Le manager terrain de l’équipe de France, qui a conduit les qualifications olympiques sur les deux dernières saisons, est une référence à Teahupo’o où il a signé la plus belle victoire de sa longue carrière en 2015. Pour Jérémy Florès, les chances de médailles françaises aux Jeux de Paris 2024 sont bien évidemment réelles. Mais le fin tacticien préfère ranger les tricolores dans la catégorie des outsiders. La compétition est prévue aux meilleurs des quatre jours du samedi 27 juillet au dimanche 4 août.
Les Jeux Olympiques
« Les JO sont uniques, ce n’est qu’une fois tous les quatre ans. En plus ici, à Tahiti, on représente la France son pays. Il faut profiter de ces moments. Respirer. Il y a les entraînements, les résultats, tout ça compte évidemment. Mais il ne faut jamais oublier d’où on vient, qui on est. Il faut voir la fierté des familles derrière chaque athlète. C’est un sacrifice pour eux depuis tout jeune d’être au plus haut niveau. Ils ont cette opportunité de se faire plaisir et de rendre fiers leur famille, leurs amis, leur pays. Maintenant, c’est à eux de surfer sur les vagues. On espère seulement qu’on aura de bonnes vagues ces prochains jours. »
La vague de Teahupo’o
« C’est un spot très spécial. Pour plusieurs raisons. La vague est extraordinaire. C’est une, voire la plus belle vague au monde. La plus extrême, la plus dangereuse, et en même temps la plus magnifique. C’est du récif. Il y a énormément d’énergie sur cette vague qui ne pardonne pas, qui est très dangereuse et qui en même temps est parfaite. Avec, à la clé, sûrement la vague de sa vie. J’ai une relation particulière avec ce spot depuis les premières fois où je suis venu. J’ai eu les meilleurs résultats de ma carrière à chaque fois que je suis venu ici. J’avais les bonnes vagues, je prenais beaucoup de plaisir. Le surf de haut niveau, c’est beaucoup de stratégies et beaucoup de stress alors que je n’ai jamais ressenti ça à Teahupo’o. J’ai toujours respecté cette vague et je pense que ça me l’a souvent rendu. Dans mes performances et dans mes résultats. Je pense que si tu respectes la vague, la vague te respectera en retour. »
Les ambitions de la France
« Nous ne sommes pas là pour faire de la figuration. Il y a eu beaucoup de travail ces dernières années, qui s’est intensifié ces derniers mois, voire ces dernières semaines. On a un groupe magnifique. Avec une cohésion incroyable. On a quatre surfeurs très complémentaires qui représentent nos territoires métropolitains et ultramarins avec les Landes, la Réunion et Tahiti. C’est ce qui fait la beauté de de la France.
On a eu deux années intenses de qualifications olympiques, et on est allé chercher notre force dans ces compétitions marathons que sont les Mondiaux de l’ISA (la fédération internationale). Ça a été dur, compliqué. Ça a forgé un groupe. Qui a pris de la confiance.
Mon message est vraiment de vivre le moment à fond. Et ne rien lâcher. Tout donner jusqu’au bout pour pouvoir faire quelque chose de grand. Et d’historique. »
Que faire pour gagner ici
« Quand on surfe ici, on sait que c’est puissant. La vague et l’énergie que les lieux dégagent. Il y a beaucoup de bons surfeurs. Celui qui va gagner les Jeux, c’est celui qui aura la meilleure connexion avec le spot. Bien sûr, la technique, le physique, le mental comptent. Mais il faut savoir écouter les bonnes énergies pour faire quelque chose de grand. Et ça, ils le ressentent. Je leur ai dit : aller humer cet air. »
Le soutien du public
« Les compétitions sont spéciales ici. Toute la population est derrière l’équipe de France. On le ressent. C’est beau. Ça donne des frissons. Ces moments sont rares. Il y a une belle ferveur. Les Jeux à Tahiti, c’est dingue. On voit toutes les familles d’ici qui sont à fond, même les gens qui ne connaissent rien au surf et qui sont là pour pousser derrière nous. »
Le programme de la semaine
« On a des entraînements officiels avec des horaires à respecter. On est sur de la répétition. Le gros du travail a été fait. Les derniers réglages portent sur le choix des planches. Il faut aussi bien manger, bien dormir. Savoir rester simple. »
L’enjeu des Jeux
« C’est du sport de haut niveau, la pression va forcément monter. Je leur dis juste de profiter et d’aller prendre du plaisir dans les vagues quand ça va commencer. Le surf est un sport magnifique car on va avant tout s’amuser dans l’océan. »
La France est-elle l’équipe à battre ?
« Oui et non. On est plutôt des challengers. Les Australiens, les Américains, les Brésiliens, c’est eux qui gagnent pratiquement tout. Mais nous, les Français, on est capable de faire des grandes choses. On est à la maison, et on a cette chance de pouvoir vivre les Jeux à domicile. Ça n’arrive qu’une fois dans une vie. Sur le papier, on est des outsiders. On est là pour créer la surprise. On veut juste montrer qu’on peut battre tout le monde. En tout cas, on a une équipe complète, avec des profils différents. Je suis fier d’eux. Elle a de la « gueule » cette équipe ! »
L’état d’esprit du groupe
« Tout se passe bien. Ils sont heureux d’être ici. Le plus dur a déjà été fait. Maintenant, ce sont juste des détails, les derniers réglages comme je le disais. Les Français sont en forme, ils font partie des meilleurs. Mais il faut garder la tête froide, rester vigilant. »
Johanne Defay
« Elle est Top 5 depuis des années. De loin, la N.1 française. Elle a des capacités physiques impressionnantes. C’est une des surfeuses les plus puissantes sur le tour. Elle connaît bien le récif, elle vient de la Réunion. Elle ne craint pas ces vagues là et son point fort c’est le surf de dos sur une vague comme Teahupo’o. »
Vahine Fierro
« C’est la reine de Teahupo’o. Pour plusieurs raisons : c’est la meilleure femme au monde sur ce spot quand il y a des grosses vagues. Elle a montré un spectacle incroyable il y a deux mois ici. Elle a marqué l’histoire. Elle est très proche de la nature, elle est très simple. Elle a un côté spirituel qui est magnifique à voir. Et c’est aussi une machine de compétition, capable de surfer des vagues au fin de l’Europe aussi bien qu’à Tahiti. »
Kauli Vaast
« Le jeune de l’équipe. Très complet déjà. Il sait surfer les plus grosses vagues jamais prises à Teahupo’o comme faire des manoeuvres aériennes dans des vagues toutes petites. Il est très impressionnant. Il est aussi la joie de vivre, il fait rire le groupe. »
Joan Duru
« C’est le capitaine. Il est le plus expérimenté. Le tube est son point fort. Il est très complet, il sait parfaitement s’adapter à toutes les conditions. Il est très physique aussi. Il est dingue de sport, il fait du vélo, du ju-jitsu. C’est un athlète complet. »
Photo ISA / Beatriz Ryder