Originaire de Toulouse, Jean-Pierre Graziani débarque à la Réunion en 1999. Après avoir été cuisinier dans une grande chaîne de restauration américaine à Londres, après avoir écumé les saisons sur la Côte d’Azur, c’est le hasard qui permettra à Jean-Pierre de fouler le sol de notre île, venu rejoindre un ami. Et c’est le coup de foudre pour La Réunion. Après une période de petits boulots, le hasard le conduira encore à monter en 2013 Bek La Barre, association portoise, qui a pour vocation de démocratiser la pratique sportive, de promouvoir les sports de rue et de les utiliser comme outils de réussite éducative et d’insertion. Entretien avec un passionné. Qui entend bien faire de ce sport une discipline à part entière auprès du plus grand nombre et lui impulser une nouvelle dynamique.

Quel bilan tires-tu de la dernière compétition ? Les athlètes réunionnais sont-ils au niveau ?
Un bilan très positif. Une édition réduite, dans un contexte sanitaire compliqué, où 10 athlètes internationaux inscrits à la compétition n’ont pu venir à la Réunion à cause de la fermeture des frontières de leurs pays. Malgré cela, nous savions que les athlètes réunionnais à eux seuls pouvaient en mettre plein les yeux au public et nous n’avons pas été déçus. De plus, l’arrivée des petits est une vraie première dans ce sport.

Comment a débuté l’aventure street workout pour toi à La Réunion ?
C’est une fois encore le fruit du hasard. J’allais souvent au Parc boisé où il y avait des agrès. C’est en regardant une vidéo d’Hannibal For King sur Youtube que l’idée a germé.

La dernière compétition organisée en août au Port a révélé de nombreux jeunes, dont trois partiront en coupe du Monde. Quelle chance ont-ils ?
Angelo Mérion peut prétendre atteindre les demies finales dès cette année, voire plus haut. Hormis Teddy Nourry, les autres avec en tête Raphael Tacite ont besoin de prendre de l’expérience mais ils arrivent à très grand pas. Ils seront prêts pour la coupe du monde 2020 qui se tiendra en décembre à Riga en Lettonie.

La participation de féminines est une vraie nouveauté ?
Oui, la Tamponnaise Athena Gaucher est la 1ère féminine à participer en freestyle. Et du jour au lendemain on voit plus de filles débarquer sur les parcs de street workout, c’est super ! Le champion du monde de street workout Yohan Bounegab vient juste de repartir que nous avons décidé lors de la prochaine édition d’inviter sa femme, Nadia Robert qui est championne de France de street workout, afin de promouvoir la pratique féminine dans l’île.

Les jeunes s’intéressent de plus en plus à ce sport ?
Oui ça se sent, de plus en plus de structures sont installées dans l’île et le public répond présent. De plus en plus en plus de teams se créent. La Réunion est reconnue en France et même à l’international, ça prouve que les jeunes réunionnais ont du potentiel.

Comment considères tu le plus le street workout ? Est-il plus de la force physique, de la gymnastique, de l’agilité, de la danse…
Le street workout freestyle c’est un mix de tout ça, et c’est ça qui est intéressant ! Le street workout est aux sports urbains ce que le MMA est aux sports de combat. Après chacun pratique en fonction de ses aptitudes et de ses préférences.

Ton implication dans ce sport te permet d’inculquer des valeurs sportives et humaines pour une vraie intégration des jeunes qui pourraient tomber en déshérence ?
Complètement ! La solidarité, la résilience et le respect font partie de notre ADN. Depuis toujours l’association travaille avec des jeunes issus en grande majorité des QPV de la ville Port, et un vrai travail d’accompagnement, d’éducation et d’insertion est effectué au quotidien auprès de publics souvent en grande difficulté, c’est même 90% du boulot contrairement à ce qu’on pourrait croire.

Tu apparais un peu comme Don Quichotte face à son moulin. Quels moyens te faudrait-il pour mener à bien ton action ?
En effet, Don Quichotte se battait contre des moulins à vent, moi je me bats contre des moulins à paroles. On aurait besoin de vrais moyens humains pour développer, structurer et encadrer la pratique dans toute l’île, venir en aide au maximum de jeunes grâce au street workout. Il nous manque un minibus pour pouvoir emmener nos jeunes en déplacement… Mais dans l’immédiat, des locaux pour accueillir nos publics et de tenues. L’association n’a pas de bureau ce qui nous pose de plus en plus de problèmes au vu de l’augmentation de la taille des projets.
Il n’y a pas de fédération de street workout. Il y a un grand besoin de structurer la discipline. C’est ce à quoi je m’atèle. On réfléchit à la création d’un CQP (Centre de Qualification Professionnel) ce qui permettrait d’encadrer encore mieux les jeunes. On l’espère à l’horizon 2021.

Imagines-tu d’autres actions dans d’autres sports ?
Je vais donner un coup de main à mon ami Cédric Certenais au comité régional de MMA de la Réunion (CRMMA), ce qui permettra de créer une synergie, mettre en place une méthodologie et des outils de travail pour le MMA et les transposer au futur développement du street workout dans l’océan Indien.

Quel sport pratiquais-tu ou pratiques tu aujourd’hui ?
Petit, je jouais beaucoup au foot dans la rue et ado je faisais des compétitions de billard. Ici je pratique le street workout mais des problèmes de tendinite me freinent considérablement. La prochaine compétition de street workout en free style et de force aurai lieu le 20 novembre à La Possession à l’occasion des nuits de la Glisse.

 

Texte et photos : Pierre Marchal

Vidéo signée Shan Labourasse

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