En ce dimanche matin 31 octobre, un rituel de plus, post-GRR, depuis des années : se relancer sur une grande grimpette, aller décrocher avec ses bottes de sept lieues bien rodées sur la Diag’, la bonne botte d’ail qui va bien pour les carrys de récupération. Mais avant de faire cette 30ème « Course de l’Ail » à Petite Île, il aura fallu se livrer à une matinale « Course à l’Échalote » : se lever dans la capitale du Nord à 3 heures du mat, aller cap au Sud sur Saint-Pierre ; y récupérer nos amis alsaciens – Valérie Combe et Laurent Rohmer, un solide Finisher de la récente Swiss-Peaks 360 km… – ; repartir sur le village de la fête de l’ail, redescendre sur Grande Anse en bus, s’échauffer un peu… Et s’élancer enfin pour 20 km et 950 m D+ à 7 heures pétantes… Démarrage en côte, boucle endiablée, sévère ascension et bonne descente finale ponctuée de moult relances, sont au programme

L’illustre Raymond Fontaine ayant troqué à cette occasion ses baskets contre un micro, c’est encore lui qui aura à gérer la meute autrement… Entre autres performances au niveau national, il a été neuf fois vainqueur de cette épreuve (2013, 2009, 2008, 2007, 2006, 2005, 2003, 2000, 1999) ; encore 2ème en 2019 juste derrière le dynamiteur Juanito Lebon… Outre un groupe élite très bien fourni, on a retrouvé cette année encore, des légendes : Denis Bornot, ayant des chronos autour de 2 h 45 au marathon et encore capable, en catégorie M7 qu’il domine, de finir la course devant Mireille et Laurent… ; Jean Pierre Hoareau, alias « Tête Chou », qui se montrera tellement monté sur ressorts dans les descentes, que je le laisserai filer après le sommital Domaine du Relais (on a souvent alterné 1er et 2ème sur pas mal de courses, avec le même plaisir partagé)… Jean-Hugues Vitry, qui collectionne depuis des années de bonnes performances sur ses nombreuses courses ; et la championne de son « Quartier de La Réunion du Monde », Mireille Vélia-Toussaint, qui, après avoir fini sa 3ème Diag’ consécutivement, – pourtant partie avec un os cassé et qui n’est pas inutile, contrairement à ce qu’on dit de celui de Sissi (Sylvaine Cussot) -, récidive aussi sur cette épreuve en terminant 1ère de sa catégorie… Dommage, qu’après avoir signalé en vain l’oubli des récompenses pour les M3, elle n’ait pas été appelée sur le podium comme moi pour y récupérer son trophée et surtout la grosse botte d’ail qui n’était réservée, cette année, qu’aux récompensés et non plus à tous les arrivants, comme avant… Perso, je me contenterai de la deuxième place. Depuis le GRR, on reprend tranquillement le rythme d’une compétition par semaine, dans une montée en puissance très progressive.
En dépit de ces petits couacs de remise des prix, et d’une distribution plus confidentielle de l’ail – au regard de la massive importation depuis la Chine, notre production péi, de bien meilleure qualité, vaut de l’or… -, la 30ème édition de cette course bien rodée a tenu ses principales promesses, dont celle d’avoir bien repris son cours dans un contexte difficile ; l’anniversaire n’aura pas été fêté plus que ça, la joie de s’y retrouver ayant été le premier cadeau ; tout en conservant son socle et l’incontournable montée sur le Domaine du Relais, l’épreuve a déjà connu quelques variations dans son histoire ; cette année, les ravines ponctuant l’ascension ont été supprimées au profit d’une trace plus régulière (mais pas moins exigeante). Le temps a été de la partie, avec un site de départ toujours aussi magique dans une ambiance tropicale à souhaits; après avoir longé la mer menthe fraîche, une montée moirée au fil des larges sentes poussiéreuses entre les verdoyants champs de canne ; puis une panoramique descente, rapide en dépit de quelques tronçons techniques… Le tout dans un cadre préservé de La Réunion lontan, peuplée de gens bienveillants, offrant de sublimes atouts et attraits variés qui conduisent à renouer avec le meilleur de l’île, et qui enchantent le coureur le plus fatigué…
C’est le sympathique Petit-îlois, Ruddy Barret, sociétaire du COSPI, qui a mis tout le monde d’accord, en remportant dans son fief, cette 30ème édition. A la base pistard de fond (1500 à 3000 m), le jeune sportif accompli devient l’homme tout terrain de haut niveau. Chez les féminines, c’est la salazienne spécialiste des trails courts, licenciée à l’AC Saint-Paul, Isabelle Lamy, qui s’est imposée en prenant rien moins que la10ème place au scratch…
Avant 10 heures, tout était déjà plié ; nous ferons une escale à Boucan Canot en attendant l’ouverture de la satanée route du littoral, prévue à 12 h 30. De bonnes baignades relaxantes permettent de nous remettre sur pieds ; elles seront suivies d’une longue pause gastronomique, bien arrosée, qui complètera la remise en forme avant que nous n’allions déposer nos champions alsaciens à l’aéroport pour un retour dans leur fraîche contrée à l’issue de leur dernière journée réunionnaise 2021, fort bien remplie…
Bravo au COSPI et à l’OMS de Petite Île pour avoir permis à l’une des plus anciennes épreuves de l’île, typée authentique « course de montagne » par son format, de reprendre le cours de sa longue histoire. Non seulement elle a régulièrement accueilli les plus grands champions, mais elle a contribué à forger le socle patrimonial de la discipline. Anciennement jumelée avec la « Course de l’Ail Rose de l’Autrécois », souhaitons-lui une bonne continuation pour l’avenir. D’ores et déjà, nous prenons rendez-vous pour l’an prochain !

Texte et photos Daniel Guyot

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