Si les quatre français sont passés, accédant par la même occasion aux huitièmes de finale, cela n’a pas été évident. Des vagues très moyennes, ne permettant pas d’exploiter tout leur talent, les surfeurs français ont dû pour deux d’entre eux passer par la case repêchage. Lundi est un autre jour, et espérons que la houle tant attendue sera de la partie. Petit tour d’horizon et réactions après cette première journée.

Michel Bourez (qualifié pour les 8es de finale) : « C’était un sacré stress, les vagues étaient assez compliquées. On a eu de toutes petites conditions. J’ai fait ma série comme il fallait. J’ai pris deux bonnes vagues. A la fin, j’ai été marquer l’Allemand qui était 3e, et qui était dangereux. Il ne fallait pas qu’il puisse prendre une dernière bonne vague. C’était quand même une sacré galère ces vagues… Heureusement, mes planches marchent très bien et j’ai bien choisi mes dérives aussi. J’ai fait la meilleure combinaison dans le choix de mon matériel pour ces conditions toujours très petites. Les vagues vont grossir d’ici ce soir et je vais évidemment changer mon matériel pour la suite de la compétition (demain, ndlr). Je n’attends que ça : que la houle arrive et que je puisse montrer le meilleur de moi-même. Ma première série aux Jeux Olympiques ? Je n’étais pas stressé avant d’aller à l’eau. Motivé oui. La cérémonie avec une présentation des athlètes et un départ de la plage sont nouveaux pour nous mais ça ne change rien, j’ai l’habitude des compétitions de haut niveau. Non, je n’ai pas eu le cœur qui battait plus vite (sourire). Et pis, on est tellement dans notre bulle ici, loin du Village olympique, qu’on ne se rend pas totalement compte de la grandeur de l’événement. »

Johanne Defay (qualifiée pour les 8es de finale) : « Ça y est ! On y est (sourire). Encore une fois, toutes ces procédures font qu’on se sent vraiment dans les Jeux. C’est différent du tour pro. Mais une fois dans l’eau, c’est la même chose que sur toutes les compétitions. Je suis super contente de passer ce 1er tour. Les conditions sont légèrement plus grosses qu’à l’entraînement tout au long de la semaine, mais il y a pas mal de vent et c’est assez difficile de trouver les bonnes vagues. Avec le vent, il y a aussi beaucoup de clapots, et les vagues s’écrasent très vite. Mais quitte à choisir, je préfère ces conditions, les vagues sont plus puissantes. En tout cas, la première série, c’est fait ! J’avais lu des choses avant de partir comme quoi j’avais une série facile. Je pensais l’inverse. Amuro (Tsuzuki, ndlr) est chez elle, sur ses vagues, et elle est très compétitive. Tatiana (Weston-Webb) est très forte dans ces conditions, elle est toujours très consistante. Et Sofia (Mulanovich) est capable de choses grandioses aussi. Je m’attendais à tout. Je me suis concentrée sur moi, pas sur mes adversaires. J’ai pu surfer toutes mes planches et particulièrement celles des petites vagues encore ce matin avant la compétition. Puis je suis rentrée à l’hôtel, j’ai fait mon échauffement avec mon coach et je suis revenue sur le site une petite heure avant de passer. La cérémonie et le départ de la plage ? Ça ne m’a pas perturbée, au contraire, j’ai plutôt apprécié. Je vais voir si je reste sur la plage pour supporter Jérémy (Flores) et Pauline (Ado) qui sont en repêchages (cet après-midi, ndlr). Je suis assez fatiguée car comme j’étais bien hier, j’ai pas mal poussé à l’entraînement. Du coup, je vais vraiment récupérer pour être au top demain pour les 8es. »

Jérémy Florès (qualifié pour les 8es de finale) : « J’ai essayé de ne pas baisser les bras. J’ai tendance à perdre ma motivation quand les vagues sont comme ça. J’étais très déçu après le premier tour. Il y a tellement de pression autour des JO. Ça fait 20 ans que je fais des compétitions et j’ai rarement senti autant de pression. Il y a tellement de médias, tellement d’attente chez les gens qui te supportent, que tu veux bien faire. Ce matin, je suis passé complètement à côté de ma série. Du coup, j’ai dû me reprendre, je suis reparti dans ma chambre à l’hôtel, je me suis mis dans ma bulle. C’est sûrement ma dernière année en compétition ; je ne sais pas combien de séries il me reste encore à faire. En tout cas, c’est une des dernières fois que je surfe dans ce genre de vague (rires). Et tant qu’à faire, autant se donner au maximum. Ce sont les Jeux, il faut que je me donne les moyens d’être à mon meilleur niveau dans ces vagues. Je ne suis pas favori dans ces conditions, ce n’est pas nouveau. Je suis conscient que c’est mon point faible ce genre de vagues. Je suis allé chercher ma qualification au plus profond de moi. J’étais avec mon père avant la série et il m’a dit “il ne te reste plus beaucoup d’occasions dans ta carrière, ça serait dommage que ça se termine maintenant. » Je suis content de ce que je viens de faire dans ces vagues. Si ça avait été une compétition du tour pro, comme en Australie en début d’année, j’aurais sans doute baissé les bras. Là c’était impossible, j’ai voulu montrer du caractère pour me remettre dans la compétition. On devait avoir des vagues aujourd’hui et ce n’est pas vraiment rentré. J’espère qu’il y en aura vraiment demain. Ça sera une série difficile (contre l’Australien Owen Wright, ndlr) mais j’aurais plus de chances de montrer mon meilleur niveau s’il y a de la taille. C’est vrai que la présentation avant d’aller à l’eau avec la caméra qui te suit de très près, c’est marrant comme ambiance. Difficile de se prendre au sérieux en tout cas. Mais c’est cool ! C’est une bonne expérience. J’ai tout vécu dans le surf, tous les styles de format. Mais une série à 5 avec un beach start, ça jamais (rires). »

Pauline Ado (qualifiée pour les 8es de finale) : « J’ai eu un premier tour mitigé. J’étais tendue. Je n’ai qu’une seule bonne vague, pas de deuxième. En repêchages, dans une série à 5, c’était l’inconnu. Je m’étais dit qu’il fallait que je sois plus active et que je surfe plus relâchée. Je n’ai pas eu des scores de fous mais ça suffit pour passer en 8es, surtout dans ces conditions un peu compliquées. C’est sûr qu’en allant en repêchages, on n’a pas envie de sortir si tôt. On y pense mais ce qui a dominé chez moi est que je n’étais pas contente de certaines choses dans ma première série et je me suis focalisé là-dessus. J’ai plus bougé, j’ai été plus active que ce matin. J’ai moins patienté et j’ai pris plus de vagues. J’ai construit ma série comme ça. Sally (Fitzgibbons, son adversaire en 8es, ndlr) ? Oui, ça fait plus de 15 ans qu’on se côtoie en compétitions. Je l’avais battu en finale d’un championnat du monde en 2004 la toute première fois qu’on s’est affrontées. Il va falloir que je m’en souvienne (rires) ! Sally est une compétitrice très régulière. On le sait. A moi de faire les bons choix et d’être en forme demain. De toute façon, il n’y a que des gros morceaux en 8es. J’en avais conscience. Je me focalise sur moi, oui. Mais parfois, des adversaires plus impressionnantes que d’autres peuvent aussi passer à côté surtout dans des conditions compliquées. Tout le monde est capable de faire des gros scores. D’autres plus régulièrement. Sally ou une autre, finalement c’est pareil. »

Patrick Florès (entraîneur principal ) : « C’était une journée compliquée, pas pour Johanne Defay ni pour Michel Bourez. Johanne n’est pas n.2 mondiale pour rien. Elle a vraiment bien surfé. Elle monte en régime. Elle l’a montré par rapport à ces vagues-là. C’était une série facile pour elle et tant mieux car elle est une vraie chance de médaille, il faut qu’elle y croit jusqu’au bout.  Michel ? Le spartan, le guerrier. Les gens pensaient qu’avec son gabarit il ne serait pas à l’aise. C’est un warrior, ils a volé sur les vagues. Il veut gagner. Il est là pour ça. Il adapte toujours son surf aux conditions. Il s’est allégé tout en gardant sa puissance. Michel a contré l’Allemand (Leon Glatzer, ndlr) avec son style de puriste. Les conditions attendues n’étaient pas là. On imaginait plutôt un début de compétition lundi, mais il a été décidé que ce serait donc aujourd’hui. C’était de la loterie dans ces petites vagues. C’est là qu’il faut savoir “tenir” les surfeurs en difficulté. C’est le rôle du staff et le mien : savoir les remotiver, trouver les mots justes, les remettre dedans. Ça va vite, tout peut s’arrêter très vite. Une série à 5 dans ces conditions, ils n’en vivent plus depuis l’âge de 10 ans. J’ai demandé à Pauline de verticaliser son surf, de mettre plus de rythme. A Jérémy, je lui ai dit de croire en sa planche et d’y aller. De surfer pour ces vagues là, pas pour celles qu’il aurait aimé avoir. pIl lui fallait faire voir aux juges qu’il est bon là-dedans aussi. Avoir un mélange d’efficacité et s’adapter aux conditions du moment. Cette compétition n’est pas dans le registre habituel des étapes du world tour. On ne va dès fois qu’une fois dans sa vie aux Jeux. Finir dernier, ce n’est pas bon pour le CV (rires). Il fallait que tous les quatre avancent. Ne serait-ce que d’être en 8es c’est déjà très beau. Il va u avoir des séries superbes en man on man. Et on est dedans ! » 

Texte et photos FFS

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