De l’époque épique à la nouvelle équipe, la Diagonale 2021 marque un nouveau départ. L’avis, en diagonale, d’un vieux de la Diagonale…
A la manière du kaléidoscope d’images qu’a fait récemment de moi notre sniper sportif, Gil Victoire, je pourrais faire une sacrée fresque sur toute l’histoire de la Diag’ depuis 1989… Bon, je vois justement que sort du lot, centrale, une photo en Diagonale. Bien vu. Cette année, ce sera le dossard 578, pas loin de ma « « cote ITRA » qui plafonnait à 576… Outre ces calibrages, on en vient à surfer sur des vagues, du Covid aux nouveaux départs en Diag’ – je l’avais suggéré l’an passé – ; un autre kaléidoscope qui multipliera les images de toutes sortes ; rien à voir avec l’ébranlement confidentiel jusque 2013 depuis Saint Philippe, au bord des puissantes vagues toute maritimes avant de se fondre dans l’enfer vert des pentes volcaniques ; nous vivons vaguement une époque moderne…
A la base d’une grande période de stabilité qui aura favorisé la montée en puissance de cette Diagonale des Fous, mettant fin à divers atermoiements en vue de reconduire l’expérience pionnière de la Marche des Cimes (Course de la Pleine Lune, Grande Renversée, Traversée…), le GRR eut l’opportunité d’être piloté avec brio, sans faire de vague, par deux grands cerveaux bien complémentaires : Michel Pousse, universitaire de renom, et Robert Chicaud, avocat chevronné. Respectivement Secrétaire Général à partir de 2008 et Président depuis 1996, ils incarnaient parfaitement à eux deux l’alchimie toute particulière dont résulte le GRR, ce mariage unique entre l’excellence et la démocratisation, les professionnels montants du trail côtoyant les amateurs dans le même élan.
Forgé pour la postérité d’une main de maître, le Grand Raid n’a pas perdu son âme profonde. Comme en beaucoup de domaines de la vie sociale, la prise de pouvoir des méthodologistes d’efficiences et performances, a quelque peu entamé le temps des authentiques passionnés de la montagne ; mais ces derniers gardent toute leur place. Les codes de l’évènementiel ont par ailleurs recadré une part des spontanéités enjouées du début, qui s’exprimaient, avec des moyens rustiques, dans un esprit d’aventure à l’état pur ; mais ce dernier demeure une motivation non négligeable.
L’annulation forcée de l’édition 2020 (alors que d’autres manifestations étaient maintenues) a été un regrettable incident de parcours, une « bêtise » dont il n’est pas sérieux de dire qu’elle ne serait due qu’à l’initiative concertée des maires pour des motifs sanitaires… Plus complexe… Le Président et grand Doc Rémy, se sont battus pour sauver cette édition 2020 avec la détermination des Finishers sur le terrain… Mais, passons, le Grand Raid reste par nature résiliant. La grande famille des fous va se retrouver.
Alors qu’une nouvelle page s’ouvre avec son lot d’incertitudes sur l’avenir – au vu de l’année passée…-, après 33 ans de traversées, la mémoire des meilleures années tend inéluctablement à s’éteindre, pan par pan, en même temps, hélas, que des champions les ayant portées (je pense à Louis Ulentin, Thierry Técher) ; et plus près de nous, Andréa Huser… Mais le socle est solide. Si certains héros sont déjà morts, – et nous ne les oublierons jamais -, d’autres se font vieillissants ; beaucoup se retrouvant, hélas, comme de vieux mutilés de guerre pour avoir trop sollicité leurs articulations… D’autres encore, que le GRR a, tout au contraire, rendus plus forts, profitent toujours des montagnes autrement. Mais de jeunes et fougueux fous ont déjà repris le flambeau avec panache et parfois fantaisie des débuts ; je pense à « Casquette Verte »…
Remercions chaleureusement tous les membres de l’ancienne équipe – ceux qui sont partis de l’association un peu avant comme Marc Lévy – et également le Président de transition, Serge Valgresy. Le directeur de course, Denis Boullé, a su faire un remarquable travail dans les adaptations faites au parcours, même si certains gardent un sacré souvenir du bain de boue dans le serpentin de Bélouve en 2011 ! Le parcours personnel de son successeur, Thierry Chambry, depuis qu’il a adopté les montagnes réunionnaises, s’est avéré particulièrement honorable et son titre d’accompagnateur de moyenne montagne en milieu tropical, comme sa belle victoire sur la Diagonale, font de cet expert multicartes des sentiers de l’île, l’Homme de la situation ; lui normand, moi breton, on a pu dépasser l’histoire de France, se retrouvant en bons termes sur les sentiers… Thierry n’a certes pas connu la douzaine d’années fondatrices du GRR ; il l’a gagné en 2007, avant que la Diag’ ne se corse sérieusement en 2010. Comme Thierry Técher, il a connu la transition entre un Grand Raid populaire et une Diagonale plus professionnelle, d’envergure internationale. Outre Cyril (secrétaire général et coordinateur médical) et Eric (1er vice-Président et responsable des bénévoles), des membres de l‘équipe antérieure, telle l’illustre trésorière, qui conserve son poste – mission non négligeable et même le « nerf de la guerre »… -, font le lien avec la nouvelle. Cette reconduction d’Annick ne dément pas la formule Gaullienne : « L’intendance suivra »…
Et tous les Fous de la Diagonale, encore vaillants, ceux qui ont pu avoir un penchant défaitiste l’an passé tel un coup de mou en Diag’, suivront aussi, positivement, en cette année de renouveau … Bonne Diagonale 2021 à chacun d’eux ! Tous nos vœux de réussite au nouveau Président et son équipe.
Texte Daniel Guyot
Photos Pierre Marchal
