Parti patraque – grippe manifestement chopée dans la foule de Saint-Pierre le mercredi matin -, ayant opéré une mise sur orbite correcte jusque Cilaos (72 km et 4000 D+), ce qui me permettait d’oublier ces problèmes de barrières horaires qui font tant jaser -, j’ai géré la suite en mode rando (98 km et 6500 D+). Cette option raisonnable pour mon état fiévreux – j’avais déjà connu cette situation en pire lors de l’édition 2015, c’est intégré à mon « expérience » : ne pas monter en température interne quand celle du dehors se fait écrasante -, m’a amené, en décrochant au classement – ça aussi, ce fut déjà expérimenté l’édition 2007 -, à côtoyer des raideurs plus causants, cependant que dans le premier tiers jusque Cilaos, c’était plutôt l’individualisme muet du compétiteur contemporain… Danyel Waro, reviens !

Patrick Montel aime à restituer, en fin de parcours, l’état d’esprit des “survivants” ayant passé 3 nuits dehors ; avec un dénominateur commun : le dépassement héroïque de soi dans la souffrance, ce qui ne me concerne pas. J’aurai pour ma part, particulièrement apprécié :
– L’histoire émouvante de Pierre Audin, un « enfant de la Creuse » comme on le dit de ceux qui furent arrachés jeunes à leur île, y revenant pour un bel accomplissement, Finisher de la Diagonale. Quelle authentique résilience !
– Les retrouvailles de la doyenne Odyle Monteils, avec le jeune Julien Vitry qu’elle aida à terminer sa course sur l’édition 2006, dont elle fut elle-même vaillante Finisher à 61 ans.
– Quelques encouragements qui comptent singulièrement pour moi tel celui de Margaux Teyssèdre avec laquelle je m’étais retrouvé sur une fin de Diagonale, une Dame de Cœur qui avait fait preuve d’un courage remarquable à la terminer.
– La discussion avec l’ancien Secrétaire Général de l’association Grand Raid, l’universitaire Michel Pousse, sous la longue présidence de l’avocat Robert Chicaud, 2 grands hommes qui ont intelligemment construit la Diagonale ; la rituelle rencontre d’un autre sérial-traileur averti, privé cette année de Diag’, Antoine Guillon ; l’Artiste plasticien international, membre actif de l’association GRR, Bernard Rebatet ; et tant d’autres personnes qui donnent au GRR un supplément d’âme…
– Le dévouement pour le bien des coureurs d’une bénévole de Grand-Place-les-Bas, m’ayant expliqué être consciente que les soupes pouvaient manquer de consistance pour aller à Roche-Plate (section éprouvante de l’épreuve), et s’étant mise un point d’honneur à disposer, sans discontinuité, de purée/jambon.
– La présence active du Directeur de course, expert du terrain, vainqueur de l’édition 2007, guide de montagne, homme de grande valeur, grâce à qui de gros progrès ont déjà été réalisés cette année ; outre un balisage plus sûr, – mieux matérialisé, lisible, signalant les obstacles -, une harmonisation des barrières horaires, notamment dans Mafate, aura permis un taux d’abandons très abaissé, – près de 6% en moins ! – alors que la chaleur accablante sur toute la course aurait pu provoquer tout le contraire… (Reste le chantier – multifactoriel – de la séquence entre les modalités de remise des dossards et l’amont des bouchons, où je ne doute pas que soient mis dans les rouages, un peu de bons sens et d’humain…)
– La venue à La Redoute de l’illustre clown Totophe, connu pour ré-enchanter les milieux carencés, refaire sourire les enfants malades, remettre un peu de solidarité enjouée dans les problématiques sociales, notre Coluche local, pour passer la ligne d’arrivée parmi les derniers, déguisé en fleur solaire de tournesol – nous prenant sous ses feuilles, Emmanuel Faucon et moi, en chasubles de Finisher, non moins jaunes que ses pétales, de Finisher -, afin de symboliser la joyeuse fraternité entre tous, coureurs, organisateurs, public… Ce que Ludovic Collet, la voix planétaire du trail, n’a pas manqué de saisir.
Ayant eu ainsi plus de temps pour penser à l’évolution du GRR depuis 1989, aurai-je continué mon petit bonhomme de chemin en dinosaure sur cette 35ème année en Diagonale, 30ème édition associative, validant mon “contrôle technique” 2023 par un « service minimum », adapté aux circonstances…
Dans la confrérie des « sérial-traileurs multiraidicivistes », une pensée particulière pour l’ami Jean Pierre Hoareau, alias « Tête chou », inscrit mais empêché cette année ; le classement du nombre de fois Finisher réactualisé : Daniel Guyot, 28 ; Jean Christophe Pitarque, 24 ; Charles Hoarau, 24 ; Jean Pierre Hoareau, 21. A noter la belle récidive de l’ami breton Thierry Gallou, 15 GRR depuis 2005, rejoignant celle, au top niveau dans une force tranquille, d’Antoine Guillon : 15 GRR depuis 2007, malencontreusement forfait juste avant cette édition suite à sa chute en reco Kalla… Bonne consolidation à lui ; bonne récupération aux autres.
Merci à l’association Grand Raid, à tous les bénévoles, au public, et Grand Bravo à tous les traileurs.

Texte et photos : Daniel Guyot

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Daniel Guyot
Daniel Guyot est le recordman absolu en termes de Diagonales achevées. En trente ans de grandes traversées depuis la Marche des Cimes, il est le trailer le plus assidu. A 60 ans, Daniel Guyot aura passé la moitié de son existence à courir après celle qui affole son palpitant depuis trois décennies. Une certaine Dame Diagonale. L'histoire de La Réunion étant intimement liée à celle de la Bretagne depuis les origines, il n'est finalement pas si étonnant que ça qu'un Breton le soit également à celles du Grand Raid.

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