Le numéro 1 français arrive aujourd’hui à Tokyo pour prendre part à la première épreuve de surf olympique de l’histoire. A 33 ans, le plus beau palmarès du surf français veut mettre la médaille sur le magnifique gâteau d’une carrière débuté il y a deux décennies et confie sa passion des Jeux.

« Les Jeux Olympiques, c’est l’épreuve sportive la plus prestigieuse au monde. Depuis gamin, je les regarde devant ma télé. » Il a tout vu, tout connu, tout surfé et gagné les compétitions les plus prestigieuses de la planète surf à Pipeline, Teahupo’o et (feu) Hossegor. Jusqu’à 2021 et l’entrée du surf aux JO. Forcément, le meilleur surfeur français de tous les temps et “vétéran” du CT, ne pouvait pas, après plus de 20 ans de carrière au plus haut niveau, ne pas en être. Et si « les Jeux sont tout nouveau pour nous » comme il l’a répété ces dernières semaines, « l’ambiance est différente car tout le pays va regarder les épreuves » et « la grande famille du sport va nous réunir. » Pour Florès, nul doute que « participer à un tel événement va être une belle expérience. »

A 17 ans sur le CT
Jérémy Florès est né à La Réunion, il y débute le surf à l’âge de 3 ans avec son père avant de filer trois ans à Madagascar, l’île maternelle, de 8 à 10 ans. Repéré très tôt, il s’installe avec sa famille en Australie où il passe six mois par an et participe à de nombreuses compétitions professionnelles, devenant la mascotte des stars Tom Carroll et Kelly Slater. Il est un des premiers jeunes à surfer sur des planches à sa taille (5 pieds) et se créé un propre style.

Champion de France, d’Europe, il remporte à 17 ans (un record) le circuit WQS et se qualifie pour le world tour. Qu’il n’a pas quitté depuis. Une longévité rare sur un tour professionnel usant, au niveau de plus en plus élevé. En 2009, Florès remporte le titre de champion du monde ISA avec l’équipe de France qu’il côtoie depuis tout jeune. Il remporte l’année suivante le Pipeline Masters à Hawaii, la compétition la plus prestigieuse au monde.
Cinq ans plus tard, il signe son second succès sur le CT en s’imposant à Teahupo’o (Tahiti), la vague la plus impressionnante du tour. A l’issue de la saison 2015, il termine à la 8e place du Championship Tour, le meilleur classement de sa carrière. Encore plus fort techniquement et mentalement, Jérémy Florès ne parvient toutefois pas à capitaliser en 2016 et ne passe pas le 3e tour d’un CT jusqu’à l’avant-dernière manche de la saison, au Portugal (25e place au général). Il se maintient grâce à ses performances sur le circuit QS (7e place), là où un grand nombre de stars montantes se cassent les dents saison après saison.

A jamais le premier à Hossegor
Six ans après avoir enfilé le maillot tricolore une dernière fois, Jérémy Florès retrouve l’équipe de France en mai 2017 pour les ISA World Surfing Games de Biarritz. Capitaine des Bleus, il soulève le trophée de champion du monde des nations (7e en individuel). Cette saison s’achève en apothéose : il arrive à Hawaii en décembre avec l’objectif de se maintenir à l’issue de la dernière étape du tour. Sur un nuage, il va jusqu’au bout, élimine Gabriel Medina en quarts, bat John John Florence en finale au buzzer et s’offre un second titre à Pipeline !

Après une nouvelle finale en mai 2019 à Bali, il entre encore plus dans l’histoire en devenant le premier surfeur français à gagner à Hossegor en octobre 2019. Il s’agit de son quatrième succès en 13 saisons sur le tour mondial. « Le plus beau de tous » selon lui.

Qualifié olympique en octobre 2019
Fin octobre, il obtient sa qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo-2020 en atteignant le 3e tour du Rip Curl Pro du Portugal. Blessé au dos, il sort prématurément à Pipeline et termine la saison à la 10e place mondiale. C’est la 6e fois en 13 ans de carrière sur le CT que Jérémy fait un top 10.
Privé comme tous les surfeurs de compétitions internationales en 2020, il fait son retour sur la scène pro le 8 décembre en participant au Billabong Pipeline Masters à Hawaii et prend la 5e place.
Capitaine de l’équipe de France aux Mondiaux 2021 au Salvador, il prend la 3e place en individuel et remporte avec ses coéquipiers le titre de champion du monde par équipes.
Jérémy Florès est aussi un des six surfeurs professionnels à être parvenus à totaliser 20 points sur 20 en compétition (à Teahupo’o en 2011). Il fut aussi un des 28 invités de l’Eddie Aikau, la plus prestigieuse compétition de grosses vagues.

« Ça représente tout de participer aux Jeux »
Qu’est-ce que Jérémy Florès peut donc bien encore vouloir après avoir vécu tout ça ? Une nouvelle et sans doute dernière expérience dans une carrière si riche. Et s’il concède n’avoir « jamais vraiment rêvé de participer aux Jeux Olympiques parce que ce n’était pas un sport olympique quand j’ai commencé » et que « (ma) priorité était le tour mondial de la WSL », l’opportunité de remporter une médaille « sur l’événement le plus prestigieux au monde ajoute une petite pression supplémentaire. »
Et de confier : « Ça représente tout d’y participer. » Tout pour celui qui revoit « d’immenses champions gagner des médailles » quand on le questionne sur les Jeux. « Usain Bolt, Michael Phelps mais aussi les Français David Douillet, Teddy Riner, … Ce sont des légendes du sport. »
Florès peut-il aller chercher un nouvel exploit, lui qui a défloré le palmarès du surf français au plus haut niveau ? « Je suis un compétiteur, je n’ai jamais participé à une épreuve pour faire de la figuration, lance-t-il. Si je participe aux Jeux Olympiques, c’est pour aller chercher une médaille, c’est l’objectif. J’espère que les conditions et les vagues seront au rendez-vous pour montrer du beau spectacle, du beau surf et me libérer. C’est une fierté de représenter son pays. Je vais tout donner pour aller chercher cette médaille. »

« Permettre au grand public de découvrir ce sport magnifique »
Père d’une petite Hinahei, et bientôt pour une seconde fois, Jérémy prend le temps de la réflexion quand on l’interroge sur les bienfaits de l’Olympisme. « C’est une bonne chose pour le surf, ça va permettre au grand public et à ceux qui ne le connaissent pas de découvrir ce sport magnifique. Ça peut faire rêver et inciter les jeunes à se mettre au surf. Dans certains pays, le surf est un sport national. En France il va prendre plus de valeur maintenant qu’il est olympique, c’est une bonne chose. J’espère que ça va suivre et créer une vague d’engouement pour les prochaines générations. »
Pour l’heure, c’est lui et son grand ami Michel Bourez (35 ans) qui vont écrire la première page du surf olympique français et mondial. « C’est une grande fierté de devenir Olympien, c’est une belle histoire que je pourrais raconter à mes enfants et à mes petits-enfants. »

Texte et photos: FFS

A SUIVRE
Dimanche 25 juillet – 1er tour messieurs
(les deux premiers en 8es de finale ; les deux autres au 2e tour)
7h40 (0h40 fr) : Série 2 messieurs avec Kanoa Igarashi (Japon), Jérémy Florès (France), Miguel Tuleda (Pérou), Frederico Morais (Portugal)

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