Médaille de bronze du relais 4X100M aux Jeux olympiques de Séoul, Daniel SANGOUMA est aujourd’hui directeur du Service des sports de la ville de Saint-Denis. Son constat à propos de l’athlétisme français à Tokyo : “Cela ressemble à une débâcle et n’annonce rien de bon pour la prochaine olympiade.” 

Quel regard portez-vous sur les résultats de l’athlétisme français à Tokyo ?

Daniel Sangouma : Sur l’athlétisme en général, le spectacle proposé par l’ensemble des protagonistes a été plutôt de bonnes factures avec en prime 3 records du monde malgré l’absence de publics dans un grand stade vide. Pour la France, le constat est beaucoup moins glorieux, pour ne pas dire catastrophique avec en perspective les JO de Paris dans 3 ans. 1 médaille d’argent au Décathlon, et très peu de finalistes. Cela ressemble à une débâcle et n’annonce rien de bon pour la prochaine olympiade. 

Malgré de bons résultats chez les juniors et espoirs, je crains que la marche vers le très haut niveau de performances lors d’une échéance ultime comme les JO, ne soit impossible pour nos athlètes.  J’espère sincèrement me tromper ! Sur 144 médailles à distribuer dans les épreuves d’athlétisme, la France n’en a récolté qu’une seule à Tokyo !  

Qu’est ce qui a changé dans l’athlétisme par rapport à votre époque ?

Beaucoup de choses ont changé ! La technologie a fait une entrée fracassante dans la réalisation des performances avec notamment les chaussures avec des lames en carbone qui procurent un avantage technologique indéniable. Les 3 records du monde ont été battus avec ces chaussures nouvelles générations. Toujours sur le plan technologique, il est aussi indéniable que le suivi médical, l’alimentation et la récupération ont fait d’énormes progrès. Enfin le changement notoire entre la génération actuelle et la nôtre est sans aucun doute l’hypermédiatisation des athlètes à travers les réseaux sociaux et la capacité de tout à chacun de gérer personnellement sa communication et son image. 

Comment voyez-vous Paris 2024 ?

Les JO à Paris sont une vraie opportunité pour la France et le sport français si l’on s’en donne les moyens…

L’objectif de 60 médailles sera très difficile à atteindre. 

“L’athlétisme sans une formation qui “tienne la route” n’a pas de perspective”

Quelles mesures prendriez-vous pour redonner des podiums et des médailles à l’athlétisme français ?

Historiquement, l’équipe de France d’athlétisme n’est pas une grosse pourvoyeuse de médailles olympiques, seulement 69 depuis 1896 dont 14 en or ! 

Plusieurs options s’offrent à nous face à un tel objectif, soit nous jouons le nombre avec une grosse délégation, soit on monte un “commando” équipe de France pour glaner le plus de médailles et on y met les moyens, car le temps ne joue pas en notre faveur ! Je laisse les responsables faire leur travail sans interférer dans leur action et je suis de tout cœur avec eux dans cette quête de médailles olympiques.  

Et l’athlétisme réunionnais ? Quelle place occupe t-il aujourd’hui et peut-il prendre dans les années à venir ?

L’athlétisme 974 est pratiquement inexistant à l’extérieur ! Nous avons quelques résultats chez les jeunes mais ça reste encore fragile ! L’athlétisme sans une formation qui “tienne la route” n’a pas de perspective et je considère que tout cela est très approximatif aujourd’hui. J’espère me tromper !

Vous êtes très en retrait de la pratique dans l’île pourquoi ?

L’idée que je me fais de la pratique, de l’engagement et de mes expériences passées, ne m’ont pas permis de trouver la possibilité de m’exprimer pleinement dans l’athlétisme local, alors je reste en retrait. 

Propos recueillis par Guy Leblond
Photo Pierre Marchal

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