C’est avec un bagage atypique et plein de rebondissements que Thierry Hoarau décide finalement de se lancer dans la photographie. Après une enfance passée en métropole, le Réunionnais retrouve son île natale pour la sublimer à travers son appareil.

Thierry suit une formation en comptabilité, durant laquelle il fait ses preuves et obtient son bac pro. Dès l’heure, il sent pertinemment en lui une envie d’autre chose. Débute alors une vie professionnelle bien remplie et pour le moins originale. De job d’été en usine, à ébavurer de petites pièces mécaniques, en imprimerie, fabriquant les bulletins loto de la FDJ, de chauffeur-livreur, à intérimaire au CNRS à monter des étagères, il trace doucement son chemin, avant de trouver sa voie.

« Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours regardé mon environnement comme à travers des objectifs, parfois au grand angle et parfois au zoom ».

C’est alors que le domaine de l’image lui ouvre ses portes. Autodidacte, le photographe et vidéaste ne connaît pas de parcours classique, mais se laisse porter par la passion. Petit, déjà, Thierry avait cette affection particulière pour l’image, mais ce sont des rencontres qui le feront revenir à cet amour d’enfance. C’est en tant que stagiaire aux côtés de Bruno Cadet, lors de la réalisation de « Kaméra kafé », adaptation locale de la série «Caméra Café» en créole, mettant en scène plusieurs humoristes tels que Marie-Alice Sinaman, Thierry Jardinot et Didier Mangaye, qu’il apprend le métier de vidéaste. Il rejoint par la suite, entre spectacles d’humour, concerts et évènementiel, Hémisphère Sud/Hémisphère Prod, entreprise de production de spectacle, durant plusieurs années. Il raconte : « Tirer des câbles vidéos en bon technicien, puis me retrouver en loge VIP avec de grands artistes, des expériences enrichissantes ».

Aujourd’hui, c’est à son propre compte que Thierry exerce comme photographe et vidéaste. Lui-même pratiquant de trail et de triathlon, les photos d’évènements sportifs restent à ses yeux les plus belles et son fort intérêt pour le monde du sport, l’ayant notamment porté jusqu’au parc d’Isalo, Nosy Be ou encore Diego Suarez, se discerne dans son travail. Photographe de la Team Trail Décathlon ainsi que pour des organisateurs de courses à La Réunion et Madagascar, le photographe acquiert une forte expérience du terrain. Son champ d’action reste néanmoins large ; évènementiel, bande annonce, reportages, photos de publicité et de studio, c’est armé de son Canon et de polyvalence que l’homme entreprend son métier. C’est également de façon fréquente que Thierry travaille en collaboration avec les plus grandes entreprises de La Réunion en photos et vidéos. Son objectif ; sortir satisfait de ses photo, mais plus encore, satisfaire son client.

« L’outil change, mais l’oeil reste le même »

Concernant sa double casquette, s’il devait faire un choix, le photographe/vidéaste admet un penchant plus prononcé pour la photographie. L’exclusivité et l’authenticité de chaque image est pour lui, fascinante. « Une expression, un regard, une action, ne durera toujours qu’une seconde, illustre-t-il. À travers un déclenchement, on aura sélectionné un morceau d’histoire ». Pour Thierry, l’important est de savoir saisir l’instant et de le faire vivre aux spectateurs à travers son activité. Parmi ses photos, celle qu’il affectionne plus particulièrement est d’ailleurs pour l’interprétation qu’il en a : celle d’un coureur prenant son bébé dans les bras à l’arrivée du Grand Raid.
Le reporter dans l’âme est lucide quant au besoin très important que représente l’image de nos jours, bien que le terme de photographe ait quelque peu, pour ce passionné, perdu de son prestige. Faute à l’affluence du numérique, dont il reconnaît par ailleurs la praticité et par la même occasion, d’une abondance de cette pratique amateur, Thierry déplore un attrait regrettable pour la quantité au détriment de la qualité, qu’amène particulièrement la pratique des réseaux sociaux. Il reste cependant confiant vis-à-vis du public. « Aujourd’hui nous sommes submergés d’images, mais ce qui est rassurant, c’est qu’une belle image sera toujours appréciée et regardée un peu plus longtemps qu’une autre. », déclare t-il.
Le regard et l’angle portés sur le sujet restent cependant plus importants à ses yeux que l’outil ou la qualité technique. À la question « qu’est-ce qu’une photo réussie ? », celui-ci répond ; « C’est quand on devine ce qui s’est passé avant et ce qui se passera après cet instant figé. Des photos peuvent être « ratées » techniquement mais avoir une belle histoire à montrer. »

Pour Thierry, cette vocation, c’est aussi une aventure remplie d’expériences et de rencontres, dont il collectionne également de beaux clichés dans les archives de sa mémoire. Il se rappelle avoir participé, au spectacle de L’ambians nout péi, entouré des plus grands de la scène Réunionnaise de l’époque. L’événement organisé au célèbre casino de Paris se termine par une distribution de letchis. « J’ai une image de toutes les peaux de letchis sur le sol à la sortie du Casino, se remémore t-il. C’est un très beau souvenir ». C’est un peu de magie que laisse dans son esprit certaines rencontres, comme celle avec Charles Aznavour, rendue possible par le biais de sa profession. Travailler pour National Geographic, qu’il considère comme la référence absolue dans le domaine de la photographie, serait pour Thierry à la fois l’aboutissement et la reconnaissance de sa carrière. Il évoque la photo l’Afghane aux yeux verts, comme étant pour lui un modèle de photo réussie. Pour l’avenir, l’autodidacte envisage d’accomplir un tour du monde, durant lequel il souhaiterait réaliser un portrait avec chaque chef d’État. Un projet qu’il estime quasi irréalisable, mais qui, lui semble t-il parlerait aux gens.

Texte : Célia MUSSARD
Photos : Thierry HOARAU

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Célia Mussard
Née à La Réunion et résidant depuis toujours sur l’Île, c’est par passion pour celle-ci et pour le monde du journalisme que Célia Mussard suit une formation en Information et Communication à l’Université de La Réunion, avec pour projet professionnel : devenir rédactrice de presse locale. Âgée d’une vingtaine d’années, c’est après une première expérience dans le domaine au journal Le Quotidien de la Réunion que Célia Mussard rejoint la revue trimestrielle Paradise Island et Gadiamb.

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