Dans la foulée des «10 km de la Liberté » à Saint-Leu la veille, nous voici repartis, tambour battant, au petit matin du 20 décembre – jour de fête pour l’abolition de l’esclavage -, sur les traces de « Nono et Blancho »… Avec son bœuf Moka « Blancho » (bèf Brankar cousin du zébu), Willy Dapala-Amana, dit Nono – de son ti nom gâté -, formaient un duo emblématique qui sillonnait les chemins de La Saline les Hauts dont le stade accueillera les départ et arrivée de notre boucle de 22 km et 650 D+.

L’affiche la plus artistique jamais réalisée pour un « trail péi », annonçait la couleur : un vrai feu d’artifice final. Pour clôturer l’année en beauté, la grande famille des traileurs s’était réunie autour du plus phénoménal de l’île, Alexandre Depêche, fraîchement installé sur le caillou après avoir brillé dans l’hexagone. Chez les féminines, Sissi (Sylvaine Cussot), allant se classer 4ème, on mesure le niveau des forces en présence… Le trail le plus rapide affichait plus que complet, avec des têtes d’affiches aussi vives que cette flamboyante invitation du flyer. Le temps gris et les quelques grains de pluie n’ont rien changé aux tableaux. Chauds !

Dans ces conditions, il ne fallait pas mettre la charrette avant les bœufs : gare aux pièges ralentisseurs pour ne pas risquer de devoir se garer prématurément, aux ornières, aux cailloux malmenant les moyeux, et à la bonne bosse plus marquée que celle du Moka… Juste après quelques marches pour se hisser dans la charrette, l’entame très roulante allait être suivie d’un long serpentin technique pour descendre dans la « Ravine Tabac ». Et attention au « coup de tabac » dans sa très sèche remontée ! Nous, on avait eu le privilège de s’être bien échauffés aux « Foulées de Saint-Leu », mais, pour les moins aguerris, il y avait de quoi se faire ramasser dans la charrette – à défaut d’un bon coup de sec du même nom… – afin de remonter la pente.

De retour à l’écurie, Mireille et moi, on a gagné chacun notre charrette (trophée catégoriel comme la veille) pour rentrer à la maison. « Là, j’charrette le trail ! » pour cette année, qu’on s’est dit en chœur, après un week-end bien rempli de cavalcades, et la goule pleine des gastronomiques gâteaux-maison du ravito d’arrivée… Pas le choix : plus rien au calendrier, trêve des fêtes, pas si libres que ça… Mais quand un bœuf se couche, ses cornes sont toujours debout…

L’expression de la liberté en ces temps covidés, n’a jamais été aussi paradoxale, où l’on a plutôt envie de dire, même en coureurs symboliquement les plus cornus, « Mwin minm bèf devan », avec des « chef-charretiers » hors sol, à bien des égards négriers de nos existences… Le « Trail Charrette » aura été une manifestation de vraie Liberté, providentielle au regard d’un Barachois déserté…

Bravo pour cette belle première édition – et ultime trail réunionnais 2021 -, au bien nommé « Trail-Rando-Passion » brillamment animé par Jean Patrice Payet qui sait conjuguer la mémoire authentique de l’histoire avec le meilleur pour le futur, à tous les coureurs qui ont honoré ce grand rendez-vous, avec mention spéciale à notre chaleureux ambianceur Jérôme Désiré…

Texte et photo Daniel Guyot

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Daniel Guyot
Daniel Guyot est le recordman absolu en termes de Diagonales achevées. En trente ans de grandes traversées depuis la Marche des Cimes, il est le trailer le plus assidu. A 60 ans, Daniel Guyot aura passé la moitié de son existence à courir après celle qui affole son palpitant depuis trois décennies. Une certaine Dame Diagonale. L'histoire de La Réunion étant intimement liée à celle de la Bretagne depuis les origines, il n'est finalement pas si étonnant que ça qu'un Breton le soit également à celles du Grand Raid.

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