Le confinement imposé par le coronavirus n’a finalement pas mis totalement hors jeu le sport favori de beaucoup d’entre nous : le football. A défaut de pouvoir fouler le rectangle vert avec leurs joueurs, des coachs ont trouvé la parade. Christian Puxel est de ceux-là. Invité régulièrement à La Réunion pour délivrer des séances de haute volée à des licenciés de clubs, c’est depuis la métropole qu’il dispense ses précieux conseils. Ancien formateur à l’INSEP, plus précisément au Pôle France féminin de la FFF, il nous explique le système D qu’il a mis en place pour permettre au foot de continuer, en attendant la reprise des sports collectifs à un horizon toujours inconnu.
Le confinement vous a incité à imaginer des séances vidéo d’un nouveau genre. Expliquez-nous ce que vous proposez aux jeunes sportifs réunionnais ?
C’est même un peu plus large que ça. Confinement oblige, j’ai mis en place des séances de visioconférence. Ce sont des modules de formation avec toute une partie théorique sur l’entraînement du gardien de but. Avec ensuite un travail thématique : technique, athlétique, préparation mentale, maîtrise du corps, acrobaties. On fait vraiment le tour de tout ce qui concerne le poste de gardien de but. On le fait pour des élèves âgés entre 8 à 23 ans. Ce travail se fait par catégorie d’âges.
Comment se présentent concrètement ces séances ?
Elles durent une heure et demie environ chacune, et il y en a dix en tout. Il y a entre 5 et dix élèves par séance. On est tous en visio. Au cours des séances, on travaille sur des visuels qui nous permettent de faire des commentaires sur les différents gestes à réaliser. En fin de séance, un forum avec des questions et des réponses peuvent profiter à tout le monde. Il y a aussi une approche délivrée en préparation mentale avec là aussi des séances pratiques. On peut le faire même avec la visio !
Quelle interface utilisez-vous ?
Je me suis mis à la plateforme Zoom et WhatsApp pour les questions. Ça permet à chacun de voir les questions des autres, donc c’est très interactif. Et je pense que c’est un outil de travail qui est amené à se développer. Les conditions font que nous avons été obligés de l’utiliser, mais ça promet. C’est un outil très intéressant pour combler la distance.
Comment les stagiaires peuvent-ils concrétiser les gestes appris en visio et surtout vous les montrer ?
Je tiens compte de leur espace et du matériel dont chacun dispose. Ont-ils un petit jardin ? Si c’est le cas, c’est amplement suffisant. Il faut être lucide, si c’est quelqu’un qui vit en appartement, non ! Mais pour tous ceux qui ont une petite cour, c’est déjà suffisant. On fait beaucoup de travail de mobilité, de renforcement musculaire, un combiné avec des prises de balle par exemple. C’est une individualisation et une adaptation permanente aux conditions de travail de chacun.
Généralement, c’est le papa qui filme la séquence ou quelqu’un de la famille. Ils me l’envoient en vidéo et je la regarde. Je leur fais alors un débriefing lors de la prochaine séance et leur délivre les points à corriger avec des envois de photos en WhatsApp, si besoin, si ça n’a pas été assimilé.
Ce n’est pas un cours magistral, il s’agit d’un cours en direct avec de l’interaction. Ce qui est intéressant c’est que dans les modules, un gardien peut analyser la prestation d’un autre élève afin de développer son esprit critique. Il n’y a rien de pire que d’attendre le “oui-oui” de l’acquiescement permanent. “Tu me dis ‘oui’, mais je veux savoir si tu as compris”, c’est ça le but de ces séances. Au niveau du coaching, ce qui est bien, c’est que je vois l’évolution et les jeunes et leurs parents le voient aussi. Après un tour de table avec mes stagiaires, ma foi, la perception en est très positive. Ça m’encourage à persévérer dans cette voie.
Mais rien ne remplace le terrain. Pour moi c’est une première étape. La seconde étant d’être sur le terrain avec eux, et d’apporter du geste et de la parole à ce qui a été appris en ligne au travers d’un regroupement, d’un stage de formation sur un stade. Il y a une richesse d’interactions très intéressante, mais le terrain demeure incontournable.
Vous intervenez pour des groupes de jeunes licenciés en clubs à La Réunion, mais pas seulement.
Je suis formateur à l’international. Au moment du confinement, je revenais par exemple du Vietnam. En formation à distance depuis quelques jours, j’ai à la fois des joueurs de France métropole, des Réunionnais, des joueurs de Madagascar, mais aussi un groupe d’Algériens qui va venir sur une formation bientôt. C’est donc très international !
Ludovic GRONDIN
Photo Pierre MARCHAL