Antoine Guillon revient pour nous sur ses participations au Grand Raid. Des souvenirs aux anecdotes croustillantes. Qu’il tient à nous faire partager. Retour sur les années 2010 à 2012 avec la participation remarquée d’un certain Killian Jornet.

2010 : L’arrivée de Kilian
C’est l’effervescence sur l’île avec la présence du prodige catalan. Comme les journalistes sont tous autour de lui, c’est vraiment hyper détendus que nous prenons le départ.
Kilian Jornet est cool ; il a décidé de courir la nuit avec celui qui voudra bien être premier.
Cela commence à 5 dont je fais partie, pendant 10 bornes, puis avec Hervé Giraud Sauveur jusqu’au volcan. Après en avoir fatigué un, c’est au tour de Pascal Blanc d’accompagner le maestro, cette fois bien plus longtemps, jusqu’à Cilaos, où, erreur fatale, Pascal avale deux cuisses de poulet, lesquelles, même sans les plumes, lui restent sur l’estomac. Comme il fait jour, Kilian s’échappe.
Je suis longtemps 6e et accélère dans Mafate. A la sortie de Dos d’Âne, km 115, Pascal est couché par terre au ravito et Anne essaye de régler son souci d’estomac ; habituellement il m’appelle « mon poulet », mais je ne suis pas certain que ce jour-là il ait prononcé ce mot à l’origine de ses maux.
Je prends sa 4e place et file vers le chemin Ratineau, une nouveauté suivie du parcours que nous connaissons à présent : Possession, Grande Chaloupe, Colorado, la Redoute.
Vers la Kala, je rattrape Dawa et Thierry Techer ensemble.
Thierry lâche avant la Possession, Dawa repart avec moi du ravito et fonce ; je suis impressionné de son énergie.
Dans le chemin des Anglais, Dawa me demande de passer devant, il veut dormir ! J‘essaye de le convaincre de continuer avec moi, mais non, il a vraiment besoin de dormir.
Je termine donc second à plus d’une heure de Kilian ; Thierry prend la 3e place, Pascal 4e suivi de Dawa après sa sieste de 30’.

2011 : Une chevauchée de Fous, dans l’eau et la gadoue
Le cyclone Anaïs est passé tout près, si près que nous avons de l’eau au-dessus des chaussures en attendant le coup de pétard. Mais nous sommes chauds, ça oui, car nous venons avec Julien Chorier et Lionel Trivel de courir 2 km sous la pluie torrentielle pour atteindre le stade de St Philippe à cause des bouchons. Nous arrivons à 10 minutes du départ !
La boue de la forêt de Bélouve est un enfer. Je perds une chaussure dans 50 cm de gadoue ! On rigole, mais c’est dur ! On double presque le temps prévu entre Mare à boue et Hellbourg !
Julien, suivi de Pascal Blanc, s’envole pour un second titre après celui de 2009, et pendant ce temps, un peu en retrait, nous sommes 4 coureurs ensemble depuis le Taïbit, Michel Lanne, Lionel Trivel, Didier Mussard et moi. Nous faisons des relais dans l’espoir de remonter sur Pascal. Le meilleur d’entre nous pour chaque type de terrain prend la tête du convoi ; nous vivons un moment de sport inoubliable.
Michel accélère d’un coup et nous quitte à 40km de l’arrivée ; il tente le tout pour le tout. A Rivière des Galets, au pied de la montée de Dos d’Âne, ravito express pour Didier qui fait un échange de sac (autorisé à cette époque) tandis que Lionel et moi rechargeons vite en eau.
Ces 30 secondes perdues changent tout !
Je pars en chasse, ça va très vite. Je double Michel dans la montée ; il paye hélas son excès de vitesse.
Rien à faire pour rejoindre Didier qui maintiendra de Dos d’Âne à la Redoute 5 petites minutes d’avance pour la 3e place.

2012 : Retour de Kilian pour les 20 ans du Grand Raid.
Il a toujours autant la cote. Je ne sais pas si c’est cette année ou en 2010 qu’il voyageait dans le même avion que Yannick Noah ; toujours est-il qu’à l’arrivée, la nuée de journalistes concentrée à l’aéroport s’était déplacée pour Kilian:-)
Une année folle, avec 171 km et 11000 m+ !
Nous passons par Hellbourg, c’est long et usant. Il fait extrêmement chaud dans Mafate, ce qui provoque une hécatombe parmi les leaders.
De 6e au milieu de la traversée, je sors du Maïdo 2e à une bonne heure de Kilian. Je lui reprends quelques minutes jusqu’à Sans Souci, mais je pense que ce coquin de champion s’arrête pour prendre des photos et signer des autographes avec le public et les bénévoles
A Sans Souci, ravito dans l’école, on me demande de tremper une main dans la peinture (à l’eau) pour laisser mon empreinte à côté de celle de Kilian sur un mur de la cour ! Il a bien 5 doigts, ce n’est pas un extraterrestre.
Bref, une année dure, avec le plus grand temps pour un vainqueur : 26h30, suivi de mes 27h40, et des 29h30 d’Arnaud Lejeune ! Seulement 3 coureurs en moins de 30 heures !!
Bizarrement, ce parcours n’a pas été réitéré.

Texte: Antoine Guillon
Photos: Pierre Marchal

   Envoyer l'article en PDF   

LAISSER UNE RÉPONSE

S'il vous plaît entrer votre commentaire!
Veuillez entrez votre nom ici