La bloqueuse Fanny Gibert crée la surprise ce soir lors de la finale de la Coupe du monde de Serre Chevalier – Briançon en décrochant le 22 août le bronze au terme d’un run d’une maîtrise et d’une rapidité exceptionnelle. La compétition est remportée par Laura Rogora (ITA) et Adam Ondra (CZE). Fanny Gibert, « magique »
La réunionnaise Fanny Gibert (Team Vertical Art), s’était glissée de justesse en finale, hier, en prenant la 8e place du classement provisoire. Elle avait alors confié rêver d’atteindre le rétablissement de ce mur de Briançon. Au pied de la voie de finale, ce soir, elle affiche un air déterminé. Dès les premières prises, le rythme est lancé et la Française avance sans faire d’erreur de méthode. Soudain pourtant, elle zippe d’un pied très haut placé et prend un puissant ballant. La foule tremble mais la compétitrice serre les prises et ses deux mains restent bien accrochées. Puis immédiatement, Fanny Gibert recolle ses pieds, souffle un instant et reprend son rythme jusqu’à ce fameux rétablissement dans le profil de la voie où elle parvient à trouver un repos avec un placement de bassin dont elle a le secret. Elle repart alors avec une belle lucidité, toujours sans erreur avant de chuter, à cinq mouvements du top de la voie. Un run quasi parfait pour la bloqueuse.
« C’est assez incroyable d’observer la capacité avec laquelle Fanny a immédiatement repris le fil de sa grimpe après son zippe, se réjouit Laurent Lagarrigue, entraîneur national. Pour quelqu’un qui n’est pas spécialiste de cette discipline, elle a vraiment su optimiser ses points forts de bloqueuse. Elle nous a offert une performance vraiment remarquable. »
« Je ne comprends toujours pas bien ce qu’il m’arrive, confie Fanny Gibert, la voix tremblante d’émotion. Tout s’est passé si vite. J’avoue que la lecture de la voie m’a plu d’emblée. Il y avait moins de réglettes et bien plus de mouvements d’engagement que dans les voies précédentes. J’ai senti que je pouvais vraiment prendre du plaisir à grimper dans ce style. Alors je suis partie sereine. Je ne me rappelle plus de ce qui s’est passé dans mon run, j’étais sur un nuage. Je sais juste qu’arrivée au niveau du rétablissement, je me suis sentie complètement boostée et je me suis dit que j’allais arracher les prises. Et puis, une fois au sol, je me suis retrouvée dans le leader corner à regarder la suite de la compétition sans bien comprendre ce qui se passait jusqu’à ce que Janja (Garnbret) me saute dans les bras pour me féliciter : j’étais sur le podium. Les étoiles étaient alignées ce soir, c’était magique. »
Nina Arthaud (CAF La Roche Bonneville), 2e des demi-finales, est l’avant dernière compétitrice à partir dans la voie. Elle vient d’entendre les applaudissements du public saluant la performance de la Slovène Janja Garnbret à qui la voie n’a pas résisté. Pourtant la jeune femme semble sereine. Elle rentre bien dans sa voie, avance avec un bon rythme avant d’hésiter quelques secondes en milieu de voie quant à la méthode à adopter. Son rythme perd alors un peu d’intensité et Nina Arthaud chute quelques mouvements plus loin, avant d’avoir pu rejoindre le profil moins déversant de la voie. Elle se classe 7e de l’étape. Puis quelques minutes plus tard la jeune Italienne Laura Rogora enchaîne à son tour la voie et remporte la compétition.
Une nouvelle médaille d’or pour la légende Tchèque
La finale homme s’est rapidement enchainée, dans la fraîcheur et sous la voute étoilée de la vallée de Serre Chevalier. Une finale qui comptait deux jeunes Français : Nao Monchois (Entre-temps) et Mejdi Schalck (Chambéry escalade) qui participaient à leur première finale de Coupe du monde. A leurs côtés, le géant tchèque Adam Ondra, le Slovène Domen Skofic ou encore l’Autrichien multiple champion du monde Jakob Schubert.
« Cette voie de finale masculine était particulièrement intense. Elle nécessitait un bon rythme et impliquait de s’engager dans quasiment tous les mouvements sans possibilité de retour. Nous avons eu de belles démonstrations ce soir. Nos Français n’ont pas démérité, assure Sylvain Chapelle. Nao et Mejdi ont tous les deux bien grimpé, chacun dans leur rythme. Ils chutent tous les deux sur le même mouvement. Nao zippe d’un pied et Mejdi manque de précision avec sa main gauche. C’est dommage, tous les deux pouvaient aller plus haut. »
« Je n’avais pas vraiment d’objectif en venant sur cette Coupe du monde, s’amuse Mejdi Schalck, si ce n’est de prendre de l’expérience. Je me suis senti super bien en demi et en qualifications, un peu moins dans cette finale. Mais ça me fait de l’expérience, c’est top de vivre ça pour une première participation en Coupe du monde. »
Quelques minutes plus tard, les runs de Domen Skofic (argent) puis de Jakob Schubert (bronze) font vibrer le public. Mais il faut attendre Adam Ondra pour découvrir les derniers mouvements de la voie. En effet, seul le Tchèque parvient à déjouer les pièges de cette ouverture et à aller chercher le top de cette finale.
Cette compétition internationale s’est achevée sur un hommage poignant pour la jeune Luce Douady, espoir de l’équipe de France, partie en juin dernier.
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