L’Ultra du Mont Fuji, une épreuve que j’ai beaucoup appréciée, pour le voyage très enrichissant qu’elle offre, entre la découverte d’une autre culture, le mythique volcan du même nom, les saveurs culinaires, l’art topiaire et l’accueil chaleureux.

La course en elle-même est un tracé autour du volcan sacré, qualifié de « rapide » par certains trailers, il n’en totalise pas moins de 9000m+ pour 100 miles. En effet, les mètres positifs s’accumulent plus vite qu’ailleurs, car la raideur des pentes est telle que même à petits pas ils s’avalent. Quant aux descentes, à défaut de frein il faut souvent se tenir aux arbres pour ne pas glisser.

La jonction entre les ascensions se déroule sur piste ou route, ce qui permet aussi de se reposer un peu tout en gagnant quelques kilomètres faciles, ce qui n’est pas de refus au bout d’un temps, voire appréciable.

Une course où l’on ne risque pas de se perdre, la bienveillance étant une des valeurs prédominantes du pays.

En 3 participations, j’ai vécu des moments forts, j’ai eu surprises, dont voici quelques exemples.

En 2013, format 161 km / 9000m+, une clochette figurait dans la liste du matériel obligatoire, supposée avertir les ours de notre présence et ainsi les faire fuir. Le bruit était vraiment agaçant, et j’ai eu tôt fait de bloquer le grelot avec de l’herbe. Mais au petit matin, après une bonne centaine de km et une nuit blanche, j’ai entraperçu dans le bois où je me trouvais une silhouette animale de grosse taille. Je peux dire que j’ai été prompt à redonner vie à ma clochette !

Sur le final, nous traversions un parc planté de séquoias âgés de 800 ans, un souvenir fort.

Résultat, 21h04, 7e, ça filait devant moi !

En 2014, format 169 km / 9450m+, la course grimpait sur les pentes du volcan, jusqu’à 1500m+, une autorisation exceptionnelle tant la réglementation est sévère pour la préservation du site.

Seulement, il y avait une condition : ne pas courir ! Donc, en pleine nuit, nous voilà sur le sentier devant un panneau nous rappelant la mise en garde pour 5km, oui, 5km à marcher. Avec les copains nous avons bien respecté la consigne, mais ça faisait drôle, on se refroidissait.

Et pour terminer de me geler, un contrôle de matériel obligatoire effectué à zéro degré. Dans le règlement, le sac devait peser 2kg avec l’eau. Même avec mon litre d’eau, le mien ne devait pas peser plus de 1,5kg car j’avais sur moi ma veste, ma polaire, mes gants et mon bonnet. J’ai eu beau expliquer que mon matériel était sur moi, rien à faire. Du coup j’ai dû me dévêtir et tout poser sur la balance pour obtenir un sourire et le laissez-passer. J’ai grelotté longtemps !

Au final, 21h29, 4e

En 2018, format 168 km / 8100m+, le début est très roulant, sur route forestière. Je suis en compagnie de Grégoire Curmer, une bonne occasion de faire connaissance. Je me tords la cheville droite, ce qui ne m’était jamais arrivé ; pas méchamment, mais assez pour me faire boiter et douter de la suite. Finalement ça devient acceptable et je peux continuer à mon rythme. Dans la nuit, j’arrive à prendre la 3e place, mais pas longtemps, car au bénéfice de portions roulantes, un coureur américain, Seth Swanson, me dépasse comme une fusée.

Résultat 21h12, 4e encore.

Cette année-là, nous séjournons face au Fuji, chez Jérôme (MisterPain Dpiss sur FB) un français qui vit au Japon. Il organise des séjours de trail depuis son beau chalet ; je vous le conseille si vous comptez un jour découvrir les environs de Kawaguchiko. Merci à Tsuyoshi Kaburaki, organisateur de la course et champion d’ultra (top 3 de l’UTMB) de continuer à procurer du bonheur aux coureurs.

Texte et photos Antoine Guillon

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