Toujours plus haut
Fondateur de l’association Run Handi Move en 2005, Gilles Dubesset a transmis le virus de la montagne à son fils Lucas à l’âge de 7 ans en faisant l’ascension du Piton des Neiges. Depuis, père et fils ont décidé de partager leur passion et de gravir les neuf plus hauts sommets de la planète sur sept continents. Lucas Dubesset s’est une nouvelle fois illustré en mars 2018 en réussissant l’ascension du Kilimandjaro au Kenya.
Accompagnateur de haute montagne et technicien à Météo France, Gilles Dubesset est à l’origine avec Annie Macouty de la création de l’association Run Handi Move, qui participe tous les ans au Grand Raid et permet à des handicapés de faire la course dans des joëlettes sur les sentiers escarpés. Une initiative qui leur permet de découvrir un aspect de cette compétition et de sillonner des sentiers inaccessibles.
L’objectif pour Run Handi Move 2019 est de partir à l’assaut du plus haut sommet d’Australie le Kosciusko, et de permettre à plusieurs personnes porteuses de handicap de réaliser une expédition hors du commun.
La médiatisation des exploits de Lucas, participe alors à travers une cagnotte sur le site Letchis de financer les projets et de pérenniser le travail de l’association. Après le Mont Blanc le 6 juillet 2017, Lucas et Gilles, accompagnés d’une petite équipe d’alpinistes réunionnais dont Thierry Chambry, de 5 guides locaux et de 31 porteurs se sont attaqués au Kilimandjaro. Un défi relevé pour le jeune du collège Jules Solesse de Saint-Paul, dont la ténacité et le courage forcent le respect.
Facultés d’adaptation
Une expédition qui n’a pas été une marche de plaisir. Les conditions météorologiques défavorables, les orages et la neige ont ralenti la progression pour atteindre le sommet à 5 891,80 mètres le pic Uhuru en 6 jours.
Pour Gilles, « Lucas a de grandes facultés d’adaptation pour s’intégrer dans un groupe d’adultes, de grandes capacités sportives du haut de son mètre 76, et surtout une grande force de caractère face aux événements et aux environnements hostiles ».
Car s’il n’est pas une force de la nature, Lucas développe néanmoins un instinct de survie hors du commun. Une histoire qui remonte à sa naissance où né prématurément un mois avant son terme, il a dû cohabiter avec sa sœur jumelle décédée à six mois dans le ventre de sa mère. Ce qui explique sans nul doute ce mental, qu’il s’est forgé au contact des nombreuses expéditions en compagnie de son père sur l’île, par monts et par vaux en France et ailleurs. « Lucas est un miraculé de la vie » confie Gilles.
Alors qu’est ce qui peut bien pousser l’adolescent à suivre les traces de son père dans de tels périples, à partager des aventures pour le moins périlleuses, avec des alpinistes chevronnés, plutôt que de partager des moments de loisirs avec des jeunes de son âge.
« Depuis le Piton des Neiges, j’ai développé une vraie passion pour la marche et la montagne. Pour mes vacances 2017, mon père m’avait proposé un safari en Afrique du Sud ou le Mont Blanc. L’appel des sommets a été le plus fort. L’ascension du plus haut piton de la Réunion a vraiment été pour moi un élément déclencheur. Ce que j’aime par dessus tout, c’est ce contact avec la nature, me ressourcer dans un air pur, retrouver un certain détachement, me fondre dans les éléments. Aller au bout de mes limites, me dépasser. Même si physiquement c’est parfois dur, à la limite de mes capacités physiques » avoue le jeune aventurier de 12 ans.
A l’évocation du métier qu’il aimerait faire plus tard, Lucas avoue sans la moindre hésitation « pilote de ligne. Pour voir les montagnes d’encore plus haut ».
Prochaines étapes pour Lucas et Gilles :
- En 2019 : Le Kosciusko, plus haut sommet d’Australie avec 2 228 mètres, projet mené conjointement avec l’association Run Handi Move, qui devrait permettre d’emmener plusieurs personnes porteuses de handicap sur des joëlettes en 2019.
- En 2020 : L’Acongagua, « le colosse de l’Amérique » qui culmine à 6 962 mètres d’altitude en Argentine dans la cordillère des Andes.
Texte: Pierre Marchal
Photos: Gilles Dubesset
