La N.3 mondiale est la tête d’affiche de l’Open Surf Région Réunion Red by SFR (9-13 novembre) qui débute demain à St Leu. Johanne Defay se confie avant d’enfiler le lycra pour la première fois sur une vague qu’elle connaît forcément par coeur.

Une compétition à St Leu. Tu en rêvais, non ? Ça fait quoi de te dire que demain tu vas mettre un lycra pour surfer cette vague que tu connais ?
Ça ne m’était jamais arrivé. J’avais fait des compétitions La Réunion mais sur d’autres spots que St Leu. C’est donc une grande première, et c’est trop cool. Je suis super contente de pouvoir vivre ça. Surtout avec le contexte que l’on connaît tous. Pouvoir surfer St Leu en compétition, c’est génial. C’est pour la bonne cause. Je sais aussi que certaines copines avec qui je faisais des compétitions à l’époque sont inscrites, on va bien rigoler !

Ta présence est importante car elle va permettre à la Réunion et à St Leu de refaire parler d’eux sur l’échiquier du surf pro… On imagine que tu as dit oui assez vite, non ?
Bien sûr que j’ai dit oui tout de suite ! Je n’avais pas de questions à me poser. Encore une fois, merci à tous ceux qui travaillent pour la réalisation de cette compétition. Je tiens à rendre honneur à tous ceux qui travaillent depuis longtemps pour gérer la crise requins et qui oeuvrent pour nous en sortir. Cette compétition fait honneur au surf réunionnais et c’est bien là le principal.

La sécurité est un enjeu majeur pour ce retour du surf professionnel à La Réunion. Johanne Defay peut-elle être un atout important pour la Réunion dans les discussions avec la WSL ?
C’est important de montrer à l’international qu’on surfe en compétition à la Réunion (la reprise des compétitions s’est opérée il y a plusieurs années déjà, ndlr) et désormais aussi à St Leu. Sur le tour pro, on surfe dans des endroits où il y a des requins. Je pense notamment à J-Bay (Afrique du Sud, ndlr). C’est possible, il y a des grandes compétitions là-bas. A St Leu, on a de nouveau un risque acceptable pour une compétition avec de la surveillance. Je serai donc une porte-parole pour soutenir La Réunion, parler des efforts qui sont faits, du travail des gens sur place pour la sécurité et je militerai pour le retour d’une compétition pro. Je n’ai pas forcément pris position dans la crise requins de différentes manières sur l’île, mais pour ce qui est de la compétition et des discussions avec la WSL je serai dans mon rôle. C’est évident. J’ai toujours été transparente dans ma façon de surfer à la Réunion. Je surfe St Leu que lorsque le spot est sécurisé, j’ai des EPI (équipement de protection individuel qui envoie des ondes électromagnétiques, ndlr) dans ma planche. Je me sens en sécurité quand je surfe dans ces conditions et je le dirai à la WSL.

Si ça se fait, il devrait tout d’abord s’agir d’un QS avant de rêver plus grand. Pourrais-tu quand même y participer ?
Oui bien sûr ! Je le ferais, oui ! En tant que surfeur du CT, je suis obligé de faire au moins un QS par an. J’engage des frais et du temps pour aller loin de chez moi pour faire une compétition du circuit QS, alors que je n’en ai pas besoin. Je serais évidemment ravie si ce QS pouvait se faire à la maison (rires) !

Toi qui milites pour plus de “gauches” sur le tour, un CT à St Leu serait magnifique, non ?
Oui ! De toutes manières, il faut toujours voir plus haut dans ce qu’on entreprend. Encore une fois, merci aux gens qui entreprennent ce travail ici pour le retour des compétitions pros sur St Leu. Je ferai toute la promotion de cet événement auprès de la WSL. St Leu serait effectivement parfait au calendrier du CT avec une gauche en plus. Il y en a très peu et la saison prochaine, il y en aura encore moins puisque G-Land (qu’elle a gagné en juin, ndlr) a été retiré et remplacé par le Surf Ranch (vague artificielle, ndlr). Je suis sur le CT depuis 10 ans, et si je ne disais rien au début, je suis désormais dans le combat avec d’autres athlètes pour davantage de gauches et plus d’équité. Pour l’instant, tout ce que je peux faire, c’est parler, débattre, émettre des idées. Faire un CT à St Leu entre dans ce cadre. Et si jamais ça arrive plus tard, et que je ne suis plus sur le tour, ça bénéficiera à d’autres surfeurs réunionnais ou français. Quoi qu’il en soit, un CT à St Leu fera la promotion de La Réunion. Cette vague a marqué les pros qui sont venus ici. D’anciens surfeurs en parlent encore.

Le dernier CT à la Réunion remonte à 2005. Que faisais-tu à cette époque ?
J’étais bien sûr venue assister à la compétition. Ma maman était infirmière pour l’organisation. Je surfais pas mal avec Cannelle Bulard à l’époque, elle était chez Rip Curl et forcément, on était au village tous les jours. On était allé voir Mick Fanning, et tous les pros, c’était incroyable ! Je m’en souviens encore.

On sait qu’il s’est passé pas mal de choses dans ta vie depuis la finale début septembre à Trestles. On t’avait quitté très déçue après Trestles, peut-on te demander si aujourd’hui tu es… heureuse ?
Oui, j’étais très déçue sur le moment. La déception est assez vite passé. J’ai quand même réalisé une super saison, avec le record personnel de terminer 3e et d’être sur le podium. C’est clairement une belle saison. J’ai basculé sur d’autres projets dès que la saison s’est terminée : j’ai notamment organisé un stage de yoga dans le Sud-Ouest. Et puis je me suis mariée ! Je suis comblée. Je suis à un moment de ma vie où les compétitions c’est chouette mais je fais pas mal de choses à côté. Cette longue coupure à l’intersaison est bénéfique, elle est même nécessaire. La saison a été usante, avec le stress du cut. Il n’y a eu aucun répit pendant 8 mois, ça a été du non-stop. Je suis contente d’avoir bien profité des deux mois de break qui viennent de passer. Il me reste encore deux mois pour me préparer. »

Interview et photo FFS

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