La 6e journée des World Surfing Games, disputée la nuit dernière à Surf City (Salvador), a souri à Johanne Defay, Pauline Ado et Vahiné Fierro qui ont franchi leur tour et sont toujours dans le tableau principal. Elle a cependant fait des dégâts chez les messieurs où Joan Duru et Maxime Huscenot se sont malheureusement arrêtés au 5e tour des repêchages. Pas Kauli Vaast qui est toujours en course et a impressionné dans la grosse houle qui lèche la côte Pacifique de l’Amérique latine.
A la veille des finales, il ne reste désormais plus que 6 surfeuses et 5 surfeurs européens pour le seul ticket olympique par genre qui sera décerné pour le Vieux Continent. Les chances tricolores reposent sur Pauline Ado, vahiné Fierro et Kauli Vaast ; Johanne Defay étant déjà qualifiée via le CT. Cinq surfeurs ont obtenu, hier, leur qualification olympique : Jordy Smith (Afrique du Sud), Sarah Baum (Afrique du Sud), Billy Stairmand (Nouvelle-Zélande), Saffy Vette (Nouvelle-Zélande) et Shino Matsuda (Japon).

C’est toute la magie des World Surfing Games. Sans enjeu personnel sur ces Mondiaux de l’ISA, puisque l’écrasante majorité joue la qualification olympique sur le tour mondial WSL, certaines stars du surf mondial sont logiquement allées s’entraîner sur le spot de Punta Roca, site de la 6e étape du CT qui débute ce vendredi au Salvador, plutôt que de se présenter pour leur série. Entre Filipe Toledo qui n’arrive plus à faire un roller en série de repêchages et les Américaines Carissa Moore et Caroline Marks qui ne viennent pas retirer leur lycra, le désintéressement et les forfaits ont fait des heureux… et des malheureux.
Heureusement, d’autres ont joué le jeu à fond. A commencer par les Brésiliens Tatiana Weston-Webb, Gabriel Medina et Joao Chianca, le Japonais Kanoa Igarashi, le Sud-Africain Jordy Smith, l’Italien Leo Fioravanti ou encore les Australiens Sophie McCulloch et Ethan Ewing. Pour l’amour de la compétition ou parce qu’ils ne sont pas assurés d’avoir leur billet pour Paris-2024 via le CT.

Lundi, Jordy Smith a, lui, définitivement sécurisé sa place pour les Jeux Olympiques en étant le dernier surfeur du continent africain encore en lice. On verra tout à l’heure si le géant de Durban lèvera le pied, maintenant qu’il a son ticket pour Teahupo’o.
Lundi, le forfait de l’Américaine Caroline Marks a fait le bonheur de la Française Vahiné Fierro qui avait une série particulièrement relevée avec Weston-Webb et, donc, Marks. Après s’être présentée au beach marshall, Fierro est restée sur le sable, assurée d’aller au tour suivant sans même mettre le lycra.
Elle a ainsi pu suivre et encourager ses coéquipières. A commencer par Johanne Defay, laquelle s’est posée en patronne sur le spot de la Bocaña. La N.3 mondiale disait être à la recherche de ses sensations après trois mois de break pour blessure en début de saison, et un retour à la compétition mi-avril. Lundi, elle a tout simplement fracassé le spot. Avec une option claire sur la gauche qui offrait des murs plus propres et plus longs que la droite hâchée par un fort vent de côté. La Réunionnaise a plié sa série avec un 8,50 pts d’entrée de jeu avant de sécuriser totalement la première place avec une vague à 7 pts. « Il y avait de belles vagues, mais pas mal de vent et je me suis dit, je commence à gauche et j’irai à droite après. Et puis j’ai eu cette bonne vague d’entrée (8,50 pts) et j’ai décidé de rester plutôt sur la gauche, a-t-elle analysé après coup. Ce n’était pas évident d’être bien placée et de choisir les bonnes. Et pourtant, j’ai pris les deux bombes de la série. Pauline (Ado) a bien géré sa série, ça continue. Demain sera un autre jour. »
Pauline Ado, justement, a eu plus de mal que sa compatriote mais la Basque est parvenue à se qualifier au forceps. Frustrée de ne pas avoir pu sortir un meilleur surf, la vice-championne du monde ISA a tout de même fait le travail pour se hisser au 5e tour du tableau principal. « Je passe mais passer avec des 4 pts, ce n’est pas mon objectif, a-t-elle déclaré. Je suis un peu déçue de ma prestation mais l’essentiel est de passer pour s’épargner des tours de repêchages et de garder mon énergie. J’aimerais bien montrer davantage. Je suis désormais focus pour demain. »

Après ce beau début de matinée, Joan Duru a enchaîné avec une série de repêchages très solide et une première place haut la main pour rejoindre Maxime Huscenot et Kauli Vaast au 5e tour de repêchages. Qui en compte 12 pour rallier la grande finale. Las, le capitaine des Bleus a fait la course en tête jusqu’à 40 secondes du coup de trompe final, et un renversement de situation avec le Japonais Taichi Wakita et le Portugais Frederico Morais qui l’ont doublé sur une dernière vague pour quelques dixièmes. « J’aurais pu prendre le pic et mieux commencé. Mais je suis bien revenu, confiait-il après sa série. A la fin, je n’entendais pas les scores. Je croyais que le Japonais (Wakita) avait eu le score. J’ai pris une vague pendant qu’il remontait alors que j’aurais pu attendre et le bloquer dans les derniers instants. Ma vague n’était pas bonne et lui en a eu une bien meilleure juste derrière. Et puis Frederico (Morais) a eu sa dernière vague tout à droite. C’était hyper serré. Je n’ai pas grand-chose à me reprocher. Je ne suis pas tombé, j’ai fait mes vagues. » Ambitieux sur cette compétition, lui qui avait été sacré ici même en 2021, le Landais assure qu’il va vite rebondir. « C’était une grosse opportunité. J’adore cette vague. Je n’ai pas eu le même timing qu’en 2021. Je vais me focaliser sur les Challenger Series et essayer de rester dans le Top 3 des surfeurs français pour avoir une dernière chance de qualification sur les Mondiaux de 2024 (22 février – 2 mars à Porto Rico) ».

A peine le temps de se remettre de ce coup dur, que la foudre tombait un seconde fois sur l’équipe de France. Pas dans le rythme, ni sur les plus belles vagues, Maxime Huscenot trouvait néanmoins les opportunités de placer des manoeuvres très engagées. Sur sa dernière vague, le Réunionnais envoyait deux gros turns et un maxi reentry. Poing serré, il était certain d’avoir le score pour passer son tour. Il reste pourtant à quai pour 9 centièmes… « C’est une déception totale. Il y avait un objectif que je n’ai pas rempli. Je me suis battu, j’ai fait de mon mieux mais je ne décide pas de tout, confiait Huscenot après son élimination. Ce n’est pas évident car ça fait quelques mois que je me bats et que ça ne passe pas. Je suis déçu car beaucoup de choses se sont enchaînés ces derniers temps, et ce n’est pas facile. Je vais rentrer chez moi, me reposer, me ressourcer en famille avant d’attaquer la suite de la saison sur les Challenger Series. Je suis attaché à l’équipe de France, attaché à représenter mon pays. Ça reste un rêve de faire les Jeux et ce sera toujours un objectif. Il y aura une chance en 2024 de gagner sa place. Tant que ce ne sera pas terminé, je ferais tout pour. J’ai passé de très bons moments ici avec l’équipe de France. C’est encore une expérience très positive. Et puis si à la fin, il y a une Française et un Français de qualifié, ce sera l’essentiel et on sera tous contents ! »

De Français, il n’en reste donc qu’un. Kauli Vaast n’a pas eu à trembler hier dans des vagues bien puissantes qui lui correspondent parfaitement. Le Tahitien a fait voler en éclats le spot de la Bocaña. Avec le meilleur total de la journée (16,07 pts), il s’est d’abord régalé sur les plus grosses vagues lacérées avec de gros carves dont il a la technique. Vainqueur de sa série devant un Joao Chianca (12,76 pt) concerné et un Filipe Toledo parti à la pêche (5,40 pts), Vaast a ensuite dominé sa dernière série du jour en repêchages 7 avant de voir le Mexicain Sebastian Hernandez le doubler à la dernière seconde après un air stratosphérique et la meilleure note de la compétition (9,50 pts). Ce qui ne l’a pas empêché de se qualifier pour le 8e tour de repêchages. « Je me suis fait plaisir, il fallait surfer. J’ai eu un bon placement, les bonnes vagues, analysait Vaast après sa journée. Je ne voulais pas être en repêchages mais c’est comme ça. Hier (dimanche), je n’ai pas eu le rythme. Je me suis re-concentré. Comme l’a dit Joan (Duru) au début : on est une équipe. Notre force est d’être soudés, d’avancer tous ensemble. Je suis le dernier Français dans le tableau messieurs, mais je ne pense pas à ça. J’avance série après série. Je vais essayer d’aller le plus loin possible. »

Ce mardi, la houle sera à son pic avec des vagues qui atteindront voire dépasseront les trois mètres. Une décision sera prise en matinée pour choisir l’unique spot de compétition. La Bocaña reste privilégiée mais El Sunzal pourrait être retenu. Les trois Françaises surferont au minimum deux fois si elle reste dans le tableau principal, voire cinq fois si elles en sortent. Kauli Vaast a trois tours à passer à son programme s’il veut se qualifier pour le jour final et conserver ses chances olympiques.
Au classement des nations, la France est dans le combat pour le podium aux côtés du Brésil, du Pérou, du Japon, de l’Australie et de la surprenante Allemagne.

Les Européens encore lice pour la qualification aux Jeux Olympiques sur ces Mondiaux

Messieurs
Uri Uziel (Israël), tour principal
Kauli Vaast (France), repêchages
Gonzalo Gutierrez (Espagne), repêchages
Frederico Morais (Portugal), repêchages
Dylan Groen (Allemagne), repêchages

Dames
Pauline Ado (France), tour principal
Vahiné Fierro (France), tour principal
Noah Klapp (Allemagne), tour principal
Tiara van der Huls (Pays-Bas), tour principal
Francisca Vaselko (Portugal), tour principal
Rachel Presti (Allemagne), tour principal

NB : le surfeur du continent Europe le mieux classé par genre aura une place pour les JO. En cas d’égalité, la différence se fera sur le total de points obtenus dans la dernière série disputée. Johanne Defay est déjà qualifiée via le CT.

Photos : FFSurf / We Creative

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