Il aura fallu 17 mois pour permettre au staff technique de l’équipe de France de retenir les meilleurs surfeurs pour les championnats du monde prochains (29 mai au 6 juin), lesquels offriront les 12 dernières places pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2021 (25 juillet – 1er août). La Direction Technique Nationale a dû s’adapter à la situation inédite en créant des conditions de sélection optimales et en se rendant en amont sur le site des Mondiaux pour les préparer au mieux.

Jusqu’aux Mondiaux 2019, la feuille de route connue des athlètes tricolores était simple : les meilleurs sur le CT et le QS avaient leur place en équipe de France. Mais avec la pandémie et l’arrêt total du circuit international QS depuis un an, il a fallu revoir le système pour retenir les deux athlètes féminines qui tenteront d’arracher le dernier ticket olympique tendu à l’équipe de France. *
« Notre sélection a bien commencé en 2020, explique Stéphane Corbinien, le directeur de la performance du surf français. La feuille de route établie par le staff technique de la Fédération pour la sélection aux Mondiaux a été adressée à toutes les meilleures françaises. Nous avions privilégié les compétitions QS de janvier à avril, références de la confrontation entre certaines des meilleures surfeuses du monde. » 
Mais en mars 2020, alors que le processus de sélection entre dans la dernière ligne droite, l’arrêt des compétitions et le report des Jeux de Tokyo à 2021 bousculent totalement le processus de la DTN. « On a adapté la feuille de route, on a créé des mises en situation de compétitions spécifiques, d’abord à Tahiti en novembre dernier puis au Salvador ces deux dernières semaines, pour le Top 5 de nos meilleures athlètes : Vahiné Fierro, Pauline Ado, Cannelle Bulard, Maud Le Car et Tessa Thyssen. »

Un stage découpé en trois parties
A Tahiti, « on a reconstitué les conditions de compétition avec l’aide de la Fédération tahitienne de surf, laquelle nous a fourni des juges, le système de priorité, le spot de Papara libre de tout surfeur tous les matins… Et on a vu que notre système fonctionnait. On recherchait la mise sous pression mentale avec la répétition des séries, et la capacité à performer avec l’enchaînement des séries et la fatigue physique. »
Pour le second stage, du 6 au 17 avril au Salvador, l’idée était de remettre les surfeuses du Collectif France dans les mêmes conditions. Avec des juges WSL du pays, plus un juge WSL français, Hugo Palmarini. Le stage du Salvador a ainsi été découpé en trois parties : une période de confrontation sur la première semaine ; une mise au vert de trois jours avec un gros côté physique assorti d’un treck ; un moment final sur la seconde semaine, avec des entraînements techniques et une mise en situation de compétition. « On a réussi à obtenir ce que l’on recherchait, assure le directeur de la performance. Toutes les athlètes ont été mises sous pression, elles ont dû affronter des moments intenses de fatigue. C’est exactement ce qu’il va se passer dans six semaines durant les Mondiaux ISA. On est satisfait car on a réussi à les mettre dans les mêmes conditions, à les obliger à rester lucides dans les moments de fatigue et de compétitions. »   

Une reconnaissance du site inédite
Outre les sélections pour les championnats du monde, ce stage aura aussi permis aux futures sélectionnées de s’entraîner sur les spots retenus pour les Mondiaux. « C’est quelque chose d’inédit pour le surf français, déclare Stéphane Corbinien. On sait que c’est très dur en France et en Europe et on a essayé de trouver à notre niveau un côté positif à la période Covid. La meilleure chose était donc de venir un mois avant les Mondiaux pour nous préparer sur place. On a pu faire un test grandeur nature de ce qui nous attendait, que ce soit pour les athlètes et pour le staff. On a même pu « créer » une compétition avec plusieurs pays également en stage comme l’Espagne, le Canada, Israël, l’Argentine et le Salvador. Avec de belles perfs pour nos françaises sur ce test match (victoire de Fierro et deuxième place pour Thyssen, Ndlr). L’avenir nous dira si le planning des compétitions internationales nous permettra de refaire cette « reconnaissance ». Avec le circuit pro qui va redémarrer, ça ne sera plus aussi évident de retrouver des dates… »
Au final, le directeur de la performance du surf français se dit donc « assez content du système qu’on a su mettre en place pour mener à bien nos sélections. » Et précise : « On va travailler pour l’améliorer. »

* Les trois Français qualifiés pour les Jeux Olympiques sont à ce jour : Johanne Defay, Jérémy Florès et Michel Bourez. La France pourrait disposer d’un quatrième athlète, une femme obligatoirement, à condition qu’une Française (autre que Defay) se classe dans le Top 7 éligible lors des ISA World Surfing Games de mai 2021.

Stéphane Corbinien et l’ensemble de la délégation française tiennent à remercier tout particulièrement la Fédération salvadorienne de surf, et Francis « Chute » Hasbun, le Monsieur surf au Salvador qui a placé le Collectif France dans les meilleures conditions.

 « J’espère que nous allons pouvoir créer quelque chose et collaborer dans un futur proche avec Surf City et la Fédération salvadorienne, confie Stéphane Corbinien. On va échanger pour voir ce qu’il est possible de faire car la destination est attrayante à tous niveaux. »
La délégation française tient aussi à remercier chaleureusement Philippe Demarsan, dit « Biloute ». « Ça fait des années qu’il nous aide dans nos déplacements en Amérique centrale et Amérique du Sud, il a de très bons contacts et des relations avec les gouvernements de tous ces pays, une grande connaissance du surf, et il nous est d’une aide précieuse », précise Stéphane Corbinien. Lequel tient personnellement à remercier « tout le staff technique de l’équipe de France » présent au Salvador, et plus particulièrement Hugo Palmarini, « retenu de dernière minute comme juge pour notre stage de sélection. C’est une très belle découverte, j’espère qu’on pourra optimiser notre collaboration avec ce juge de très grande qualité. »

Texte FFSurf
Photo FFSurf / Philippe Demarsan

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