Le champion olympique est en Australie où il lance sa saison sur les Challenger Series avec l’objectif de se qualifier pour le CT 2026. Dans ce long entretien, Kauli Vaast (23 ans) nous parle de sa préparation ces derniers mois, de la médaille d’or qui a changé sa vie, de son rêve d’accéder au CT, de sa relation avec son nouveau coach Joan Duru, de l’équipe de France qu’il est impatient de retrouver.

Salut Kauli, il est bientôt 20h chez toi, on ne te dérange pas trop ?
Non, non, ça va. Je suis rentré à la maison, on était au restaurant. On fait l’interview comme prévu et je vais dormir (rires).

Bien arrivé en Australie, y a des bonnes vagues en plus en ce moment non ?
Oui, c’est vraiment joli les vagues. Je n’ai pas trop regardé les prévisions. C’est Joan (Duru) qui s’en occupe (rires).

Tu vas remettre le lycra dans quelques jours en Australie et on a l’impression que tu as fait une énorme coupure depuis ton titre olympique l’an dernier. Te sens-tu frais justement ou avec un manque de compétitions comparé à d’autres compétiteurs qui les enchaînent ?
Moi, je me sens hyper bien. J’ai eu 6 mois où j’ai pu profiter et puis je me suis remis dedans en début de cette année. Je me suis entraîné, préparé, je suis revenu à mon poids de forme. J’ai recentré mes objectifs, mes énergies, les proches qui forment mon crew (équipe). Je suis super bien mentalement, je super bien physiquement, j’ai des bonnes planches que je viens de récupérer en Australie. Et voilà, j’ai hâte de de pouvoir remettre le lycra !

Depuis ton titre olympique, tu as fait un Challenger au Brésil, le Vans Pipe Masters et le Eddie Aikau à Hawaii, le CT à Abu Dhabi, et le QS à Parara. L’envie de faire des compétitions est toujours là ?
Une saison complète, c’est très long. Il faut de la préparation et il faut de l’envie. L’envie elle est vraiment en moi ! J’ai vraiment envie de bien faire. J’ai vraiment envie de me qualifier cette année, surtout en voyant les copains être déjà sur le CT.
Tu parles de Marco Mignot et de Vahine Fierro qui ont sacrément performé sur le CT pour leur première année…
Oui, je les ai vus se qualifier l’année dernière au Brésil. Marco vient de passer le cut. Lui et Vahine seront sur le CT en 2026. Je suis carrément motivé pour les y rejoindre. Ils sont comme un frère et une sœur et c’est encore plus motivant. Ce sont de beaux exemples. C’est impressionnant de voir ce qu’ils font et ça donne envie.

Est-ce que tu te dis que c’est la bonne saison pour le faire ?
Je pense que c’est effectivement le meilleur moment. Comme ça, on en parle plus (rires) ! Il y a plein de choses pour réussir dans une saison de Challenger Series. Il faut aussi un peu de chance. La première chose pour moi était de revenir après ma performance aux JO. Quand on sait qu’il a fallu quatre ans à Italo (Ferreira) pour revenir en forme (après sa victoire aux JO de Tokyo). Chacun est différent mais je dois dire que ce n’est vraiment pas facile de redescendre de ce petit nuage. En fait, je n’avais pas forcément envie de redescendre. Mais contrairement à Italo qui avait déjà tout gagné, moi j’ai encore tout à prouver sur le circuit pro. Le CT, c’est quand même mon rêve depuis que je suis tout petit. C’est clairement mon objectif numéro un.

Parle-nous de ces derniers mois durant lesquels tu t’es préparé…
Comme je le disais, j’ai eu une longue préparation, étape par étape depuis le début de l’année. Je suis monté en puissance peu à peu. Je suis allé à Hawaii, j’ai passé 10 semaines en Europe. Je me suis préparé techniquement, physiquement et mentalement. J’ai eu la chance de passer le dernier mois à la maison à Tahiti. J’ai profité de la famille, des amis. Je me suis entraîné avec Jérémy (Florès) et Joan (Duru). Ça m’a bien aidé. Et pour finir, j’ai participé au QS de Papara (Tahiti, 2.000) que j’ai gagné. C’était la répétition générale parfaite avant l’Australie. Je suis passé par la Gold Coast pour récupérer mes planches. J’ai pu les essayer sur les vagues ici à Newcastle, elles sont incroyables ! Encore une fois, j’ai hâte que ça commence. J’ai faim !

Pourquoi avoir choisi Joan Duru comme coach cette saison ?
Je suis très heureux de bosser avec lui cette année. On a vécu des grands moments ces trois dernières années sur les championnats du monde et aux Jeux Olympiques. On a tissé des liens qui sont difficiles à expliquer. Joan a une très grande expérience, il a été un très grand compétiteur. Ça a bien matché avec moi parce qu’on a des tempéraments totalement opposés. Lui, est super calme, concentré, il fait les choses posément, il est dans la zénitude. Alors que moi, je suis complètement fou, je déborde d’énergie (rires) ! C’est une belle association. Et puis, il est très fort dans le coaching, il s’y consacre pleinement depuis les Jeux. Il est motivé. Je suis motivé. Je pense que ça peut bien marcher entre nous deux.
Comment se passe justement la préparation avec lui ?
Les entraînements qu’on a fait ont très bien fonctionnés. On s’entend, on se comprend, c’était facile pour moi de comprendre les exercices qu’il me demandait. Ses conseils sont assez subtils, fins. Il opère par petites retouches. Tout ce qu’on a fait m’a bien aidé. On a réussi à travailler sur des petits trucs qu’il fallait changer. Toujours avec l’aide de Jérémy (Florès) qui me connaît mieux que personne.

On sait ton attachement à l’équipe de France. Les championnats du monde ISA de septembre au Salvador sont-ils un objectif ?
Oui ! Et je suis vraiment motivé pour les faire. J’en ai vécu deux avant les JO qui ont été mémorables et les prochains sont un de mes objectifs cette année. C’est hyper important pour moi de faire cette compétition. Et puis, j’ai une 3e place à améliorer (Porto Rico 2024). J’ai aussi fait deux fois 5e en juniors, donc un peu ras-le-bol. Je veux faire mieux. Et puis, j’adore ces moments en équipe de France, j’adore cet esprit d’équipe.
Justement, le mot « équipe » revient souvent chez toi : l’équipe de France, l’équipe que tu constitues pour performer sur le circuit pro…
J’aime bien être entouré de personnes de confiance, avec qui je suis bien. C’est comme ça chez tous les sportifs. Il faut avoir sa petite famille. Quand tu es dans le sport de haut niveau professionnel, tu as ta famille et ta « petite famille » que tu crées au fil du temps. Elle est avec toit tout au long des compétitions, tout au long de l’année. C’est vraiment primordial et ça peut faire une grande différence.
On t’a vu participer au stage Héritage en avril à Tahiti avec les jeunes surfeurs français et tahitiens qui représentent l’avenir. Pourquoi était-ce important pour toi d’être avec eux ?
Tout simplement parce que j’aurais adoré d’avoir la chance de participer à un stage de ce genre et que le champion olympique vienne y participer et me motive. Je sais qu’ils ont kiffé que je passe du temps avec eux. Que je partage plein de choses avec eux. Pour eux, je suis l’exemple qu’ils veulent suivre. Et au-delà de ma présence, ça m’a motivé d’être avec eux. J’ai passé une semaine à fond, je me suis levé tous les jours à 4 heures du matin pour les rejoindre. Ils sont encore très jeunes mais ils sont tellement à fond ! Il y a eu des échanges vraiment touchants.

Tu ressens cette forme d’obligation de donner de ton temps maintenant que tu es un champion olympique pour l’éternité ?
Oui clairement, mais ce n’est pas du tout une obligation. C’est un plaisir. Là, j’avais vraiment envie de rentrer à Tahiti pour pouvoir participer à ce stage avec ces jeunes parce qu’il y a une belle énergie. Ma présence était aussi importante pour remercier tous ceux qui ont travaillé à l’organisation du stage Héritage.

Ton titre olympique a-t-il changé ta vie ?
Oui, bien sûr qu’il a changé ma vie. En premier lieu, c’est le regard des gens qui change. Aujourd’hui, ils me reconnaissent alors que je pensais pouvoir encore passer incognito. J’essaye tout de même de ne rien changer de ma vie, j’essaye de garder mes objectifs. J’ai bien profité, j’ai même beaucoup profité de mon titre durant les mois qui ont suivi les Jeux. Je sais que j’ai encore plein d’autres choses à prouver, plein d’autres choses à faire. Je vais donc essayer de mettre le titre olympique de côté et de m’attaquer à mes autres objectifs.

La saison des Challenger Series débute demain en Australie. Comment vois-tu les étapes à venir ?
Alors déjà, il n’y en aura pas 5 mais 7 puisque la WSL va confirmer deux étapes supplémentaires à Pipeline et à Newcastle en début 2026. La saison sera donc plus longue que prévue. En attendant, je me concentre sur les étapes à venir. Je connais tous les spots, j’y ai déjà fait des compétitions. Il va me falloir être très performant. Etre mort de faim dans l’eau.

Aura-t-on la chance de te voir en France d’ici la fin de l’année ?
Je devrais participer au Quiksilver Festival juste avant le Challenger du Portugal début octobre. Pour l’instant, c’est encore un peu loin et je dois avant tout me concentrer sur les compétitions. J’ai un objectif cette saison et je vais tout faire pour y arriver.

Photo FFS et ISA

Kauli Vaast en bref

LE CALENDRIER DES CHALLENGER SERIES 2025
2-8 juin : Newcastle, Australie
30 juin-6 juillet : Ballito, Afrique du Sud
29 juillet-3 août : Huntington Beach, Etats-Unis
29 septembre – 5 octobre : Ericeira, Portugal
11-19 octobre : Saquarema, Brésil
28 janvier – 8 février : Pipeline, Hawaii
8-15 mars : Newcastle, Australie

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