. Et puis on mêle le tour mondial avec l’enseignement du sport. Il y a des académies sur chaque compétition. Ça me plait. Je m’identifie vraiment dans ce tour.

Parlons justement de la transmission et de tes académies. Tu sembles avoir fait le bon choix dans ta carrière en te consacrant davantage à l’enseignement même si tu continues encore à faire des compétitions…
Je suis vraiment très content de mon parcours. J’adore faire mes académies. C’est forcément parfois fatiguant en fonction des endroits et des gens avec lesquels je travaille. Mais j’adore transmettre ma passion. j’adore rencontrer plein de gens de pays différents. Quand je fais ça, je sens que je vis de ce que j’aime. La compétition, c’est un stress et une approche différente du sport. Être sur la plage avec des gens qui veulent apprendre de moi et qui me respectent en tant que sportif, c’est ce que je préfère. En 2019, je pensais arrêter. Je n’ai fait que deux compétitions cette année-là. Je comptais faire la même chose en 2022 (après les deux années Covid). J’étais parti pour ne faire qu’Arica et le Fronton. Je suis allé à Arica pour me faire plaisir. Et avec mon résultat là-bas (vainqueur), tout le monde m’a remotivé. Et me voilà à Sintra pour la 17e année consécutive.

Dis-nous comment ta semaine sera-t-elle réussie ?
Je vais essayer d’aller le plus loin en drop knee, ça serait bien de faire un podium. Mon objectif en prone est d’être Top 5 avant le Fronton. A Sintra, c’est juste de la loterie. On espère que la vague nous arrive dessus. J’espère aussi voir un maximum de Français aller le plus loin possible.

Te verra-t-on à Biarritz pour les championnats de France (28 octobre-5 novembre) ?
J’aimerais beaucoup ! Je fais un stage fin septembre en Bretagne avec les organisateurs de l’Annaëlle Challenge. Je ferai ensuite l’ETB à la Cicer (Canaries) en octobre. J’enchaînerai avec la dernière étape IBC au Fronton (15-30 octobre). Et si le bodyboard est programmé après le 30 octobre, alors oui, je ferai les championnats de France ! J’aurais ensuite la chance de rentrer à la Réunion pour une compétition surf et bodyboard organisée par Christophe Mulquin à St Leu.

Photos FFSurf / Xavier Renaudin

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